Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A l'indépendant
Publicité
  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
Newsletter
Archives
Visiteurs
Depuis la création 420 671
30 mars 2008

Présentation du christianisme par le Père Cardonnel

JC2« [...] J’ai la conviction que très vite, tout est récupéré par un appareil, par une doctrine, par une bureaucratie, par un certain nombre de castes, par, globalement, ce qui me sera permis d’appeler l’ordre public. Qu’il me soit permis de fournir un certain nombre d’exemples. Chacun peut découvrir, est à même de savoir que d’Augustin on a fait un Augustinien, de Thomas d’Aquin on a fait un Thomiste, de Descartes un Cartésien, de Marx, évidemment on a fait un Marxiste, de Freud, on a fait un Freudien, et ce que je trouve particulièrement grave, c’est que de Jésus-Christ, on ait fait un chrétien ; et par-dessus le marché un bon chrétien, c’est-à-dire un être assez docile. [...]

Pour moi non pas le christianisme mais Jésus-Christ n’est pas une religion ; c’est-à-dire ne consiste en rien en un culte, en une manière extérieure et intérieure d’honorer une divinité, celle-là fut-elle regardée comme La divinité, comme le Dieu Tout-Puissant. Ce n’est donc pas une religion, mais alors que sera Jésus-Christ ? [...]

Et bien l’Evangile, d’après l’étymologie grecque, c’est simplement une bonne nouvelle et non pas une bonne nouvelle parmi d’autres, non point une bonne nouvelle pour un groupe social, non point une bonne nouvelle pour une tranche d’humanité, pour un siècle, pour un pays, mais la « Bonne Nouvelle », la Bonne Nouvelle destinée à la joie, à l’épanouissement, à la dilatation de tous les hommes, de tous les peuples, de tous les points de l’espace et de tous les siècles, c’est-à-dire que cette Bonne Nouvelle, l’Evangile, destinée à donc nous dilater, c’est la libération des hommes par rapport à tout ce qui les écrase ; par rapport, là j’emploie à dessein l’expression qui a été diffusée par Marx et Engels, la libération des hommes par rapport à tout ce qui les aliène, par rapport à tout ce qui les rend étrangers à eux-mêmes, non point seulement vis-à-vis des forces extérieures d’oppression, mais vis-à-vis des racines de complicité intérieures [...]

Ce que recommande Jésus-Christ, et ce qu’il traduit dans sa vie, c’est l’exigence de l’amour fraternel. [...]

La passion centrale pour Jésus-Christ c’est que tous les hommes deviennent proches de tout homme. [...]. Renoncez à tout ce que vous possédez. [...] Alors là, je trouve que cette parole a une actualité prodigieuse au moment où les sociétés révolutionnaires commencent, ou du moins celles qui veulent l’être, veulent aller au-delà de la condition nécessaire d’une révolution, à savoir la collectivisation des moyens de production et commencent à se demander comme à Cuba, par exemple, s’il ne faut pas aller jusqu’à l’abolition des stimulants matériels, c’est-à-dire de l’appétit d’appropriation. [...]

On croit volontiers que pour être chrétien, il faudrait commencer par croire à l’existence de Dieu. [...] Par le fait que Jésus-Christ dit : "Il faut renoncer à tous les rapports de puissance, renoncer à tout ce que vous possédez", ce qui fait que j’adhère à lui, c’est qu’il me délivre du poids de Dieu. [...] Je dis que Jésus-Christ pour moi, c’est l’athée de tous les dieux, c’est l’athée de cet être qui cautionne toutes les formes d’oppression et c’est la libération de l’homme appelé à être le proche de l’homme, ce que, dans la forme de leur temps, les pères de l’Eglise traduisaient ainsi : "Dieu devient homme pour que les hommes deviennent Dieu". [...]

Je cite des exemples précis : si nous pensons à l’Amérique latine, si nous pensons à un pays que je connais beaucoup comme le Brésil dont vous savez quelle est sa situation à l’heure actuelle, en quoi va consister notre amour des latifundiaires, des grands propriétaires ou des colonels ? Et bien je dirai que la dialectique de l’amour des ennemis, de l’amour des puissants, de l’amour des riches va consister en ceci : les aider à se libérer du fardeau de la puissance et du pouvoir. [...]

Lorsqu’on dit : "les gens heureux n’ont pas d’histoire"... Et pourquoi n’en n’auraient-ils pas une ? Pourquoi l’histoire comme telle serait liée au malheur ? [...] Il y a là toute une philosophie sous-jacente à la vie quotidienne et je suis persuadé qu’elle est sécrétée par le type de rapports de classes que nous vivons. [...]

La seule question de l’ordre d’urgence c’est la mise en oeuvre d’une action et d’une action de dimension internationale pour que s’écroulent les barrières entre les hommes et pour que l’homme soit proche de l’homme. [...]

Quand on me demandait tout à l’heure : "Pour moi, qu’est-ce que cette présence du Christ", je ne peux trouver d’autres manières de l’exprimer aujourd’hui que le grand mot d’ordre du mois de mai 1968 : "C’est l’imagination qui prend le pouvoir". [...] »

http://docshistoire.canalblog.com/

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Dans "j'accuse l'Eglise", publié il y a 10 ans, Jean Cardonnel se demandait si l'Eglise du Vatican, avec à sa tête un vrai souverain, de plus en plus pontife, est encore l'Eglise du Christ, le refuge des humbles? L'a-t-elle jamais vraiment été, depuis que l'empereur Constantin a fait du christianisme une religion du pouvoir?<br /> <br /> Jean Cardonnel, parce qu'il l'aime, accuse l'Eglise d'être infidèle à sa vocation. Dans un style flamboyant, il dénonce la collusion du Saint-Siège avec les pouvoirs, depuis l'époque où l'Eglise défendait les négriers plutôt que les esclaves jusqu'aux déclarations conservatrices de Jean-Paul II, en passant par les lamentables "silences" de Pie XII. L'Eglise du Saint-Siège aurait-elle remplacé la Croix du Fils de l'Homme par un morceau de bois en forme d'épée?
Répondre
Publicité