La littérature et le vivre ensemble, par Djohar Khater
(Dernière version du texte déjà publié sur ce blog)
Indéniablement méritoire est toute œuvre ou toute action
conçue et mise en mouvement pour
l’avènement d’une société qui donne à l’échange la plénitude de son sens: la
réciprocité dont seule une humaine communauté sait se rendre capable. C’est
pourquoi, le rôle premier de toute politique éducative en cette époque de déplacements collectifs et de circulation massive où hommes et
cultures s’entrechoquent, se rejettent, se supportent ou s’embrassent, serait
assurément de jeter les bases d’une société qui porterait la paix en son sein,
comme la première des valeurs et la plus urgente d’entre-elles.
A
cet effet, les efforts des institutions
et des bonnes volontés qui travaillent en synergie pour que cet objectif soit atteint, seraient
insuffisants sans la mise à partie de l’école, sa contribution étant basique.
C’est que l’école est, après la famille - qu’elle prend nécessairement parfois ou souvent, à contre-pied en vue
d’un alignement incon ditionnel à ses valeurs- le lieu sine qua non où
devraient être transmis, assimilés et
intériorisés les valeurs du respect , de
l’échange, de la solidarité et du don.
Valeurs maîtresses de tout projet
de société qui projette d’installer la paix dans la durée.
Pour
nécessaire qu’elle soit, cette moralisation par l’école, serait inopérante si elle n’est impérativement
accompagnée d’un programme de réduction
maximale des motifs intrinsèques de la
violence, lesquels sont inhérents aux conditions sociaux- économiques qui
donnent une tonalité à la qualité de vie des individus, et de ses facteurs
extérieurs qui sont tout aussi menaçants pour la sécurité et la survie. Déjà présents à l’état latent dans nos sociétés hyper-individualistes, ces
incubateurs d’agressivité incontrôlable
et meurtrière, sont d’autant plus faciles à s’emballer et à
instrumentaliser dans les communautés
plurielles notamment, en raison des clivages ethniques ou religieux ou autres,
en temps de détresse tout particulièrement.
A cet égard, l’école peut non seulement jeter
les passerelles, mais assainir le climat des tensions perturbatrices et productives de violence. Par les pratiques qu’elle valorise, et promeut
entre ses murailles, à travers les actes quotidiens de ses acteurs, qu’ils soient apprenants ou
enseignants, enfants ou adultes. Et ce, d’abord, quand l’élève à son regard, ne
sera plus un réceptacle de connaissances et d’informations à emmagasiner, et
qu’elle ne se concevra plus comme un
haut lieu de dressage, passage
obligatoire pour accéder à un statut
honorable via la reconnaissance de l’institution ; mais essentiellement,
lorsque le sens de la responsabilité morale individuelle envers le vivant sera au centre de l’enseignement
qu’elle professe, et de tout apprentissage qu’elle valorise. Elle aura, alors, assumé son rôle, sa mission
véritable, qui consiste à éduquer.
Certes,
l’école ne saurait ignorer les conditions qui l’enserrent et font sa raison d’être, par principe de
réalité. Elle ne peut pour autant se contenter d’être une usine de produits sériés, destinés à une
utilisation bien définie, dont l’objectif principal est la sauvegarde de
l’ordre établi : ce n’est pas éduquer que de formater ou d’embrigader pour fabriquer des
agents sociaux à la mode du temps, c'est-à-dire, selon les desseins des pouvoirs du moment ou de la conjoncture,
leurs idéologies ou leurs obsessions, loin de là.
Eduquer
donc, consiste bien en son essence
initiale à prémunir l’ordre social, contre l’anarchie ou tout
risque de renversement d’une situation jugée (fallacieusement, et très
égoïstement) avantageuse, par la promotion des moyens de reproduction du
système dominant. Mais la noblesse de l’acte réside en ce qu’il consiste aussi et surtout, à faire monter et élever ces petits hommes en
herbe que les parents confient à l’école pour une bonne partie de leur vie, lui
faisant si naïvement confiance. Socrate,
l’accoucheur des idées, mettant en pratique sa propre
devise: « Connais-toi toi-même » ne visait pas autre chose avec
ses disciples. Comment s’améliorer, exploiter pleinement ses ressources pour
atteindre l’optimum de ses possibilités, si on ne s’explore pas et qu’on ignore
ces sources d’obscurité ou de lumière, qui habitent tout homme et se livrent
bataille pour le gouverner à part entière ?
L’apport
de cette maïeutique ne se mesure
cependant pas, exclusivement, en terme de progression sociale par l’accès à un
statut supérieur, ouvrant sur une
situation enviable, qui – dernier des
soucis de Socrate - promet et assure le bien-être matériel. Car, éduquer, au
vrai sens du mot, c’est donner à tout homme la chance inouïe de grandir, soit
d’être « humain ». Comme lorsqu’on cultive une plante pour qu’elle
donne le meilleur, c'est-à-dire l’essence qu’elle porte en elle: potentialité
dont l’existence inenvisagée jusque là,
n’a d’extension vers l’extérieur, le monde sensible et visible, que sous les
mains affectueuses du cultivateur. Grâce à quoi, elle a une forme, une couleur,
un goût, une odeur. Elle a un nom, on lui reconnaît une particularité, une
utilité, de la valeur. Echappée au
néant, elle existe, elle a un sens. Sauvée d’une existence rabougrie, elle est
pleinement épanouie. Il en est de même pour l’homme.
S’en
occuper, en prendre soin, quand il ne peut lui-même à défaut de moyens se
prendre en charge, quand il est encore à l’état d’ébauche, signifie aussi bien, rendre ce balbutiement de la vie, disponible pour autrui, puisqu’on ne donne
que ce qu’on a. Cette disponibilité est son essence. C’est le plus saillant de
ses traits de caractère et le plus indispensable à son équilibre psychique,
soit le fondement de son humanité : ce qui le fait et le définit Homme. Et
il ne peut connaître le bonheur qu’en tant que tel, comme l’a si magistralement démontré P.Chauchard (1980)
L’essentiel
donc, en éducation, c'est d’interpeller la sympathie, de faire appel à cette empathie qu’à la
naissance, tout bébé porte en lui, et qui peut si le terrain éducatif lui est favorable l’accompagner et empreindre
ses actes la vie durant, renforçant les gènes responsables de cette aptitude.
Ce qui expliquerait, pour les sciences cognitives, la propension naturelle de tout enfant et de
tout adulte équilibré à la coopération, à la solidarité...en tant que réaction
émotionnelle première, souffrance ou
malaise, devant la détresse d’autrui. Il expliquerait de même, le sentiment
d’aversion – absent, sauf chez les psychopathes - à faire souffrir autrui, ainsi que le besoin
irrépressible d’équité et d’égalité qui justifie la quête de justice et du châtiment.
Ainsi,
tout comme l’empathie, le sens moral est donc inné. La qualité de l’apport et du soutien affectif, éducatif et
social de l’environnement joue un rôle prépondérant
dans la construction de la personnalité, sa carence est déterminante dans la
déperdition de compétences héritées et leur dénaturation, particulièrement
visibles chez les psychopathes, confirme
Jean-Louis Senon, professeur de psychologie criminelle à l’université de
Poitiers ( Science et Vie/ Juin2007). Ces derniers sont avant tout, des individus qui n’ont pas su gérer leurs problèmes,
auxquels a fait défaut la capacité de maîtrise de soi, selon Tierry Pham (
idem). C’est dire que, si le dérèglement psychique est une porte ouverte sur un cycle infernal d’exclusion mutuelle
entre le psychopathe et la société, il s’origine dans l’exclusion première,
celle de l’autisme, de l’indifférence ou
en un mot, de la défection des adultes
vis-à-vis des besoins primordiaux de l’enfant, quand ce n’est de la
maltraitance.
Ainsi
donc, appelé à évoluer naturellement avec tous ces autres, qui ont autant besoin de son humanité qu’il a besoin de
la sienne comme de la leur, l’homme ne peut s’équilibrer qu’avec les autres. Puisqu’il ne peut
pleinement donner sa pleine mesure que dans le contact et la relation. Lesquels
suscités et construits par amitié et esprit de fraternité humaine, ne peuvent qu’être à l’écoute des intérêts
vitaux du vis-à-vis et de son bien-être. C’est donc un acte de santé publique, que celui d’éduquer
réellement, un acte de sauvegarde des équilibres de la vie. Permettant le
dessillement qui solidarise avec la vie, il est la clef de cette lucidité qui impose l’option pour autrui, comme
soi-même.
Cet autrui étant présent par effraction dans le moi, il interpelle la
tranquillité de ce dernier et la bouscule par la seule irruption de son visage incommensurablement fragile (Levinas 1995) L’autre comme
soi-même, est donc ce stade supérieur de la perfection morale, ascension vers laquelle tend toute spiritualité, toute quête d’Absolu ou
d’aspiration transcendantale. L’Islam, dernière version de toutes les Lois
religieuses connues et inconnues, le reprend à son compte dans le Coran et par
la Voix de son Prophète, le réitère une fois de plus, répercutant la plus
haute recommandation de toutes : « Nul croira tant qu’il
n’aurait aimé pour autrui, ce qu’il aime pour soi-même »
Aussi,
si les gestes et comportements doivent pour ce faire, être prioritairement
portés par le souci d’un bien-être général, véritablement humain, les outils
didactiques directement en rapport avec les élèves sont appelés à confirmer cette quête. En tête de ces outils, les manuels de lecture, de textes
littéraires, sans oublier les manuels d’histoires (la présentation des
événements pourrait constituer un
support à la critique philosophique, aux
leçons du cours de philosophie, au développent du sens et du jugement moral à
travers la rigoureuse grille des valeurs humaines), mais pas uniquement: tout
savoir et toute science, peut prêter à réflexion sur le sens de la vie et
l’harmonie du monde. En ce domaine, et à ce stade scolaire, les textes peuvent, en tant qu’expression du beau,
contribuer à cultiver ce souci du bien commun. Préalable inconditionnel à
l’épanouissement individuel de tout un chacun.
Mais,
faut-il le rappeler, cet épanouissement ne peut se réaliser sans idéal, ni sublimation et dépassement de soi, et nécessairement sans transcendance : il
n’existe rien d’autre pour conférer
cette dignité que seule la satisfaction d’avoir accompli son rôle d’homm,
apporte à tout être humain grand ou petit. Car l’homme, tout homme, a besoin de
se dépasser et quels que soient les défis et les épreuves, il doit pour cela
garder confiance et ne pas désespérer. La victoire viendra alors, même
partielle. Mais, là n’est pas la question. Le plus important est qu’il aura
vaincu ses limites, et se sera affranchi de la peur. Maître de son destin, il
l’aura été jusqu’au bout. Participant à la Création et en même temps, soumis au
Décret Divin.
Ainsi,
l’identification à des modèles dynamisants, immergés
dans des œuvres constructives dont la réalisation réussie requiert la
persévérance, la témérité et le courage devant les obstacles, les échecs et la
souffrance , est assurément dynamisante et structurante. Renforçant ce besoin endogène d’aller de l’avant, de
relever le défi, elle a la force de rassurer quant à l’avenir, hors du cocon
familial, en répondant à l’angoisse existentielle originelle de l’élève ou du jeune lecteur. Et ce, par la
mise en scène du cheminement d’enfants ou de jeunes personnes au sortir de
l’enfance, sur les sentiers tortueux et combien imprévisibles de la vie.
La
confrontation avec le monde, n’est pas facile. Loin de là. C’est pourquoi, l’initiation est capitale: elle ouvre sur la
vie ; elle en ouvre, selon André Mareuil, les portes les plus closes
(1977). Cependant, il faut qu’elle se fasse le plus tôt, pour canaliser les
énergies naturelles, les sauver de la déperdition et de la dénaturation qui les
guette et menace leur maturation. Ceux sont ces énergies qui font que :
« Seules l’enfance et la jeunesse sont capables de monter hardiment vers
les sommets ». Ce qui, bien sûr, ne pourra advenir, en aucune façon, si
ces celles-ci sont entravées dans leur élan et leur quête, s’empresse d’ajouter
C.Freinet, en éducateur averti ( L’éducation du travail, réed.1967).
Et
ce, car la Loi de la vie est telle qu’on n’y entre pas comme dans un
moulin ; on y entre avec une énergie constructive. Soit, une énergie
partant bien du soi; mais un soi qui, affranchi des chaînes du moi, tient compte dans son travail de création et sa tentative d’être un plus, de l’existence
d’autrui comme associé à son projet de vie. Un projet dont cet autre, qui fait
partie du Tout, fait partie par excellence.
C’est que le regard porté sur l’autre, relève
généralement du rapport au Transcendant. Que ce dernier soit d’inspiration religieuse ou laïque (même sous sa
forme athée qui se veut foi en l’homme seul) il conditionne assurément, le mode d’action sur le monde et édicte le
type de rapport à autrui. Tiraillé entre ces deux pôles, le Réel invisible et
la réalité qui en émane, nul n’accède à l’épanouissement s’il ne trouve un
juste équilibre où s’annulent les conflits et s’accordent : la vie bonne, qui
consiste à opter pour le bien ( Teillard
de Chardin, 1957).
Ainsi,
le questionnement existentiel, n’a de sens que s’il débouche sur une issue, si
sa réponse apporte un plus d’humanité, s’il permet de rêver un projet de
société plus viable, moins injuste, voire s’il ambitionne d’améliorer même d’un
iota la condition des plus fragiles.
Il est une évidence que de tout temps, la
littérature - les grands textes tout
particulièrement - a été traversée de part en part par cette quête de l’humain.
Sensibles aux misères et aux malheurs de
leurs époques, les grands écrivains et poètes ont toujours dit les souffrances
de leurs contemporains, leurs déchirements, en raison justement de cette
carence du sens humain, par absence des valeurs du Bien.
En
conséquence, le texte littéraire peut donc servir à cimenter le corps social autour d’un projet viable.
Non déconnecté de la réalité du monde, dans la complexité extraordinaire de ses
composantes et de ses signes, il peut défendre et inciter au respect de la vie.
Il peut pour ce faire, être l’apôtre prodigieux des valeurs humaines rendues
insanes par loi du marché, la voix consciencieuse inaudible dans le brouhaha de
la vie, l’ami clairvoyant de la
terre, mère nourricière vouée à la
destruction par l’insatiable boulimie et l’ambition démesurée des hommes. En un
mot, il peut renforcer ou insuffler une idéalité, donner corps à la croyance ou
à la conviction par des actes dans la
quotidienneté de la vie, et à travers un objectif transcendant, un sens dont il
revêt l’existence.
Un sens certes, qui en vaille la peine. Car si
toute vie est un miracle, encore faut-il la mériter. Les faits seuls, peuvent
le dire. Eux seuls, disent la Reconnaissance qui se traduit prioritairement par
le mode de rapport à l’autre. Crées à l’image de Dieu, les hommes doivent créer
en retour, à Sa mesure et à leur dimension. La Nature, les ayant privilégiés
(s’agissant des athées) sur les autres formes de vie, il leur faut faire preuve
d’égards à son encontre.
A
l’immense charité de l’Un et aux dons
incommensurables de l’autre, l’homme ne peut répondre que par des bienfaits.
Autrement, il ferait acte d’une ingratitude désertifiante à l’égard d’un monde qui, autour de lui a tellement besoin
de gestes et d’actes gratifiants. Parce que, quelle que soit leur forme, ils peuvent sauver, ramener à la vie,
enrichir l’existence de sens et de couleurs inconnus, quoique d’une beauté rare
et d’une puissance revigorante.
Cette
absence d’une éthique du bien, est d’autant plus pénible quand l’affrontement sans merci des moi
devient la seule règle valable pour acquérir un statut social et une identité positivement reconnus. Il
n’est déjà pas facile de vivre avec l’autre, dans des conditions sociales
ordinaires, car tout un chacun est un autre pour un autre, et que toute société
aussi homogène soit-elle (ce qui est plutôt rare) est constituée de groupes à
commencer par la cellule familiale... pour lesquels les autres sont des hors-groupes,
soit des adversaires à tenir en respect, voire à tétaniser. La raison, est que
le regard de l’autre induit d’abord un malaise. La cohabitation devient
carrément impossible, quand la guerre des moi est actionnée et activée pour
faire tourner un système qui tire sa force de sa capacité à dresser les uns
contre les autres.
Aussi, l’apport du texte littéraire, est-il indiscutable dans les sociétés
multiethniques, d’aujourd’hui, mais aussi, pour toute société qui, résolument, se veut humaine. C’est que, les colonisations et les
déracinements qui ont en résulté les
siècles derniers, les guerres modernes et leurs flots de réfugiés, la
domination de la valeur marchande,
l’effondrement des Etats et leurs lots de misères d’une part, le développement extraordinaire des moyens de transport et de communications d’autre part, auxquels
s’ajoutent les impératifs des échanges
et de coopération internationaux, ont favorisé le contact, le brassage ethnique et culturel, sans pour cela qu’il y ait réels rencontres et accueil.
Placé
dans ce cadre, le texte, tantôt regard de soi sur l’autre, regard de l’autre
sur soi ou regard de l’entre-deux sur soi et sur l’autre, ne peut qu’apporter
un éclairage sur les différences, les rendre compréhensibles, voire les
atténuer, au besoin les effacer, en partie du moins, temporairement ou
définitivement. Il donne à comprendre que l’étrangeté des uns aux
autres relève plus du cheminement du groupe social et de son adaptation aux
conditions historiques et géographiques et donc culturelles que de pseudo-
spécificités fondamentalement humaines.
Pour
autant, la rencontre n’induit pas le reniement de soi, sans être dangereuse.
Enfoui au plus profond de soi, le sens de la vie de tout un chacun, tel que
déterminé par sa culture de base, ne peut impunément être échangé contre celui
de l’objet convoité ou lui être substitué. Garde fou identitaire, raison de fierté et de valorisation de soi,
source de légitimation de la façon d’être au monde, ce moi malmené peut devenir le plus grand des
dangers, dans les cas extrêmes.
C’est
pourquoi, la mise à contribution des littératures du monde, peut servir à présenter une vision moins stéréotypée et positive des peuples éloignés.
Peuples que le chauvinisme, l’ethnocentrisme ou un nationalisme étriqué, très
souvent exacerbés et instrumentalisés, font généralement dénigrer. Elle
peut notamment, faciliter la compréhension et l’intégration des minorités
émigrées pour des raisons de survie, par la valorisation qu’elle induit, favorisant l’accueil, compris ici comme respect de l’autre, dans ce qu’il a de
différent et d’étrange (J.Derrida.2000)…
Dans l’état d’organisation actuel des sociétés
humaines, en nations définies sur des bases ethniques, des pratiques
linguistiques et culturelles spécifiques, il ne saurait en être autrement.
L’équité et le bon sens l’exigent. L’apport direct des minorités actives et
vivantes n’est possible ni visible que sur le long terme. Les textes et
témoignages des artistes et écrivains
des anciennes civilisations humaines sur les influences et les échanges entre
peuples et cultures de leurs époques l’attestent. On y apprend que
l’enseignement a joué un rôle primordial dans la greffe vivifiante. On y apprend, heureusement aussi, que les plus ingénieux et constructifs
l’emportent toujours. Pour un temps. « Patience, patience !
» Semblent-ils dire, aux plus impétueux et impatients.
Dans
cette perspective, efficace sans nul doute, serait la découverte de la communauté des croyances de base des
anciennes civilisations et des sociétés traditionnelles, ce que l’on appelle
les archétypes universels, tels que traduits à travers les grands mythes
universels, le credo des contes
populaires et les recommandations des religions; la connaissance des facteurs
qui ont constitué les assises ou le déclin des vielles civilisations, lesquels
globalement sont les mêmes que ceux qui conditionnent celle d’aujourd’hui, donnerait certainement à
réfléchir à ceux qui voudraient s’inscrire dans la trajectoire des acteurs
véritablement positifs de l’humanité.
Non moins efficace, serait l’enseignement de la
littérature des voyages qui transcrit l’étonnement et rapporte la curiosité des anciens et modernes grands
explorateurs et voyageurs devant les mœurs des autres peuples ; bénéfique
en ce domaine précis, serait l’approche de textes abordant la même problématique sous l’angle de visions et de cultures
différentes ; initiatrice à l’ouverture serait la connaissance des apports
scientifiques et philosophiques des
différentes civilisations aux époques de leur splendeur, leurs influences
si déterminantes pour l’évolution et le changement édifiant des autres; la
reconnaissance des drames subis par les peuples en conséquence d’une volonté de puissance extérieure et/ou
intérieure, inciterait sans doute à une remise en cause des expansions
volontariste et belliqueuse des empires et susciterait des actes plus mesurés
et réfléchis sur le plan des engagements collectifs aussi bien qu’individuels
...
Des
textes existent dans les thématiques
sus-citées ou d’autres tout aussi intéressantes. Ils peuvent être exploités
pour susciter réflexion et engagement. Des supports musicaux, chorégraphiques
ou cinématographiques (chansons, danses, films, pièces de théâtre...)
pourraient renforcer ou compléter l’impact de la lecture ou des analyses/débats autour les textes. L’échange et le dialogue
dans la classe seraient alors, l’amorce d’un cheminement vers la reconnaissance
que la diversité est une richesse ( L.Collés. articles in Alaindependant.canalblog
) Les problématiques abordées en
seraient la charpente.
Dans
ces conditions, l’échange, prélude à la reconnaissance mutuelle, est gros
d’espoir. Le changement, enrichissement mutuel, n’est pas loin. De promesse, le vivre ensemble, peut prendre pied dans
la réalité. Si volonté il y a. Le rêve est permis.
Djouher Khater / le 10/03/2009
1-
Chauchard Paul : La maîtrise de soi, Pierre Mardaga, Bruxelles, 1980.
2-
Collés Luc : in Alaindependant.canablog
3-Derrida
Jacques : Sur Parole. Edit. De l’aube, France, 1999.
4-Freinet
Celestin : L’éducation du travail, réed. Delachaux-Niestlé, Paris-Neuchâhatel, 1967.
5-
Levinas Emmanuel : Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, Nijhoff , La
Haye, 1995.
6-Mareuil
André : Le livre et la construction de la personnalité de l’enfant,
Casterman, Belgique, 1977.
7-Teilhard
de Chardin : Réflexions sur le bonheur, Cahier 2, Seuil, 1957.
8-
Science &t Vie ; Revue N ° 1077, Juin 2007`.