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1 septembre 2008

Dérive populiste de gauche et dérive populiste d'extrême droite

Les troubles qui ont lieu de temps en temps dans nos banlieues nous font rappeler celles, de novembre 2005. On se souvient que les militants de gauche s'étaient une fois de plus divisés à cette occasion.

Les uns, imbus d'un marxisme superficiel et appauvri, dérivant vers un populisme classique, ont justifié et souvent soutenu, les incendiaires de gymnases, d'écoles et de voitures, sous prétexte que ces jeunes subissent effectivement une double discrimination ethnique et sociale, et que le chômage fait des ravages parmi eux. Ils avaient cependant fait fi du fait que les premières victimes de ces troubles sont en majorité des gens de conditions modestes, dont un grand nombre de familles immigrées. Mais eux, qu'auraient-ils fait, si des émeutiers avaient brûlé leurs véhicules en stationnement devant le lycée de banlieue où ils vont enseigner ?

Les autres, ultra-minoritaires au sein de la gauche laïque, qui, sous prétexte de défendre le juste droit de nos concitoyens à la sécurité, se sont mis à appeler à la seule répression des émeutiers, dans la pure tradition de la droite.

Leur position consiste à ne mettre en avant que les conséquences de ces émeutes. Jamais les causes aussi ! Comme l'a toujours fait la droite et l'extrême droite contre les ouvriers, les couches populaires et les immigrés italiens, polonais, espagnoles, maghrébins en vue d?empêcher la prise de conscience des causes véritables, de culpabiliser leurs propres victimes et de coaliser l'opinion contre eux. Sachant que pour une partie de ces militants- et une partie seulement- en proie à un populisme xénophobe, banlieues signifient immigrés musulmans et immigrés Noirs qu'ils abhorrent.

Ce n'est plus un secret (sauf pour les intéressés eux-mêmes) que ce groupe suscite un rejet grandissant depuis quelques temps de la part de la gauche laïque et antiraciste, principalement -mais pas seulement- parce qu'il ne cesse, depuis des années, mais aujourd'hui à visage de plus en plus découvert, à s'en pendre aux immigrés vivant régulièrement et paisiblement en France, en usant au besoin d'arguments qu'ils ramassent dans les poubelles de l'extrême droite, arguments qu'ils tentent cependant de camoufler derrière un discours « savant » ou un marxisme vulgaire.

Cela rappelle aux laïques des pays arabes, communistes ou démocrates, les dirigeants, pourtant modernistes et séculiers, qui faisaient de l'islamisme, sans les islamistes, persuadés à tort, qu'ils couperont ainsi l'herbe sous les pieds de ces derniers.

La vision unilatérale des premiers comme celle des seconds sont indigentes, et n'ont rien de gauche, ni de scientifique.

Comme si la dénonciation de l'ostracisme anti-immigrés était contradictoire avec, au minimum la condamnation des destructions ; d'autant plus que se sont souvent les caïds de la drogue et du bisness douteux qui ont joué un rôle non seulement de catalyseurs, mais aussi de meneurs dans ces émeutes, afin de maintenir des zones de non-droit propices à leurs trafics en tout genre.

Ce n'est pas vrai, s'insurgent ces sectateurs, la grande majorité des jeunes qui ont été arrêtés se sont révélés être des mineurs et sans antécédents judiciaires. Ils semblent ignorer que les délinquants ne se laissent pas facilement arrêter dans de pareils troubles, tant ils sont rompus à la guérilla avec les représentants de l'autorité. Ne s'agit-il pas mieux d'éradiquer, par aussi bien la répression que la pédagogie, les tendances nihilistes de ces jeunes émeutiers, que des voyous avaient réussi à entraîner, et de s'efforcer de les canaliser vers des formes de luttes modernes, saines et bien plus efficaces ?

Quant à la minorité de laïques xénophobes, ils sont, comme les premiers, parfois tout aussi bardés de diplômes, auteurs de plusieurs ouvrages et cumulant des années, voire des dizaines d'années de militantisme à gauche, est-ce si difficile pour eux de réclamer tout à la fois un traitement symptomatique de cette crise, y compris un juste châtiment des auteurs de destructions, à un traitement de fond des problèmes socio-économiques et de l'échec scolaire massif auxquels sont en buttes les habitants de ces quartiers, en particuliers les immigrés ? Mais c'est justement ce dont ils ne veulent pas entendre parler.

Hakim Arabdiou

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