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24 juin 2009

Et si Dieu n'aimait pas les noirs ?

Serge Bilé, Ignace Audifafac, RECHERCHE VERITE SUR LA PLACE DU NEGRE DANS « L’EGLISE UNIVERSELLE »

Dans

ET SI DIEU N’AIMAIT PAS LES NOIRS ?ENQUETE SUR LE RACISME AUJOURD’HUI AU VATICAN

Pascal Galodé éditeurs, 2008, Saint-Malo, 120 p.

 

- Un prélat africain, Mgr Emery Kabongo, essaie de relativiser la persistance du racisme négrophobe dans l’Eglise catholique : « L’Eglise est une construction humaine, avec des gens qui viennent de partout et qui se rencontrent. Donc, s’il y a un groupe qui devient majoritaire, il y a danger qu’il porte ses propres conceptions, comme par exemple l’idée que les autres pourraient être inférieurs. » (p. 15) Il ne s’agit point d’infériorité statistique mais sociologique ; une race numériquement en régression constante conserve depuis deux millénaires la commande juste parce qu’elle a vissé l’élection du pape, la nomination des cardinaux, des nonces apostoliques, etc. (632 ans de papes italiens sans discontinuité).

 

- « [Au Vatican], tout ce que vous faites est jugé à partir de la couleur de votre peau « (p.24), témoigne Mgr Bernardin Gantin, le tout premier Noir à occuper une place dans la curie romaine en 1971.

 

- L’éternité du conservatisme aristocratique du catholicisme romain. Un indice : « la polémique qui a suivi le découpage du diocèse de Sao Paulo, divisé en cinq, dans le but non avoué d’affaiblir les partisans de la théologie de la libération, en morcelant leur influence. » p.25-26

 

- Racisme épidermique : « Le pire, c’est que l’on ne veut pas de nous, alors que les pays européens manque de prêtres. C’est un comble ! Et avec ça, on nous dit que l’Eglise est universelle. » p.32.

 

- La clochardisation des religieux en formation au Vatican : « Aujourd’hui, vous avez des instituts qui envoient des religieuses sur une simple promesse qu’elles recevront une bourse une fois sur place. Or quand les sœurs sont là, on ne donne rien. Parfois elles n’ont même pas de logement et sont obligées de se débrouiller. » p.37.

 

- L’exploitation éhontée de la misère entretenue des pays sous-développés : « C’est triste à dire, mais toutes les religieuses africaines que je connais, dans les congrégations ici, ne sont pas heureuses, parce qu’elles sont exploitées » p.39, témoigne sous anonymat une religieuse africaine vivant à Rome.

 

- « quand je vois ce qui se passe dans les couvents italiens, ça me fait pitié. Quel que soit votre niveau d’études, quand vous êtes noire, vous êtes toujours la dernière. Vous n’aurez jamais les mêmes chances qu’une religieuse blanchs de la même promotion, du même âge et de la même valeur que vous. » p.39.

 

- des religieuses aussi captives que les esclaves noirs dans les plantations du Nouveau Monde durant les siècles de braise : « Quand on vous appelle au commissariat pour retirer votre carte [de séjour], la mère supérieure vous accompagne. Une fois que vous avez signé le document, elle le prend et le garde. Ça se passe comme ça dans la plupart des congrégations […] Parce qu’elles  n’ont pas confiance, elles pensent qu’une fois que l’on a nos papiers, on va se sauver et quitter la congrégation» p.41.

 

- Que de servitude ! « Nous, on passe notre temps à laver et repasser. On s’occupe des personnes âgées. On les change, les douche, leur donne à manger […] On travaille de six heures du matin jusqu’à parfois vingt heures le soir […] Combien on gagne ? Vous plaisantez ? On ne nous paie pas. On est juste logées, nourries, blanchies. Et les sœurs européennes ? Pour elle, c’est différent. On leur donne quelque chose. C’est pareil pour les sœurs philippines. » p.42.

 

- Questions à une religieuse noire contrainte à la prostitution : « Que faites-vous de l’argent que vous donnent vos partenaires ? J’envoie tout au pays. Mes parents sont pauvres […] Y en a-t-il comme vous qui se prostituent ? Oui, beaucoup. On se connaît entre nous. Avez-vous déjà pratiqué la prostitution chez vous ? Non. Jamais.» p.45-46.

 

- « Si, comme cette religieuse, certaines font de la prostitution à leur corps défendant mais de leur propre chef, d’autres sont, en revanche, victimes de véritables réseaux qui les piègent, les livrent à des hommes et confisquent même le prix de leurs passes. » p.46.

 

- L’Afrique sous représentée dans la hiérarchie de l’Eglise : «  Regardez combien nous avons de cardinaux ! Même pas une vingtaine pour toute l’Afrique, quand les Italiens, seuls, en ont deux fois plus. Et sur près de deux cents cardinaux que compte l’Eglise, plus de la moitié sont européens. » p.53.

 

- La duplicité du Vatican : « Comment peut-on être crédible dans la dénonciation du racisme dans le monde, quand on n’a pas la volonté de le combattre dans sa propre maison ? » p.63 .

 

- Des papes ouvertement racistes ont émaillé l’histoire de l’Eglise. Le cas de Pie XII qui, le 26 janvier 1944, avait envoyé à l’état major allié un télégramme pour signifier son allergie à la présence des Noirs, même libérateurs, aux portes du Vatican : « Le pape espère qu’il n’y aura pas de soldats de couleur au sein des troupes alliées qui seront déployées à Rome après la libération. P.74.

 

- Le scandale féminin ne fait scandale que contre celui qui le laisse s’ébruiter : « Au Malawi, la supérieure générale d’une congrégation dont vingt-neuf religieuses ont été mise en ceinte par des prêtres, s’en est plainte auprès de son évêque : elle a  été démise de ses fonctions. » p. 82.

 

- Justification mythologique de l’esclavage des Noirs par une Eglise demeurée raciste. Le teint noir est un signe de malédiction de la descendance de Cham, fils de Noé : « Noé, qui rentre de sa ferme ivre mort, ôte ses vêtements parce qu’il a trop chaud et s’endort. Cham, son fils, entre à son tour sous la tente et découvre malheureusement la nudité de son père, lequel en l’apprenant à son réveil le maudi, et voue sa descendance à être à tout jamais « esclave » ». p.84.

 

- Des papes à l’avant-garde de la promotion du racisme : Nicolas V, comme pionnier et Pie IX comme théoricien : « L’esclavage en tant que tel, considéré dans sa nature fondamentale, n’est pas du tout contraire à la loi naturelle et divine. » p.91.

 

- « On verra même, en mars 1488, le pape Innocent VIII accepter du roi d’Espagne un cadeau de cent esclaves « avec des colliers de fer reliés par des chaînes ». Il s’empressa de les distribuer aux cardinaux et prêtres italiens, qui s’arrangeront de ne pas les baptiser afin de ne pas devoir les émanciper. » p.91-92.

 

- Racisme négrophobe en recyclage dans l’éducation des Noirs ; une chanson conçue par des religieuses belges pour de tout petits Congolais :

« O père Cham, qu’as-tu fait ?

Nous souffrons beaucoup

Par Dieu nous sommes punis

Durement sans pitié

La punition qu’il t’avait infligée

Est héritée par nous tous

Et maintenant nous sommes

Des esclaves sur terre. » p.93.

 

- Le catholicisme romain persiste et signe dans des manœuvres d’infériorisation du Noir malgré l’option de Jean-Paul II qui, à Gorée le 22 février 1992, « avait demandé pardon au nom de l’Eglise pour la traite négrière, cet « holocauste oublié », commis par « des personnes baptisées » qui ont réduit en esclavage les frères et les sœurs auxquels était destiné l’évangile de la liberté. » p.95.

 

- L’Eglise catholique, un forum politique international où l’Afrique est à l’étroit : « Un prêtre africain, qui le côtoyait au Vatican, dit que Gantin partait avec un gros handicap en 1978. « Pour devenir pape, il faut être porté à la fois par son pays et son continent. » p.100.

 

- « On n’a pas encore eu de pape africain, ni latino-américain, mais ça viendra. » Mgr Gantin, p.102

 

- Un pan masqué de l’Eglise cependant, des papes africains maquillés en Européens : « L’Afrique a déjà donné, dans un lointain  passé, trois pontifes à l’Eglise catholique : Victor 1er et Miltiades, originaires l’un et l’autre de l’Afrique du Nord, ainsi que Gélase 1er, né à Rome de parents africains. » p.106.

 

- « Si l’origine africaine de Victor 1er, Miltiades et Gélase 1er aujourd’hui ne fait aucun doute, leurs portraits officiels, sous les traits de papes blancs, sont en revanche contestés dans les communautés africaine, antillaises et afro-américaine, où l’on revendique haut et fort leur négritude. » p.108 .

 

- « Une falsification qui prend racine dans une vieille théorie, défendue par les théologiens de l’Antiquité, selon laquelle les Noirs sont nés blancs à l’origine, mais qu’ils ont changé de couleur du fait de leurs vices, et que seule une conversion au christianisme peut leur permettre de retrouver leur état et leur éclat premiers. » p.109-110.

 

- D’où « l’hostilité que n’a cessé de susciter l’idée d’un pape noir, au cours de ces dernières décennies, dans les capitales occidentales. » p.112.

 

- Relayant ainsi « la célèbre prophétie de Nostradamus qui avait, au XVè siècle, annoncé que l’avènement d’un pape noir serait le prélude à l’Apocalypse. » p.113.

 

- Des échos de cette flambée du racisme dans l’opinion publique italienne après l’élection d’une noire comme misse d’Italie en 1996. Une chanson à succès illustre la phobie collective :

« Et que le dernier pape de l’histoire

Débarquerait du continent noir

Un pape noir après Miss d’Italie ?

Mon Dieu ! Ce serait de la folie ! » p.113.

 

- Le plus probable, pour Jean-Marc Ela, est l’élection un jour d’un pape noir aliéné, sans aucun effet positif sur le destin des siens : « S’il y avait un pape noir, je craindrais qu’il n’y eût pas de changements spectaculaires, parce que les évêques et les cardinaux d’Afrique, en dehors de quelques exceptions, sont plus romains que les Romains. » p.116

 

Hilaire Sikounmo

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Commentaires
L
Cependant le raidissement conservateur de l'Eglise redonne des chances aux cardinaux africains, eux-mêmes souvent marqués par le conservatisme.<br /> <br /> Cela dit comme l'élection-prétexte d'Obama le prouve, le véritable fossé est entre riches et pauvres et non entre différentes races. Dans une certaine mesure la thèse du racisme arrange les affaires des Occidentaux car elle dissimule le problème de la richesse et de la complicité dans l'exploitation, et, surtout, il devient plus facile de se disculper du racisme à coups de grandes déclarations de sympathie vis-à-vis des noirs ou des Juifs. Autrement dit la vertu de BHL ne lui en "coûte" pas beaucoup.<br /> <br /> Par ailleurs je trouve très surprenant qu'on dénonce la connivence du clergé avec la bourgeoisie industrielle en Amérique du Sud et qu'on s'abstienne de la dénoncer en France même. C'est ce que j'appelle "le coup de Céline" : traduire régulièrement Céline devant le tribunal d'inquisition laïque pour mieux faire oublier la mise à disposition par les industriels français de leurs machines-outils.<br /> <br /> La phalange papiste en France est presque exclusivement constituée de journalistes gaullistes employés au "Figaro" ou à "Valeurs actuelles" qui répandent leur venin dans "Famille chrétienne", où j'ai pu lire (avant la crise) sous la plume d'un curé qu'aimer le capitalisme et la société de consommation est la condition "sine qua non" pour pouvoir s'aimer soi-même (malheureusement j'ai perdu la référence). L'année saint Paul a été l'occasion dans cette même gazette de transformer l'apôtre en marchand de tapis pénétré des valeurs sarkozystes ou à peu près (Père de la Menthière), alors même que tous les commentateurs un peu sérieux ont rapproché saint Paul de la mentalité grecque qui privilégie les loisirs sur le travail.<br /> Alors qu'il me paraissait difficile de voir le niveau intellectuel des catholiques français se dégrader encore tant il était bas il y a ne serait-ce que cinq ans, je constate que la phalange de Benoît XVI est parvenue à battre tous les records avec des gugusses comme Philippe Verdin, Mgr Ide (ou comment faire dire à Aristote exactement le contraire de ce qu'il dit), Gustave de Guillebon (le Grand Duduche à la sortie de la messe), etc.
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A
Que l'on soit ou non croyant, il est une évidence qui frappe très fort. D'une part il y a le dogme avec ses invraissemblances, ses mirages et ses quelques vérités non vérifiées, de l'autre, il y a l'église et ceux qui l'organisent et dont les buts sont essentiellement les mêmes que nos hommes politiques: conserver leurs prérogatives.<br /> Depuis la nuit des temps, le simple curé serre la main du bourgeois et ignore le pauvre à la sortie de la messe dominicale.
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