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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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17 juillet 2009

Foi et lutte des classes

Si un chrétien - en particulier - ou un croyant - en général - s'engage dans un combat de classe, ce n'est pas uniquement par intérêt de classe mais aussi et souvent surtout au nom de sa foi. Un communiste engagé dans le même combat est dans le même cas. Car le communiste n'obéit pas, pas plus que le chrétien, à une sorte d'instinct de classe, mais bien plutôt lui aussi à une sorte de "transcendance" qui lui fait espérer l'"impossible".

Le travailleur acquiert une conscience de classe en étant immergé dans le réel, mais le communiste ne devient tel que par un véritable "acte de foi", c'est-à-dire une rupture avec tout ce qui existe: quelque chose d'autre est possible qui n'est pas directement déductible du réel, appellons "transcendance" cette manifestation, de la subjectivité. Marx dirait peut-être "'impératif". Mais au-delà des termes cela est partagé par le chrétien pour lequel même la mort peut être vaincue - quelle rupture ! Le communisme peut être, doit être scientifique dans ses méthodes d'analyse du réel, mais il ne peut, il ne doit pas l'être (cf l'histoire du 20e siècle) dans la détermination de ses fins. Et c'est ici que la "transcendance" intervient.

Aragon, dans "De l'exactitude en poésie", écrivait: "Le rapport qui naît de la négation du réel par le merveilleux est essentiellement de caractère éthique, et le merveilleux est toujours la matérialisation d'un symbole moral en opposition violente avec la morale du monde au milieu duquel il surgit". Et plus loin, il décrit "ce qu'il y a de généreux, d'humain, dans cette foi divine...et qui est une conception de l'homme que peuvent avoir le communiste et le chrétien, mais le nazi jamais". Une conception commune qui fera dire au même Aragon dans "Le Fou d'Elsa": "Jean de la Croix tu n'es que le nom chrétien de tous ceux qui se damnent d'amour..."

Si le combat de classe suffisait à construire le communisme, ce dernier existerait déjà. Je ne fais pas mystère de la conviction qui est la mienne: le communisme ne naîtra que par une rencontre inédite avec la foi, qui n'est pas croyance superstitieuse en une toute puissance extérieure et supérieure aux hommes, mais capacité individuelle et collective (le "verbe" de la Bible) à créer l'avenir, qui ne se déduit pas du présent.

Révolution n'égale pas prospective positiviste. Toute vision mécaniste, réductrice, oublieuse d'une subjectivité humaine indépendante des strictes conditions matérielles, de la conscience de classe, de la façon dont elle nait et se déploie, ne peut conduire à "l'association libre de producteurs libres" - formule qui peut être considérée comme une ébauche de définition de la société communiste.

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