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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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19 octobre 2007

Appel pour le Nouveau Témoignage Chrétien

L’ampleur des mutations qui affectent nos sociétés nous amène à exprimer un nouveau témoignage chrétien. La question de Jésus à ses disciples nous est à nouveau posée : « Pour vous qui suis-je ? » Chrétiens, attachés à la dignité de la personne humaine, quelles résolutions pouvons-nous prendre à l’écoute de sa force d’interpellation ?

Ni lointain référent culturel ni vague doctrine consensuelle ou traité de morale à l’usage des familles, notre christianisme s’inscrit dans l’histoire. Il est témoignage. Il est promesse. Il est réponse à l’action de l’Esprit dans la vie concrète des hommes. Nous refusons un christianisme qui se servirait de Dieu pour l’opposer à la liberté des hommes. Nous ne souhaitons pas non plus le réduire à un enclos spirituel, voué à panser les plaies d'une société libérale incapable d'offrir à l’homme d'autres dimensions qu'économiques et privées.

Notre témoignage chrétien se reconnaît dans le combat républicain et démocrate de Marc Sangnier et du Sillon, dans l’engagement personnaliste d'Emmanuel Mounier, dans la résistance spirituelle et active de Pierre Chaillet, de Dietrich Bonhoeffer et de Martin Niemoller face au nazisme, dans les ouvertures théologiques d'un Marie-Dominique Chenu, d'un Yves Congar, d’un Henri de Lubac, pionniers du Concile Vatican II. Grâce à eux et à une multitude de chrétiens de par le monde, l'Eglise catholique a entrepris un retour critique sur son passé, elle a acquiescé à la valeur de la démocratie, affirmé que la paix était inséparable de la justice, noué des liens d'estime et de réflexion avec les autres chrétiens et les autres religions du monde. Nous ne réduisons pas les Eglises à des institutions, et encore moins à des institutions comme les autres, et leur réforme concerne autant les membres que la tête. Nous sommes convaincus que le vent de la démocratie doit aussi souffler à l’intérieur des Eglises et que leur crédibilité dépend notamment d’évolutions internes : égalité entre les femmes et les hommes pour tous les services et toutes les responsabilités, préférence pour la consultation et le dialogue contre la tentation permanente de l’autoritarisme et du cléricalisme.

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à de nouveaux défis. La mondialisation économique et culturelle, les conséquences inédites de l'activité industrielle sur la survie de la planète, le développement des connaissances scientifiques et de la société de l'information bousculent l'activité des hommes, bouleversent l’équilibre des sociétés et vont jusqu’à fragiliser les définitions reçues de notre espèce humaine. Nous vivons une mutation qui doit être maîtrisée. Cela suppose le refus du relativisme, où chacun ignore l’autre pour feindre de le tolérer. Cela exige de susciter des individualités, chacun devenant responsable et actif pour son frère et que soit affirmée la volonté de vivre ensemble en société. Catholiques, protestants et orthodoxes, nous voulons, dans un monde à la fois inventif et frileux, riche de possibilités et générateur de misères d’autant plus intolérables, apporter notre contribution au renouveau de la vie démocratique menacée par l'hégémonie de la marchandise et la dictature de la technique. Les comportements consuméristes et individualistes étouffent les conduites civiques et l’être social, ils rétrécissent l’espace public. Contre les cyniques et les nihilistes, nous affirmons que les changements personnels conditionnent tout changement. Dans cette perspective, voici quelques gestes qui nous paraissent essentiels.

Le christianisme, pas plus que d'autres religions, n'a pas vocation à proposer des solutions toutes faites aux problèmes de la société, encore moins à se substituer à la délibération des citoyens. Mais nous estimons cependant que dans le cadre d'une société laïque, les chrétiens, inspirés par leur tradition spirituelle et se référant explicitement à celle-ci, ont vocation, comme les croyants des autres religions, à ouvrir des espaces de débat et à proposer des repères éthiques qui enrichissent le lien social et la citoyenneté.

Séparer le religieux du politique - démarche indispensable - ne doit pas conduire à ignorer la place des croyants dans la construction de la démocratie.

Dans nos sociétés, les inégalités de revenus et de statut ainsi que la précarité sociale grandissent. Alors que le temps passé à produire des biens se réduit, les uns subissent des rythmes de travail éprouvants et les autres le chômage. L'égale dignité de chacun doit conduire à imaginer les conditions d'un travail assuré et d’une formation pour tous. Si le marché doit jouer son rôle de stimulant de l'activité humaine, l'homme ne se résume pas à des indices économiques.

Nous vivons un temps d'interrogation sur les formes et la nature de la démocratie. La représentation politique et la délégation aux élus, quoique nécessaires, ne suffisent plus. Face à la complexité du monde, une société de la connaissance ne peut pas reposer sur un seul type d'expertise. Le risque existe que la rationalité scientifique et économique abstraite cohabite avec des fondamentalismes et des poussées irrationnelles de tous ordres, mettant en péril la délibération démocratique. Confronter les connaissances des experts et les savoirs nés de l'expérience de tous, y compris des plus pauvres, conditionne la solution des problèmes de la vie sociale et la paix dans la Cité.

4. Résister à une mondialisation livrée à la loi du marché et expérimenter dès aujourd'hui en Europe une autre mondialisation, fondée sur la sauvegarde de l’environnement, le codéveloppement et la diversité culturelle.

Le cours actuel de la mondialisation des échanges conduit à des inégalités de revenus et de conditions de vie insupportables pour plusieurs milliards d'êtres humains. Or l'humanité dispose des moyens permettant d'assurer à tous de quoi manger à sa faim et vivre décemment. Des réformes sont nécessaires et doivent se fonder sur des principes et des expériences égalitaires entre les peuples de la planète. Il faut reprendre la critique de notre mode de vie, basé sur la surconsommation des ressources de la Terre, et inventer des échanges fondés sur le partage, l'offre technologique et l'hybridation des cultures. La mondialisation peut alors devenir une chance pour l’humanité. Dans ce contexte, la construction d’une Europe unie, porteuse d’un projet économique et social solidaire et d’une volonté de coopération avec les autres peuples de la planète, est une priorité absolue.

5. Résister aux tentations xénophobes fondées sur la guerre des cultures et des civilisations, promouvoir une culture de paix par le dialogue avec les autres religions et avec les hommes et les femmes sans religion.

La crise sociale, les conflits internationaux non résolus, et au premier rang celui qui oppose Israéliens et Palestiniens, les stratégies terroristes, les dangers d'un monde "unipolaire", l’instrumentalisation nationaliste des religions nourrissent la xénophobie et banalisent la haine de l'autre. La foi au Dieu unique, fondement commun des religions abrahamiques, devrait pourtant conduire à affirmer l'égalité foncière de chaque humain et à bannir l’antisémitisme, l’antijudaïsme et l’islamophobie. La paix ne dépend pas des seuls croyants, mais il n'y aura pas de paix si les croyants ne sont pas en paix entre eux.

Affronter les défis qui précèdent n'est pas la mission exclusive des chrétiens. Notre témoignage est commun à beaucoup d’autres. Nous disons simplement que la confiance que nous plaçons dans le Christ nous invite à renverser les perspectives, à refuser l’idolâtrie de l'argent, la confiscation des pouvoirs et la transmission élitiste des savoirs. Nous croyons que l’utilité du témoignage chrétien est aussi de continuer à poser la question de Dieu dans la société actuelle, non pour l’imposer mais pour le proposer comme une invitation à vivre la fraternité, à dire le mystère de l’homme traversé par le mal et sauvé par l’amour.

Nous avons le désir de vivre dans un monde où une démocratie de fraternité sera suscitée et vécue avec intensité par le plus grand nombre.

« Pour vous qui suis-je ? » Désignant le captif Jésus, flagellé et couronné d’épines, Pilate a déjà répondu pour nous : « Voici l’homme ! » L'humanité de l'homme doit être honorée dans toutes ses dimensions : elle se traduit par sa capacité à recevoir et à transmettre le meilleur de l'héritage du passé ; elle s'exprime aussi, pour le présent, par sa faculté à imaginer des institutions justes et à fonder ses actes sur l’amour qui transcende toute existence ; elle a enfin la capacité de nourrir des utopies et d’accueillir une espérance.

Nous croyons en un avenir fraternel.

ILS ONT SIGNE L'APPEL POUR LE NOUVEAU TEMOIGNAGE CHRETIEN

(Sur http://abiven.yohann.neuf.fr/sommaire.htm)

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3. Résister à la technocratisation de la vie en société, à la banalisation de la misère et de l’injustice qui prive des millions d’êtres humains des droits les plus élémentaires. Inventer une démocratie participative fondée sur le partage des savoirs et des pouvoirs.

2. Résister à l’individualisme, inventer de nouvelles relations entre l’individuel et le collectif. Résister à la marchandisation du temps et des corps, inventer des espaces qui permettent à chacun de devenir sujet et auteur de sa vie.

1. Résister au communautarisme, dévoiement de la communauté, qui voudrait voir la religion régir la vie en société, et au laïcisme intransigeant qui cantonne la religion dans la sphère privée. Il s’agit d’inventer les conditions d'un vivre ensemble dans la Cité.

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