Marx anarchiste ? par Michel Peyret
C'est en tout cas la thèse que soutient Maximilien
Rubel.
Mais au diable les restrictions intellectuelles et place au débat, à
la confrontation d'idées, à la diversité , nécessaires pour procéder « à
l'étude concrète d'une situation concrète », selon la formule de Lénine, et
faire apparaître les contradictions qui la font se mouvoir. Et donnons, en l'occurrence, raison à Rubel qui illustre à souhait ses
constats et jugements relatifs au marxisme, selon lui et selon d'autres,
« Idéologie dominante d'une classe de maîtres qui a réussi à vider les
concepts de socialisme et de communisme, tels que Marx et ses précurseurs les
entendaient, de leur contenu originel, en leur substituant l'image d'une réalité
qui en est la totale négation. » UN MARXIEN CHEZ LES MARXISTES « Un marxien chez les marxistes, Maximilien Rubel », titre
pour sa part Patrice Beray, lequel rappelle que Karl Marx s'est défendu sur ses
vieux jours, alors que son oeuvre commençait à lui valoir des disciples, et à
nourrir les visées de révolutionnaires « professionnels », ou en voie
de le devenir, en affirmant pour son compte: « Tout ce que je sais,
c'est que moi je ne suis pas marxiste. » Et Patrice Beray, qui présente un ouvrage de Miguel Abensour et Louis
Janover consacré à Rubel, estime que nul autre que ce dernier n'a saisi la
portée de cri du coeur du penseur allemand. Il rappelle que né en 1905 dans l'ancienne Autriche-Hongrie, Rubel a
vêcu à Paris de 1931 à sa mort en 1996, est entré au CNRS en 1947, s'est livré à
des recherches érudites sur l'histoire du mouvement ouvrier, et s'est consacré
pendant plus de trente ans à l'édition des oeuvres de Marx dans La
Pléiade. « On lui doit, dit-il, une distinction radicale entre
« marxien » qui, comme le précisent les auteurs, se rapporte selon lui
exclusivement à l'oeuvre de Marx » et « marxiste » qui
« renvoie aux épigones de toutes sortes. » Il ajoute, et on conviendra que la distinction n'est pas mince au
regard de l'Histoire où les faits sont têtus, surtout quand ils ont fait
souffler un vent de désastre jusque sur l'utopie politique. Pour sa part, Maximilien Rubel pense, lui, et sans se limiter à cette
opinion, que les idées de Marx peuvent être efficaces aujourd'hui sur un autre
mode que celui d'un évangile politique pour régime totalitaire. CHEZ MARX, UNE ETHIQUE Une éthique? « Chez Marx, dit-il, il s'agit de l'impératif de supprimer toutes
les conditions dans lesquelles l'homme est un être humilié, asservi, abandonné
et méprisable. Cette préoccupation éthique traverse toute l'oeuvre, jusqu'au
Capital... « Marx condamnait trois formes de « despotisme »(le
terme de totalitarisme lui était inconnu ): en France, le bonapartisme, ce que
j'ai développé dans Marx devant le bonapartisme; en Allemagne, le prussianisme
et surtout, en Russie, le tsarisme. « Mais l'archétype, c'est bien le premier Napoléon, dont le
neveu, Napoléon III, n'est qu'une image affaiblie. « Dans la critique de ces trois genres d'absolutisme d'Etat, nous
avons déjà celle du totalitarisme moderne! La Russie étant le cible préférée.
N'a-t-on pas parlé de la « russophobie » de
Marx? » Au demeurant, Maximilien Rubel réfute les arguments de ceux qui
attribuent à son oeuvre une valeur exclusivement descriptive du capitalisme au
siècle dernier, la validité de sa pensée n'excédant pas les bornes de son
époque. Il répond par une sorte de paradoxe: « J'estime pour ma part, au contraire, que Marx est un penseur du
20eme siècle et non du 19eme. « Marx est même le seul penseur du 20eme siècle dans la mesure où
aucun de ses contemporains n'a laissé d'oeuvre utilisable, fut-ce au prix d'une
distorsion. « Ainsi n'y-a-t-il pas d'empire hégélien, alors qu'il existe
encore un empire marxiste, la Chine par exemple. « Ce qui s'est produit et s'est achevé avec l'URSS nous permet de
prendre conscience plus encore des deux menaces qui, selon Marx, pèsent toujours
sur le destin de l'humanité, par l'intermédiaire des armes de destruction
massive: l'Etat et le système capitaliste en cors de
mondialisation. » DEUX MENACES, L'ETAT ET LE CAPITAL Nous y sommes , les deux menaces, l'Etat et le système
capitaliste! Mais c'est dans « Marx, théoricien de l'anarchisme » que
Rubel appréhende la très profonde proximité qui est la sienne avec le contenu de
l'oeuvre de Marx en la matière et qu'il met en évidence combien il a été
desservi par des disciples qui n'ont réussi ni à dresser le bilan et les limites
de sa théorie, ni à en définir les nomes et le champ
d'application. « Le marxisme est né et s'est développé, dit-il, alors que
l'oeuvre de Marx n'était pas encore accessible dans son intégralité et que
d'importantes parties en étaient restées inédites. « Ainsi, le triomphe du marxisme comme doctrine d'Etat et
idéologie de parti a précédé de quelques décennies la divulgation des écrits où
Marx a exposé le plus clairement et le plus complètement les fondements
scientifiques et les intentions éthiques de sa théorie sociale. « Que des bouleversements profonds se soient produits sous
l'invocation d'une pensée dont les principes majeurs sont restés ignorés des
protagonistes du drame historique suffirait à montrer que le marxisme est le
plus grand, sinon le plus tragique, malentendu de ce
siècle. » Tirant toutefois « toute la couverture à lui », Maximilien
Rubel, s'il considère que Marx a eu peu de sympathie pour certains anarchistes,
et c'est effectivement le moins que l'on puisse dire, révèle que l'on ignore
généralement « qu'il n'en a pas moins partagé l'idéal et l'objectif: la
disparition de l'Etat. LA DISPARITION DE L'ETAT, UN IDEAL PARTAGE « Il convient donc de rappeler qu'en épousant la cause de
l'émancipation ouvrière, Marx s'est d'emblée situé dans la tradition de
l'anarchisme plutôt que dans celle du socialisme ou du
communisme. « Et lorsqu'il a finalement choisi de se dire communiste, cette
appellation ne désignait pas à ses yeux un des courants, alors existants, du
communisme, mais un mouvement de pensée et un mode d'action qu'il restait à
fonder en rassemblant tous les éléments révolutionnaires hérités des doctrines
existantes et des expériences de lutte du passé. » Aussi Rubel va tenter de montrer que, sous le vocable de communisme,
Marx a développé une théorie de l'anarchie. « Mieux, ajoute-t-il, qu'il fut, en réalité, le premier à jeter
les bases rationnelles de l'utopie anarchiste et à en définir un projet de
réalisation. » Son expérience personnelle de lutte pour la liberté de la presse en
Prusse l'amènent à s'interroger sur la vraie nature de l'Etat et sur la validité
rationnelle et éthique de la philosophie politique de Hegel. « Ce sera, dit-il, outre un travail inachevé et inédit, la
Critique de la philosophie hégélienne de l'Etat ( 1843 ), deux essais
polémiques: « Introduction à la critique hégélienne du droit » et
« A propos de la question juive » ( Paris, 1844 ). « Ces deux écrits constituent à vrai dire un seul manifeste où
Marx désigne une fois pour toutes et condamne sans restriction les deux
institutions sociales qu'il voit à l'origine des maux et des tares dont la
société moderne pâtit et dont elle pâtira aussi longtemps qu'une nouvelle
révolution ne viendra les abolir : l'Etat et l'Argent. LE PROLETARIAT MODERNE « Simultanément, Marx exalte la puissance qui, après avoir été la
principale victime de ces deux institutions, mettra fin à leur règne comme à
toute autre forme de domination de classe politique ou économique: le
prolétariat moderne. « L'auto-émancipation de ce prolétariat, c'est l'émancipation
universelle de l'homme, c'est après la perte totale de l'homme, la conquête
totale de l'homme... » Evoquant les principales différences qui caractérisent les conceptions
réciproques de Marx et de Proudhon: « A la morale réaliste de Proudhon, cherchant à sauver « le
bon côté » des institutions bourgeoises, Marx oppose l'éthique d'une utopie
dont les exigences sont à la mesure des possibilités offertes par une science et
une technique suffisamment développées pour subvenir aux besoins de
l'espèce. « A un anarchisme tout aussi respectueux de la pluralité des
classes et des catégories sociales que favorable à la division du travail et
hostile à l'associationnisme prôné par les utopistes, Marx oppose un anarchisme
négateur de classes sociales et de la division du travail, un communisme qui
reprend à son compte tout ce qui, dans le communisme utopique, pourrait être
réalisé par un prolétariat conscient de son rôle émancipateur et maître des
forces productives... » DEUX TYPES D'ANARCHISME, UNE FINALITE COMMUNE Et pourtant, en dépit de ces voies divergentes, les deux types
d'anarchisme se réclament d'une finalité commune, celle que le Manifeste
communiste a défini en ces termes: « L'ancienne bourgeoisie avec ses classes et ses antagonismes de
classe fait place à une association où le libre développement de chacun est la
condition du libre épanouissement de chacun. » Pourtant, on le sait, Marx s'est refusé à inventer des recettes pour
les marmites de l'avenir. Cependant, dit Maximilien Rubel, « il a fait mieux que cela, ou
pis, il a voulu démontrer qu'une nécessité historique, telle une fatalité
aveugle, entraînait l'humanité vers une situation de crise où il lui faudrait
affronter un dilemme décisif: être anéantie par ses propres inventions
techniques ou survivre grâce à un sursaut de conscience la rendant capable de
rompre avec toutes les formes d'aliénation et d'asservissement qui ont marqué
les phases de son histoire. « Seul ce dilemme est fatal, le choix de l'issue étant laissé à
la classe sociale qui a toutes les raisons de refuser l'ordre existant et pour
réaliser un mode d'existence profondément différent de l'ancien. « Virtuellement, le prolétariat moderne est la force matérielle
et morale apte à assumer cette tâche salvatrice de portée
universelle. « Toutefois, cette force virtuelle ne pourra devenir réelle que
lorsque le temps de la bourgeoisie sera accompli, car elle aussi remplit une
mission historique; si elle n'en est pas toujours consciente, ses idéologues se
chargent de lui rappeler son rôle civilisateur. « En créant le monde à son image, la bourgeoisie des pays
industriellement développés embourgeoise et prolétarise les sociétés qui tombent
progressivement sous son emprise politique et économique. « Vu sous l'angle des intérêts prolétariens, ses instruments de
conquête, le capital et l'Etat, sont autant de moyens d'asservissement et
d'oppression. L'HEURE DE LA REVOLUTION PROLETARIENNE « Lorsque les rapports de production capitalistes et partant les
Etats capitalistes seront effectivement établis à l'échelle mondiale, les
contradictions internes du marché mondial révèleront les limites de
l'accumulation capitaliste et provoqueront un état de crise permanente qui
mettra en péril les assises mêmes des sociétés asservies et menacera jusqu'à la
survie pure et simple de l'espèce humaine. « L'heure de la révolution prolétarienne sonnera sur toute la
terre... » Maximilien Rubel est cependant conduit à rappeler avec une insistance
toute particulière, que l'hypothèse la plus fréquente que Marx nous offre est
celle de la révolution dans les pays ayant connu une longue période de
civilisation bourgeoise et d'économie capitaliste: « Elle doit marquer le début d'un processus de développement
englobant peu à peu le reste du monde, l'accélération du progrès étant assuré
par osmose révolutionnaire. « Quelle que soit l'hypothèse envisagée un fait est certain: il
n'y a pas de place, dans la théorie sociale de Marx, pour une troisième voie
révolutionnaire, celle de pays qui, privés de l'expérience historique du
capitalisme développé et de la démocratie bourgeoise, montreraient aux pays
ayant un long passé capitaliste et bourgeois le chemin de la démocratie
prolétarienne... LA MYTHOLOGIE MARXISTE « La mythologie marxiste née avec la révolution russe de 1917 a
réussi à imposer aux esprits peu informés une tout autre image de ce processus
révolutionnaire: l'humanité serait partagée entre deux systèmes d'économie et de
politique, le monde capitaliste dominé par les pays industriellement développés
et le monde socialiste dont le modèle, l'URSS, a accédé au rang de deuxième
puissance mondiale, par suite d'une révolution
« prolétarienne ». « En fait, l'industrialisation du pays est due à la création et à
l'exploitation d'un immense prolétariat et non au triomphe et à l'abolition de
celui-ci. « La fiction d'une « dictature du prolétariat » fait
partie de l'arsenal des idées imposées parles nouveaux maîtres dans l'intérêt de
leur propre puissance; plusieurs décennies de barbarie nationaliste et militaire
à l'échelle du monde font comprendre le désarroi mental d'une intelligentsia
universelle victime du mythe dit « Octobre
socialiste ». Maximilien Rubel considère toutefois que des trois théories, doctrines
et notions qui forment dans leur ensemble le patrimoine intellectuel du
socialisme, du communisme et de l'anarchisme qui visent à une mutation profonde
de la société humaine, l'anarchisme a le moins souffert de cette perversion:
n'ayant pas créé une véritable théorie de la praxis révolutionnaire, il a pu se
préserver de la corruption politique et idéologique dont les deux autres écoles
de pensée ont été frappées. « Issu de rêves et de nostalgies tout autant que de refus et de
révolte, il s'est constitué en tant que critique radicale du principe d'autorité
sous tous ses déguisements, et c'est surtout comme telle qu'il a été absorbé par
la théorie matérialiste de l'histoire. « Celle-ci est essentiellement une pensée de l'évolution
historique de l'humanité passant par étapes progressives d'un état permanent
d'antagonismes sociaux à un mode d'existence fait d'harmonie sociale et
d'épanouissement individuel. UNE FINALITE COMMUNE « Or, tout autant que la critique sociale transmise par l'utopie
anarchiste, la finalité commune aux doctrines radicales et révolutionnaires
d'avant Marx est devenue partie intégrante du communisme anarchiste de ce
dernier. « Avec Marx, l'anarchisme utopique s'enrichit d'une dimension
nouvelle, celle de la compréhension dialectique du mouvement ouvrier perçu comme
auto-libération éthique englobant l'humanité tout entière... « On est en droit d'appliquer à sa propre théorie la thèse
éthique qu'il a formulée à propos du matérialisme de Feuerbach ( 1845
): « La question de savoir si la pensée humaine peut prétendre à une
vérité objective n'est pas une question relavant de la théorie, mais une
question pratique. « C'est dans la pratique que l'homme doit démontrer la vérité,
c'est-à-dire la réalité et la puissance, l'au-deçà de sa
pensée. » Et c'est dans « A propos de la question juive », 1844, que
Marx, sans se limiter à la critique de l'émancipation politique, définit et la
fin qu'il convient d'atteindre et le moyen pour la réaliser: « C'est seulement lorsque l'homme individuel, être réel, aura
récupéré le citoyen abstrait et sera devenu en tant que individu un être social
dans sa vie empirique, dans son activité individuelle, dans ses rapports
individuels; ce n'est que lorsque l'homme aura reconnu et organisé ses
« forces propres » comme forces sociales et que, de ce fait, il ne
détachera plus de lui-même le pouvoir social sous forme de pouvoir politique-,
c'est alors seulement que sera accomplie l'émancipation
humaine. » En somme, poursuit Rubel, Marx s'appliquera à démontrer
scientifiquement ce dont il était déjà persuadé intuitivement et ce qui lui
paraissait éthiquement nécessaire: il abordera l'analyse du capital d'un point
de vue sociologique, comme pouvoir de commandement sur le travail et ses
produits, le capitaliste possédant cette puissance non en vertu de ses qualités
personnelles ou humaines, mais en tant que propriétaire du
capital: « Le salariat est un esclavage, et tout relèvement autoritaire du
salaire ne sera qu'une meilleure rémunération d'esclaves. » ESCLAVAGE ECONOMIQUE ET SERVITUDE POLITIQUE Las, « esclavage économique et servitude politique vont de
pair. « L'émancipation politique, la reconnaissance des droits de
l'homme par l'Etat moderne ont la même signification que la reconnaissance de
l'esclavage par l'Etat antique ( La Sainte Famille, 1848 ). « Esclave d'un métier salarié, l'ouvrier l'est aussi de son
propre besoin égoïste comme du besoin étranger. « La condition humaine n'échappe pas davantage à la servitude
politique dans l'Etat démocratique représentatif que dans la monarchie
constitutionnelle. » Et, à nouveau, Rubel revient à Marx: « Dans le monde moderne, chacun est à la fois membre de
l'esclavage et de la communauté bien qu'en apparence la servitude de la société
bourgeoise soit le maximum de liberté. » Ou encore dans Vorwärts, 1848,: « L'existence de l'Etat et l'existence de la servitude sont
inséparables...Plus l'Etat est puissant, plus un pays est, de ce fait,
politique, moins il est disposé à chercher dans le principe de l'Etat, donc dans
l'organisation actuelle de la société dont l'Etat est lui-même l'expression
active, consciente et officielle, la raison de ses maux
sociaux... » Ou enfin après la Commune: « La Commune ne fut pas une révolution contre une forme
quelconque de pouvoir d'Etat, légitime, constitutionnelle, républicaine ou
impériale. LA COMMUNE, REVOLUTION CONTRE L'ETAT « Elle fut une révolution contre l'Etat comme tel, contre cet
avorton monstrueux de la société;elle fut la résurrection d l'authentique vie
sociale du peuple, réalisée par le peuple. » Et de préciser dans « L'Idéologie
allemande »: « Les prolétaires se trouvent donc en opposition directe à la
forme dans laquelle les individus de la société ont pu jusqu'ici se donner une
expression d'ensemble, à savoir l'Etat: ils doivent renverser l'Etat pour
réaliser leur personnalité. Cependant, les prolétaires doivent également se débarrasser de
l'esclavage économique, le travail salarié. Dans le Capital, Marx réaffirme que « pour transformer la
propriété privée et morcelée, objet du travail individuel, en propriété
capitaliste, il aura naturellement fallu plus de temps, d'efforts et de peines
que n'en exigera la métamorphose en propriété sociale de la propriété
capitaliste, qui de fait repose déjà sur un mode de production
collectif. LA PROPRIETE SOCIALE « Là il s'agissait de l'expropriation de la masse pour quelques
usurpateurs; ici, il s'agit de l'expropriation que de quelques usurpateurs par
la masse. » Ce stade franchi, Rubel cite Marx dans l'Anti-Proudhon ,
1847: « Est-ce à dire qu'après la chute de l'ancienne société il y aura
une nouvelle domination de classe se résumant dans un nouveau pouvoir
politique? « Non!... « Dans le cours de son développement, la classe laborieuse
substituera à l'ancienne société civile une association qui exclura les classes
et leur antagonisme, et il n'y aura plus de pouvoir politique proprement dit,
puisque le pouvoir politique est précisément le résumé officiel de l'antagonisme
dans la société civile. » ALORS MARX ANARCHISTE? C'est en tout cas la conviction profonde de Maximilien Rubel qui
considère que Marx s'est formellement proclamé « anarchiste »
lorsqu'il écrivait: « Tous les socialistes entendent par anarchie ceci: le but du
mouvement prolétaire, l'abolition des classes, une fois atteint, le pouvoir
d'Etat disparaît et les fonctions gouvernementales se transforment en de simples
fonctions administratives. »