Le chemin du Christianisme social. Appel
Appel pour une relance du Christianisme social,
pour des "Communes théologiques"
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A l'orée du XXIe siècle, nous reprenons le chemin du Christianisme
social. Le projet de la fin du XIXe siècle reste le nôtre : confronter
la foi chrétienne avec son environnement social, économique, politique,
culturel et écologique et poser des paroles et des gestes de libération.
Si nous vous invitons à cette nouvelle marche, c'est qu'apparaissent
dans le christianisme des clivages et des engagements nouveaux qui
appellent à des rencontres, des paroles, des actions nouvelles dans un
monde qui a cruellement besoin d'amour, de justice, d'espérance.
Nos réflexions sont nourries de nos engagements, de nos lectures de la
Bible et de l'héritage intellectuel notamment protestant, de nos
dialogues et nos compagnonnages avec les autres croyants, les mouvements
intellectuels, politiques et sociaux qui se battent pour un monde plus
juste.
Divers dans nos références théologiques, nous nous retrouvons
dans un évangile qui repense et repousse sans cesse les frontières, qui
refuse les barrières du pur et de l’impur, qui nous dit que la grâce
est offerte à toute la création, que la vie est toujours plus forte que
les mises à mort sociale, économique, écologique, culturelle, raciste,
sexiste ou homophobe. Nous voulons convoquer à nouveaux frais les vieux
et gros mots comme Royaume de Dieu, Seigneurie de Jésus Christ, Amour
inconditionnel de Dieu : expérimenter leur déplacement dans un nouveau
contexte, considérer que la fidélité à laquelle engage la parole
religieuse n’est pas déplacement d’un contenu à l’identique, sans
transformation mais bien plutôt redéfinition incessantes de ce qu’elle
véhicule, réfléchir à ce que notre attachement à ces termes nous fait et
nous fait faire.
Nous regardons le monde et nous crions : « injustice ! ». La
violence sociale et écologique du système économique actuel et son
incapacité à se réformer nous invitent à rechercher les voies de son
dépassement. L’invasion de son imaginaire nous pousse à travailler avec
tous les autres créateurs d’un imaginaire alternatif. L’évolution des
débats sur l’immigration en décalage avec une réalité sociale de plus en
plus métissée nous engage à rentrer frontalement en dissidence avec les
discours et les décisions qui transforment l'Europe en forteresse.
Notre refus d’un apartheid planétaire nous met en relation avec les
croyants et les militants des pays du Sud. Le détournement de la laïcité
au profit de logiques d’exclusion nous incite à défendre et inventer un
espace public riche qui n’a pas peur du conflit et de la différence.
L’évolution des réalités familiales et sexuelles nous amène à une
éthique nouvelle qui tourne clairement le dos au moralisme, qui
interroge profondément l'imaginaire de la « famille chrétienne », du
soi-disant « projet de Dieu » en la matière.
Ces réalités disent notre urgence, ces convictions expriment nos
points de départ. Elles ne limitent pas ce que nous désirons construire
ensemble, avec vous et avec d'autres. Elles ne définissent ni un dedans,
ni un dehors. Nous en appelons ici et là à la création de « communes
théologiques » pour relancer le Christianisme social, qu’il soit un «
nous » mobile et indéterminé de réflexion et d'action. Un collectif à
échelles et formes diverses qui n’aura de cesse de se redéfinir en
situation, de se recréer sans cesse et sans centre unique. Une
communauté qui se caractérise par le manque et les questions, la
rencontre et l'hospitalité, plutôt que par le plein, le propre et les
affirmations.
Nous ne voulons pas agir seuls, nous désirons des alliances : les
protestants par delà les frontières, les catholiques et tous les
croyants ouverts, se reconnaissant dans les théologies de libération, la
gauche qui ne renonce pas, la droite qui s'interroge, le mouvement
social, tous les humanistes, celles et ceux qui croient en l'amour, la
justice et l'espérance sont nos parentèles.
Nous voulons réfléchir et agir, l'un et l'autre, l'un pour
l'autre.
Si nous voulons affirmer des positions, nous voulons aussi
prendre le temps de la conversation et de l’échange, nous mettre
d’accord sur nos accords et nos désaccords, donner et recevoir à penser,
soutenir la pensée depuis toutes les places et non penser à la place
de.
Si nous voulons prendre la parole, nous voulons surtout engager
les batailles d'idées nécessaires afin de déplacer les questions et les
clivages des débats dans nos Eglises et dans la société.
Si nous voulons réfléchir, nous voulons autant agir, encourager à
l'action, échanger sur nos expériences de terrain, contribuer ici et
maintenant aux changements nécessaires, en ne nous interdisant aucun des
moyens de la non-violence, de sa logique de surabondance prophétique et
de désobéissance aimante.
Une invitation est lancée à nous relancer dans cette épopée
commune : publiquement, dire notre espérance et agir en conséquence.
Nous répondons à l'invitation et nous vous invitons à y répondre : pour
que se démultiplient les « communes théologiques » !