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26 juin 2009

Iran: attendre des jours qui chantent

Sollicitée de donner son avis sur la situation en Iran, une amie algérienne me communique ce texte:


Succinctement, car je ne suis pas au fait des détails, et puisque vous voulez mon avis, il me semble que cette histoire de trucage des élections au profit de Ahmadinejad est un montage pour la façade du système, un clin d’œil à « l’Occident démocratique ». L’opinion occidentale étant regardante sur la forme, et sensible au discours de l’opposition ; notamment de l’opposition démocratique vraie ou fausse.

 

Souvent installée en Occident, terre d’exil ou d’élection, cette dernière appelle à l’aide au nom des Droits de l’homme et de la Démocratie. Pour autant, l’ingérence directe ne s’impose en tant que « solution inévitable » que lorsque les intérêts occidentaux l’exigent et que l’ingérence indirecte s’avère insuffisamment opérationnelle ou gratifiante.

 

 Ahmadinejad  a  bien été élu à la majorité écrasante, à mon sens, même si  bourrage des urnes, il y’a eu.  Non seulement sur volonté du régime qui a mobilisé les moyens de sa politique. Mais aussi, et surtout, pour des raisons de compatibilité : les gens élisent ceux qui leur ressemblent, en lesquels ils se reconnaissent. Sens de l’égalité et respect de soi obligent.

En effet, Ahmadinejad parle, s’habille et vit comme le peuple. C'est-à-dire, simplement. Selon les infos officielles, bien entendu.

 

Il est aussi, un  héros national. Celui qui titille l’égo du plus commun des iraniens: ne défie t’il pas, les USA et Israël pour l’intérêt national  et la grandeur de l’Iran ? Il incarne ce sens du sacrifice que les iraniens  glorifient en Ali, promu Prophète par le chiisme,  et qui leur rend si facile le martyre. Disciplinés, ils le sont jusqu’au sacrifice suprême ;  tout comme Ahmadinejad, paraît l’être.

 

Quant à Moussavi, c’est un inconnu qu’on sort de l’ombre pour les besoins de la cause. Premier Ministre sous Khomeiny, il a depuis disparu de la scène publique. Son intronisation sert  à fabriquer un futur présidentiable, pour injecter du sang neuf dans un sérail connu pour ses frasques et sa corruption, et à jeter de la poudre aux yeux d’une opposition et d’un Occident, suspicieux. Naïve, la rue qui prend le mirage  pour la réalité, répond présente : c’est dans la misère et l’ignorance que la manipulation tourne à fond.

 

Par conséquent, les deux adversaires, animés l’un et l’autre par sa propre ambition  ne s’opposent, réellement pourrait-on dire, qu’à titre personnel.  Pour le reste, Ahmadinejad ou Moussavi, c’est du pareil au même.  Issus du système  du Bazar  et des Mollahs, ils portent, à quelques différences prés, le même projet de société et donc le même programme: pérenniser  l’ordre établi.

 

Ainsi, s’il est des  pays où  le culte du marché amalgamé aux Droits de l’homme a pignon sur rue, en Iran c’est  le culte de la religion qui est le chef de la sauce politique.

Dans ce pays multiethnique et multilingue, conservateur et rompu par choix politique, mais pas seulement, au sens du religieux  dans sa grande majorité, la religion est décrétée  source du code de conduite et du mode de gouvernance.  Elle est en ce sens  le facteur  principal  de légitimation  du régime et donc du  contrôle pour toujours plus de pouvoir.  C’est pourquoi, à l’intérieur comme à l’extérieur, tout se joue au nom de la religion !

 

 Pour rappel, l’empire Iranien  a constitué à partir du V e siècle avant ère, l’entité politique territoriale indo-européenne,  la  plus étendue de l’antiquité.   Le rêve de restaurer cet empire est plus que jamais présent. A défaut, devenir un partenaire géostratégique incontournable et décisif dans la gestion des affaires du monde.  Les stratégies :

 

1-Se proclamer champion et gendarme de l’Islam; accuser l’Occident, USA en tête de satanisme.

 

 2-Déstabiliser les pays du  Moyen- orient (Palestine, Syrie, Irak, Liban, pays du Golfe, Arabie Saoudite),  ceux de  l’Asie mineure et d’Asie (Turquie, Afghanistan, Pakistan, Inde, Chine, ex-Républiques soviétiques)  et autres (pays issus du démantèlement de l’ex- Yougoslavie).

Et ce, par la manipulation des groupes chiites ou islamistes qui s’y trouvent  et dont les stratégies et techniques  guerrières, importées ou imposées par la conjoncture, sont exportées et affinées ailleurs. Partout,  elles sont instrumentalisées à nouveau, les mollahs n’étant  pas les seuls à  rêver de grandeur.

 

3-Jouer la Carte  nucléaire, en tant que moyen de négociation avec les USA, car :

 -  Amis d’Israël, qui bien qu’extraordinairement armé, craint l’avènement dudit nucléaire à ses frontières.

- Et Puissance dominante dans la région où elle  détient le monopole sur le pétrole, entre autres. En sus, des  bases militaires.

 

4-Jouer la Carte du nucléaire, en tant que moyen de ralliement ou de dissuasion des arabes et musulmans, par rapport à  ses visées de leadership et d’expansion.

 

5 - User des épouvantails ou épées de Damoclès précédents pour colmater les fissures sociales, susciter l’union et préserver la stabilité au plan interne.  

 

Et si des iraniens, en nombre de plus en plus effarant, crèvent de misère et de maladie et que des jeunes, en nombre à donner le vertige, se droguent et s’intoxiquent, pour supporter malvie et chômage, alors que pays est classé 4e producteur de pétrole et 2e exportateur de l’OPEP, cela incombe au décret divin. Il n’y a pas de quoi s’alarmer, c’est leur inéluctable destin. Du point de vue d’une lecture fataliste et biaisée des textes fondateurs de l’Islam, c’est aussi clair.

 

En conclusion, Ahmadinejad  est effectivement, par conviction, démagogie ou inconscience,  l’homme qu’il faut pour le régime des mollahs. En digne héritier et représentant, il s’est brillamment illustré dans tous les segments  sus-cités du programme politique qu’il avait à charge de réaliser.  A l’exception des franges occidentalisées ou en accointance avec des régimes non amis,  il l’est aussi pour les iraniens qui ont voté pour lui, par conviction ou par crainte.

Quant au peuple  de façon générale, mûré dans la malvie et la pauvreté, il devra attendre des jours qui chantent. Qui  ne sont pas pour demain. Encore moins, le leadership ou la grandeur de l’Iran.

 Les uns et les autres  requièrent la participation réfléchie et active du peuple à la vie sociale et politique de la nation. Laquelle participation dépend de la valeur qu’on reconnait et du respect qu’on accorde au peuple et par delà, à tout être vivant, du dehors comme du dedans.

D. K

                                                                      

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