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14 mai 2009

Pour une pédagogie des échanges scolaires, par Luc Collès (Première partie)

Les échanges scolaires sont nés d’une option idéologique qui présuppose que la connaissance directe d’autres arts de faire et de dire permet de mieux connaître et de mieux comprendre à la fois sa propre culture et celle des autres.

1.   Des ambitions très claires, mais souvent revues à la baisse

Pour le Conseil de l'Europe, « La pédagogie des échanges scolaires est une pédagogie de la rencontre de deux (ou de plusieurs) systèmes éducatifs ayant ses propres valeurs, ses propres fins et ses propres modes de fonctionnement, dans le but de créer  un espace pédagogique nouveau, pluriréférentiel où, à travers une mise en relation de systèmes uniréférentiels, les acteurs apprennent à agir adéquatement en développant les facultés de la négociation, de l'interaction et de la coopération dans un esprit de parité et de réciprocité » ( in Se rencontrer pour se former, se former à se rencontrer. La pédagogie des échanges, buts et moyen de la formation des enseignants, GREFES/AEDE, Conseil de l’Europe, p.7 )  

Relativisme culturel

Les enjeux de pareilles orientations sont donc clairement précisés: l’élève et l’enseignant qui réalisent un échange scolaire découvrent la relativité de leur culture et de leurs valeurs, c’est-à-dire des fondements mêmes de leurs pensées et de leurs attitudes; une telle expérience leur fait prendre conscience du réseau de relations conventionnelles qui les entourent et les amène progressivement à accepter et à comprendre un ensemble culturel qui n’est pas le leur.   Autrement dit, l’échange permet de dépasser le malaise ou l’effet déstabilisant que peut avoir la rencontre avec l’autre du fait de la perception des différences  qui gouvernent nos comportements.  C’est l’analyse culturelle conçue sous le mode du dialogue qui engendrera le sens du relativisme et de l’ouverture à l’altérité, bases mêmes de la tolérance.

Remise en cause

Tels sont donc les principes et les intentions.  Mais, depuis plusieurs années, ce relativisme culturel, clairement affiché par les promoteurs, semble implicitement remis en question -  ou du moins atténué -  par certains discours politiques et médiatiques : ceux-ci soulignent plutôt les affinités et les nombreux liens qui existent entre les différentes cultures européennes.

De ce fait, on tend à faire des échanges entre pays européens, des rencontres entre voisins plutôt qu’entre étrangers.  Donc, dans ce cas, c’est surtout l’immersion, le « bain » linguistique, le souci de pratiquer la langue étrangère qui motivera les échanges.  L’enseignement des langues étrangères contribue d’ailleurs au même effet: poursuivant souvent des finalités que je qualifierais de fonctionnelles ou d’utilitaire, il tend à plonger l’élève dans un univers fictif et rassurant, peuplé d’individus qui, certes, parlent une autre langue, mais qui, à quelques détails près, ont les mêmes comportements et les mêmes références culturelles que lui.

Deux exemples

Evoluant donc dans un tel environnement, l’élève tend à penser que la différence entre les pays européens est avant tout une affaire de mots et non pas une affaire de comportement ou d’idées. C’est ainsi que, relatant un échange entre des étudiants français et des étudiants allemands - tous spécialistes de langues étrangères, mais n’ayant bénéficié d’aucune préparation pédagogique à l’échange - Sylvianne Leoni, professeur à l’Université de Trieste, souligne le fait que ses étudiants ont eu la sensation d’évoluer dans l’identité plutôt que dans l’altérité.  De même, s’agissant de séjours d’étudiants français en Italie, toujours dans le cadre d’échanges européens, elle fait remarquer qu’une particularité de la culture italienne a souvent échappé aux étudiants français, à savoir la personnalisation des relations individuelles.

Dans un tel contexte relationnel, une attitude réservée, considérée comme tout à fait normale en France, peut être interprétée en Italie comme une forme de dédain et donc entraîner une réaction de rejet.  Or, à travers ces malentendus, ce n’est pas seulement une sympathie personnelle qui est en jeu, mais – je le crois très profondément – une autre manière de concevoir le rapport à l’autre tant dans le domaine privé que dans le domaine public.

En outre, seul un nombre limité d’étudiants s’est aperçu que le concept de laïcité, très important en France,  était loin de jouer le même rôle en Italie où les références à la religion catholique sont fortement présentes en particulier dans le système éducatif au sein duquel – vous le savez – est dispensé un enseignement religieux, et dans la presse, puisque « Famiglia cristiana » est l’hebdomadaire le plus vendu.  D’autres différences qui concernent une manière de concevoir le réel, le rapport aux autres et à soi-même avait aussi échappé aux étudiants.   

Dans un de ses articles, Sylvianne Leoni analyse les manuels et les instructions officielles relatives à l’art d’écrire en France comme en Italie.  Et elle observe que, dans les programmes français, c’est la raison qui domine :  il y est, par exemple, dit que «  le professeur contribue à la formation du jugement et de l’esprit critique en apprenant à dépasser les réactions spontanées » alors que, dans les programmes italiens, la créativité n’est pas du tout seconde par rapport à la rationalité, mais elle devient, au contraire, l’expression d’un épanouissement à la fois humain et intellectuel de l’enfant.

A travers toutes les différences que Sylvianne Leoni enregistre, ce sont donc deux cultures qui s’affirment et qui se transmettent.  D’un côté, l’esprit cartésien qui décrypte et qui ordonne le vécu à partir d’un modèle de pensée préexistant et, de l’autre, un esprit plus spontanéiste pour lequel l’interaction entre une individualité et un contexte extérieur constitue le cadre de référence du pensable.

Or, lors de leur séjour en Italie, les étudiants français n’ont pas du tout perçu que la spontanéité des Italiens était l’expression d’un autre rapport au monde.  D’une manière générale, dans les échanges européens, les différences les plus visibles (comme le nombre impair de bisous qui a la faveur en Belgique alors que c’est plutôt un nombre pair qui aurait la faveur en France ou bien le fait qu’en Espagne on en arrive plus facilement à se tutoyer qu’en France ou en Belgique ) sont ressenties, en général, comme purement superficielles, pour ne pas dire folkloriques.  Ce qui est donc prégnant ici, ce que je voudrais mettre en évidence, c’est  l’illusion d’un certain cosmopolitisme.

Une telle conviction n’évite pas pour autant les malentendus.  Mais les erreurs d’incompréhension seront alors attribuées au caractère de la personne qui est censée en être la cause et non à la différence de culture entre les protagonistes. Cette attitude ne favorise donc pas une véritable compréhension de l’autre.

2.  De la nécessité d’une pédagogie interculturelle  

Si l’on veut, en effet, promouvoir une véritable compréhension de l’autre et permettre donc de réels rapprochements entre les peuples, il me semble que c’est à la philosophie initiale des échanges qu’il convient de revenir et de s’attacher, c’est-à-dire à leur finalité et à leurs modalités interculturelles. 

Les malentendus

Le contact profond avec des étrangers impose, en effet, qu’on soit initié aux principales composantes du système culturel auquel on sera confronté.  La prévention des malentendus est à ce prix, la réaction spontanée étant toujours d’appliquer à des signes étrangers les repères de sa propre culture : si  deux personnes d’une même culture peuvent très facilement interpréter les comportements, les silences, les gestes, les mimiques de leur interlocuteur, deux autres, issus de cultures différentes, ne le peuvent pas.  Pire : si elles croient reconnaître un signe familier, celui-ci peut signifier exactement l’inverse. 

La langue maternelle construit le réel

Dans le cadre de la coopération pédagogique, les malentendus peuvent encore revêtir une ampleur d’un autre ordre et donner lieu alors à des discours tout à fait inappropriés.

-         Tous les enseignants mesurent-ils, par exemple, l’importance de la langue maternelle sur la construction du réel ?  Ainsi, un certain nombre de langues n’ont pas le même vocabulaire en ce qui concerne les couleurs.  Dès lors, leurs locuteurs peuvent ne pas manipuler les couleurs de la même manière.

-         Tous les enseignants savent-ils que l’apprentissage de notre langue maternelle,  concomitant de notre découverte du monde et de notre développement cognitif, donne naissance à des cribles qui sont autant de filtres qui rendent difficile l’intégration des phonèmes de la langue étrangère, mais aussi des traits morpho-syntaxiques spécifiques à cette langue.

-          Savons-nous tous que des cultures différentes n’articulent pas nécessairement de la même manière les relations entre « concurrence » et « coopération » ?  Entre « imitation » et « originalité » ?  Entre « écoute » et « prise de parole » ?  Est-ce que nous en tenons suffisamment compte dans les échanges que nous organisons ? 

Cette formation interculturelle devrait d’ailleurs, à mon sens, être assurée à tous les enseignants : même si on n’envisage pas de partir à l’étranger, la composition socioculturelle de bon nombre de nos classes est suffisamment hétérogène pour rendre cette formation nécessaire.

Ainsi, même si nous tombons d’accord sur ce qu’il faut apprendre en deçà des Pyrénées et au-delà, nous avons à prendre conscience qu’on n’apprend pas nécessairement de la même manière dans les deux cas : « Si tu veux enseigner les mathématiques à Roberto, il faut non seulement connaître les mathématiques, mais il faut aussi connaître Roberto et son ancrage socioculturel. »

La communication interculturelle doit donc être un axe important de notre enseignement et des échanges que nous organisons.

3. 

La Communication interculturelle

Culture et communication 

Pour définir la culture, je reprends la définition qu’en donnent les anthropologues américains Edward Thomas Hall et son épouse Mildred Reed: « La culture est un système développé par l’être humain pour créer, émettre, conserver et traiter  l’information, système qui le différencie des autres êtres vivants. » Des termes comme normes de valeurs, normes de comportement, normes de création matérielle, tradition, coutume, habitude se trouvent également coiffés dans cette perspective anthropologique par le mot « culture ».

La personne qui communique avec un étranger

-         doit avoir une idée assez claire des différences culturelles ( y compris des différences de systèmes éducatifs), politiques, sociales et économiques qui existent entre lui et son interlocuteur;

-         doit aussi savoir quels sont les obstacles à la communication et connaître les différents styles de négociation, d’interactions verbales;

-          il faut enfin qu’il dispose – et cela concerne les attitudes – d’une empathie assez grande pour se mettre à la place de l’autre, pour comprendre sa façon de penser et de sentir.

Bien sûr, dans le cadre de cette conférence, il ne me sera pas possible de vous fournir un guide  pour savoir comment communiquer avec un interlocuteur anglais, allemand, italien, français, etc…Tout au plus vais-je tenter de vous présenter un cadre de références qui devrait permettre à chacun de disposer des repères nécessaires en cas de contact avec d’autres Européens. 

« Le comportement d’une personne appartenant à une culture autre que la nôtre, écrivent les époux Hall, nous paraît souvent incompréhensible. Comme si ce comportement était, dans le meilleur des cas, prescrit par un code secret, impénétrable, que l’on nous cache soigneusement. Ce n’est que lorsque nous avons élaboré avec plus ou moins de succès notre propre grille de déchiffrage que le comportement de l’étranger devient parlant. » E.Th.HALL


Les composantes-clés d’une culture

En observant de façon très attentive la communication et l’interaction entre des personnes appartenant à des systèmes culturels différents, les anthropologues distinguent généralement une série de composantes qui constituent autant de paramètres dont il importe de prendre conscience et de tenir compte.  Je ne pourrais pas m’étendre sur tous ces paramètres ; je retiendrai surtout les deux principaux : le temps et l’espace.

LE TEMPS

A notre horloge biologique innée, se superpose une horloge culturelle qui, parce que chacun tend à la considérer comme universelle, est une source de malentendus dans les rapports humains.  Partant du principe que la perception du temps modèle la nature même des comportements, Hall a établi une distinction entre peuples monochrones et peuple polychrones.

Les monochrones

Comme le nom l’indique, ils ne font qu’une chose à la fois.

-         Leur vie est donc régie par les horaires, par l’agenda, les rendez-vous successifs ;

-         Ils distinguent généralement leur vie professionnelle et leur vie privée ;

-         Ils entretiennent, en général, peu de relations amicales avec leurs collègues ;

-         Ils sont en général aussi indifférents à leurs options politiques ;

-         Ils possèdent un sens aigu de la propriété.

Les polychrones

Au contraire, l’homme polychrone se caractérise par la multiplicité des activités exercées simultanément, mais il s’interrompt régulièrement dans ses tâches.

-         Il travaille de manière soutenue, mais brève ;

-         Il attache plus d’importance aux relations interpersonnelles qu’au respect d’un programme;

-         Le clivage est moins net entre relations personnelles et relations professionnelles;

-         Il est en interaction avec plusieurs personnes à la fois et, de ce fait, profondément impliqué dans les affaires des autres. 

En général, dans une société polychrone, tout le monde est submergé d’informations, tout le monde connaît tout le monde et la connaissance mutuelle des individus est extraordinairement développée.

Le rythme joue aussi un rôle constitutif dans l’organisation de la personnalité et de la société; il est vraisemblablement l’élément qui lie avec le plus de force les êtres humains entre eux : tout geste, tout mouvement corporel est porteur de rythme.  Mais aussi toute transaction, tout échange verbal.

La différence de rythme contribue à l’isolement de l’étranger et peut être à la base de difficultés relationnelles.  C’est pour cela qu’en général, je conseille toujours à des gens qui vont partir dans un pays étranger d’écouter la musique de ce pays, car souvent la musique de ce pays est porteuse du rythme des activités humaines de ses habitants.

Dans une société polychrone, les individus sont d’ailleurs généralement synchrones.

Les Occidentaux sont en général réputés plus rapides que les Orientaux ou que les Africains.  En fait, la réalité est beaucoup plus subtile. Ainsi, en Europe, Allemands et Français sont très différents du point de vue du rythme.  Les premiers se mettent au travail  à toute vitesse le matin; ils tiennent le même rythme jusqu’au milieu de l’après-midi et diminuent progressivement leurs activités jusqu’à 18h.  Le rythme des Français est diamétralement opposé : il connaît une accélération progressive au cours de la journée.

L’ESPACE

Les territoires du moi

A travers sa culture, l’homme marque et conserve un territoire dont il défend les frontières avec fermeté, pour ne pas dire avec agressivité dans certains cas.

L’espace est celui de la cuisine pour la ménagère, du bureau pour l’intellectuel, du potager du jardinier,…  Mais l’espace concerne aussi l’intimité de chaque individu, ce qu’on pourrait appeler les « territoires du moi ».

La méconnaissance des règles qui régissent l’espace de l’autre peut engendrer des conflits dont les touristes et les hommes d’affaires ont tous fait l’expérience: il ne suffit pas alors de faire preuve de tact, il faut apprendre ces règles d’autant moins évidentes qu’elles ne sont généralement écrites  nulle part.

                La proxémie

Se rattache aussi à la conception de l’espace la place que l’on accorde à l’autre lors des entrevues.  C’est ce qu’on appelle la proxémie ou la proxémique.

Les rapprochements et les écartements entre les interlocuteurs sont significatifs: ils reflètent l’état de leur relation.  Cela est vrai aussi à l’intérieur d’une culture, mais le problème est, qu’ici encore, les manières de se comporter et d’interpréter les faits n’est pas du tout universelles.  Pour convaincre, le méditerranéen a tendance à se rapprocher de son interlocuteur, à le toucher….Cette tactique sera très mal perçue, par exemple, par un interlocuteur britannique, pour qui la distance est plutôt une marque de respect de l’autre.


Quelques différences culturelles en général

En dehors des composantes-clés proposées par Hall, il existe bien d’autres paramètres qui permettent de contraster soit des cultures, soit des préjugés, soit des styles intellectuels.  Je les passerai en revue de façon succincte et schématique en me limitant aux Européens.

Pour les enseignants et les étudiants amenés à rencontrer des Européens d’autres pays, il s’agit – je le précise – de cadres conceptuels intéressants, mais il faudra pourtant les aborder avec beaucoup de prudence, car ces schémas ont un aspect également simplificateur.

Aucun pays ne possède des caractéristiques extrêmes; la plupart ayant des caractéristiques mixtes.  Donc, toute généralisation abusive risque de conduire à de fâcheux stéréotypes.

Plusieurs auteurs se livrent à des comparaisons de cultures européennes; elles sont généralement basées sur des enquêtes qualitatives auprès de consultants internationaux, auprès de familiers des questions interculturelles.



                             POINTS-CLEFS  DES

                                                Grille de

Tendance latine 

-raisonnement déductif

(les concepts d’abord)

-organisation polychronique (temps flexible,

exécution de tâches simultanées)

-communication implicite,  importance relative du non dit et du langage non verbal

-importance de la relation émotionnelle dans le travail

- orientation « être » :qualité de la vie,

consommer

-religion catholique

-formalisme élevé,protocole, rites, étiquettes

séparation « tu/vous »

-résistance au changement, conservateur

-hiérarchisation élevée, structure pyramidale,

autoritaire ; nombreux niveaux hiérarchiques,

faible mobilité sociale,

-importance du rôle des élites

-système d’éducation sélectif

-syndicat :

faible syndicalisation

idéologique

non intégré à la vie de l’entreprise

-flux de décisions, ordre

taille des entreprises

petites et moyennes dominante

-développement économique intermédiaire.  

CONTRASTES EUROPEENS 

Gauthet et Xardel ( 1990 ) 

Tendance anglo-saxonne 

-raisonnement inductif

(les faits d'abord)

-organisation monochronique

(respect du temps, exécution des tâches séquentielles)

-communication explicite, importance du langage verbal, concision dans les messages

-séparation travail, relations

- orientation « faire »: travailler dur pour réussir, épargner

-religion protestante

-formalisme faible

simplicité appréciée, pas de séparation « tu/vous »)

-faible résistance au changement , réformateur, sociale démocratie

-faible hiérarchisation, structure « râteau »,

participative, moindre nombre de niveaux,

forte mobilité sociale

-peu d’élites

-système d’éducation démocratique

-forte syndicalisation

pragmatique

intégré à la vie de l’entreprise

-débat

-grandes entreprises

N.B. :Il importe d’apporter une attitude critique par rapport à cette grille: ce sont des repères intéressants, mais, après tout, ce ne sont que des balises.

LES STYLES INTELLECTUELS

Une autre comparaison est établie par Galtung.  Celui-ci distingue plusieurs styles intellectuels qui ont chacun leur caractéristiques propres.

Le style teuton:

la construction logique de l’argumentaire est très importante.

Le style saxon:

orienté vers les faits, pragmatique : l’information, la documentation, les chiffres, les exemples sont appréciés dans un argumentaire. C’est un mode de raisonnement inductif.

Le style français et latin:

la façon de présenter les choses est importante; le mode de raisonnement est déductif ou conceptuel. 

Le style nippon, oriental, en général ( qui sort de notre propos européen ) :

un mode de raisonnement circulaire, une pensée centripète.

EX. : quand je pose une question à des étudiants issus de ces pays, ils donnent toujours l’impression de « tourner autour du pot » : ils définissent d’abord le cadre, le contexte de leurs réponses et puis, progressivement, ils en viennent au fait même de la question.  Donc la pensée orientale est vraiment centripète, alors que la pensée occidentale est plutôt centrifuge: nous allons droit au fait, puis nous expliquons, nous donnons le contexte.

Sommes-nous suffisamment attentifs à ces manières de concevoir le réel ?

Par ailleurs, certaines différences culturelles semblent aussi liées aux différents modèles d’entreprise ( le terme doit être pris au sens large : l’école, le système éducatif sont aussi des entreprises ). D’après les travaux de Hofstede aux Pays-Bas, on retrouve quatre types d’entreprise à travers le monde.

QUATRE MODELES D’ENTREPRISE

Le management (entreprises anglo-saxonnes):

importance des résultats, rapports hiérarchiques souples.

L’organisation (Allemagne): « bureaucratie huilée », faible distance hiérarchique et fort contrôle d'incertitude.

Le modèle direction (France): structure pyramidale , niveaux hiérarchiques nombreux, relations basées sur l'autorité.

La famille (Afrique, Asie, Moyen-Orient) : combine une orientation communautaire avec une forte distance hiérarchique et un faible contrôle d'incertitude.

DISTANCE HIERARCHIQUE

Distance hiérarchique courte.

EX : Autriche, Grande-Bretagne, Pays scandinaves, Allemagne

Les subordonnés ont de faibles besoins de dépendance.

Les supérieurs ont de faibles besoins de dépendance vis-à-vis de leurs propres supérieurs.

Les subordonnés s'attendent à ce que leurs supérieurs les consultent. Ils peuvent se rebeller et faire grève si leurs supérieurs sortent de leur rôle légitime.

Le supérieur idéal pour la plupart est un démocrate loyal

La loi et les règlements s'appliquent à tous, de la même façon. Il est inacceptable que les supérieurs puissent bénéficier de privilèges.

Les marques et symboles du rang social sont désapprouvés et seront fréquemment critiqués par les subordonnés.

Distance hiérarchique moyenne

EX : Etats-Unis, Japon

Les subordonnés ont des besoins moyens de dépendance.

Les supérieurs ont des besoins moyens de dépendance vis-à-vis de leurs propres supérieurs.

Les subordonnés s'attendent à ce que leurs supérieurs les consultent, mais ils acceptent cependant les comportements autoritaires.

Le supérieur idéal pour la plupart est un dé­mocrate débrouillard.

La loi et les règlements s'appliquent à tous, mais on considère comme normal que les supérieurs bénéficient de certains privilèges.

Les marques et symboles du rang social contribuent légèrement à l'autorité des chefs et sont acceptés par les subordonnés  

Grande distance

hiérarchique 

EX. : France et pays latins pays du Tiers monde

 

Les subordonnés ont de forts besoins de dépen­dance.

Les supérieurs ont de forts besoins de dépendance

vis-à-vis de leurs propres supérieurs.

Les subordonnés s’atten­dent à ce que leurs supérieurs agissent d'une façon autoritaire.

Le supérieur idéal pour la plupart est un auto­crate éclairé ou un bon père.

Tout le monde s'attend à

ce que les dirigeants puissent jouir de privi­lèges. Il y a des lois et règlements spécifiques pour les supérieurs et d'autres qui ne s'appliquent qu'aux subordonnés.

Les marques et symboles du rang socIal sont très importants. Ils renforcent l'autorité des su­périeurs.  

A SUIVRE

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