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30 octobre 2009

Le "pétainisme" et l'identité française

On peut décrire ainsi la situation subjective de notre pays: la désorientation des esprits, facteur d'impuissance, chemine de longue date, au moins depuis Mitterrand, savant organisateur de la confusion. Mais avec l'élection de Sarkozy, le ralliement des rats et l'inertie de tous, elle a enfin trouvé son symbole, les formes de rupture qui font désormais la loi de la situation...
Nous cherchons un élément analytique concernant la nature particulière de la désorientation des consciences, désorientation dont Sarkozy est le nom. Je voudrais sur ce point reprendre...une hypothèse qui énonce que cette désorientation, saisie dans sa dimension globale, son historicité, son intelligibilité, impose de remonter jusqu'à ce qu'on doit nommer son transcendantal pétainiste...

Je ne suis pas en train de dire que les circonstances ressemblent à la défaire de 1940, et que Sarkozy ressemble à Pétain. Pas du tout. Je dis que la subjectivité de masse qui porte Sarkozy au pouvoir, et soutient son action, trouve ses racines inconscientes, historico-nationales, dans le pétainisme. C'est ce que j'appelle un transcendantal: quelque chose qui, sans apparaître à la surface..., configure de loin, donne sa loi et son ordre, à une disposition collective...
Dans le cas de notre pays, nommer ce transcendantal "pétainiste" évite de le nommer, soit, faiblement, antidémocratique ou bonapartiste (ce sont des qualifications "de gauche"), soit de le qualifier de fasciste, ou de pré-fasciste, ce qui serait excessif, ultra-gauche.
Je propose de dire que "pétainiste" est le transcendantal, en France, des formes étatisées et catastrophiques de la désorientation...
Premièrement, la désorientation obtenue par le renversement explicite du contenu réel de l'action de l'Etat: révolution là où il y a réaction noire, régénération quand on capitule, nouvelle liberté quand on est au comble de la servilité. Deuxièmement, le thème antipolitique de la crise morale, qui accable le peuple, et donne les mains libres à l'Etat pour organiser de nouvelles formes de répression. Troisièmement, le motif de l'évènement néfaste, origine et symbole du déclin moral, évènement qui est toujours un épisode marquant des tentatives politiques ouvrières et populaires (Révolution dans sa phase robespierriste, Commune de Paris, Front Populaire, Mai 68). Quatrièmement, la fonction paradigmatique, la valeur de modèle du redressement, des figures les plus marquantes de l'extrême réaction à l'étranger. Cinquièmement, les différentes variantes de la supériorité de notre civilisation sur des populations étrangères (les Africains par exemple), mais aussi sur des "minorités" internes (les jeunes Arabes, par exemple).
Au vu de ces critères, nous dirons sans hésiter que Sarkozy relève du transcendantal pétainiste.

Alain Badiou, "De quoi Sarkozy est-il le nom ?", Editions Lignes, Extraits des chapitres cinq et six.

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Commentaires
F
A l'attention d'Alain Badiou.<br /> <br /> Je suis un peu plus âgé que vous et j'ai connu le pétainisme de l'intérieur, en raison des opinions frileuses de mes parents, d'autant plus inquiets qu'une recherche un peu poussée aurait pu faire apparaître quelques origines juives (par chance, ma grand-mère maternelle, née luxembourgeoise d'un ventre juif hongrois, a pris l'invitation à se dénoncer de l'automne 40 pour une provocation et s'est assise dessus. Et, elle, à la différence de sa fille (ma mère) et de son mari (patriote à deux sous), n'a jamais caché ce qu'elle pensait de Pétain. <br /> <br /> En revanche, quand vous évoquez mai 68, j'ai l'impression de ne pas avoir vécu la même chose que vous. J'ai été, alors, assez proche d'un certain nombre de "gauchistes" du genre Cause du Peuple, Humanité rouge, Tout, etc... Le fait qu'ils aient passé leur temps à se bouffer le nez n'a pas fait avancer d'un micro-pouce la cause de la Révolution. Qui plus est, nombre de "responsables" de ces mouvements ont fini par rentrer dans le range et par composer avec les pouvoirs en place. Je ne citerai aucun nom : ils sont sur toutes les lèvres.<br /> <br /> <br /> Je vis aujourd'hui en Ariège, terre acrate s'il en fut jamais, même si les primaires socialistes y ont plébiscité Hollande (non, je n'ai pas en vie d'en rire).<br /> <br /> Et je reste fidèle à Marcuse et à son concept de tolérance répressive. <br /> <br /> Toutefois, je vous remercie d'exister.
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