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22 décembre 2009

Aux sources de la théologie de la libération

 Est-il possible, aujourd’hui, de porter la question théologique en dehors du club restreint des théologiens ? La question peut vous sembler surprenante, mais si on prend le temps de se poser un instant, ne serait-ce que sur un banc public protégé du vent, c’est à dire de ce flux de l’immédiateté que notre société contemporaine nous impose, force est de constater que certaines questions fondamentales demeurent bien persistantes, prenantes, angoissantes… Qu’est-ce qu’un homme ? Comment est-il arrivé sur cette terre ? Qui l’a créé et dans quel but ? Dieu existe-t-il ? S’il existe, quels sont les attributs de ce dieu ? Enfin, si dieu il y a, l’homme a-t-il la moindre chance d’entrer en contact avec lui ? Et, pourquoi devrait-il le faire ?

Trouver un ouvrage qui répondrait à toutes ces questions me semble impossible. Certains pourraient supposer que la Bible, ensemble d’un grand nombre de livres, répondrait sans problème à ce questionnement existentiel, mais je préfère chercher plusieurs ouvrages qui donneraient des éléments de réponse. Après tout, les lectures et les rencontres sont faites pour accumuler les indices et construire notre corpus de réflexion qui nous amènera à des convictions, nos convictions, celles qui nous porteront jusqu’au bout de notre vie…

Je vous propose, pour commencer, un ouvrage signé d’un théologien dit de la libération, Gustavo Gutiérrez, Le Dieu de la vie (Cerf Editeur, ndlr). En effet, au moment où les chrétiens vont fêter la Nativité, il est bon de comprendre qui est ce dieu qui veut venir sur terre au contact de ses créatures. Vous remarquerez, que pour ce livre, je fais comme si c’était évident que dieu existait et que Noël était bien l’anniversaire de la venue de Jésus, son fils… En fait, nous allons voir que pour ce théologien les choses sont un peu plus compliquées que cela…

La première pensée de Gutiérrez est de rappeler à tous ceux qui se reconnaissent chrétiens, après tout on a le choix de le faire, que parler de Dieu ou du Christ ne peut pas se faire sans lien. Le Christ et Dieu sont profondément liés : Personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, Celui qui me voit connaît le Père. Oui, aucun doute, le Fils est bien le révélateur du Père. Les théologies ne doivent donc pas s’écarter des textes évangéliques, ceux qui donnent une certaine image de Jésus, un être profondément humain et aimant. La théologie de la libération de Gutiérrez prend donc ces sources dans cet homme au cœur débordant d’amour, un amour qui n’exclut pas, un amour qui soigne, qui écoute, qui souffre quand l’homme souffre…

Ce préambule n’est pas limitatif et Gutiérrez continue en énonçant que Dieu ne se comprend pas, il se médite, il se vit, il se respire, il se pratique… Oui, Jésus affirme que ce n’est pas l’intelligence qui permet d’aller vers Dieu mais seulement le cœur des simples, des justes, des aimants… Dieu est d’abord Père tout simplement parce que le chrétien reconnaît en lui l’origine de tout, y compris l’origine de l’homme. Ce Dieu des origines est un libérateur. Il libère les opprimés, les esclaves. Il est le Dieu d’un peuple qui souffre et il est là pour ouvrir son horizon. Comme Dieu déploie une pédagogie, il montre cette libération par le peuple qu’il sort d’Égypte, qu’il sort du désert, qu’il ramène d’exil vers sa terre…

Seulement, voilà, il y a un petit hic. La libération totale est annoncée pour les temps de son royaume. Mais c’est quoi ce royaume ? Où est-il ? Gutiérrez nous montre que Dieu ne peut pas se faire saisir, il ne peut pas se faire enfermer dans une institution, ni même dans une église terrestre. Dieu de Jésus est un Dieu caché, un Dieu secret, un Dieu qui fuit les mondanités, le pouvoir, la force…

Alors que faire ? Où chercher Dieu ? Le théologien est simple, il reprend les paroles de l’Evangile : « Chercher le royaume et sa justice, le reste vous sera donné par surcroît ». Cela signifie pour l’un des créateurs de la théologie de la libération que « l’universalité de l’amour de Dieu est lié de manière inséparable au choix préférentiel en faveur du pauvre ».

Il s’est donc donné comme but dans la vie de « parler de Dieu à partir de la souffrance et des espérances des pauvres ». Je le trouve très convaincant, très précis dans sa théologie, une méthode biblique irréprochable s’appuyant sur de très nombreux textes dont le livre de Job qui est très beau et très humain.

Si un tel homme avait vécu dans les palais romains et dans l’opulence nous pourrions avoir des doutes dans la mise en application mais comme il s’agit d’un prêtre qui a décidé de vivre son Evangile et son Dieu de libération au mépris de sa sécurité, du quand dira-t-on, de sa réputation, au cœur de l’Amérique latine, en n’hésitant jamais à travailler avec tous ceux qui voulaient, eux-aussi, libérer les plus pauvres… j’ai plutôt tendance à le saluer et estimer qu’il fait partie de ceux qui nous aident à trouver des réponses à nos questions initiales… Et si le Dieu créateur était un Dieu de libération prêt à mouiller sa chemise pour les plus pauvres et non les tenants du pouvoir ?

Ce livre est d’une lecture assez simple, il est imagé et je crois qu’il peut plaire à tous les lecteurs de bonne foi même ceux qui se sentent éloignés des religions…

Shelton

http://www.critiqueslibres.com/i.php

                  
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Commentaires
O
Merci Alain pour ce rappel de ce théologien, véritable témoin d'Évangile et de ces laissés pour compte qui aspirent à une libération des contraintes à l'intérieure desquelles ils sont retenus. Gutierrez m'a beaucoup appris sur le sens à donner à l'incarnation de ce Jésus. Je viens de mettre en ligne sur mon site internet une réflexion qui va en ce sens.<br /> <br /> Joyeux Noël à toi et à tous les tiens<br /> <br /> Oscar
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P
en temps que chretiens j suis catholique mais plus proche des protestants comme descartes la religion de ma nourrice et de mon roi je resterai catho mais la théologie de la libération est la révolution copernicienne des cathos voila on en ai loin avec benoit je pense qu'on n'a pas besoin de passeur entre jesus et nous
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