Vers un seul état en Palestine-Israël
L’inutilité de rechercher une solution à deux Etats israélien - palestinien - Un Etat est la seule solution possible
Par Christopher King *, le 02 juin 2009.
La
recherche d’une solution de deux Etats entre Israël et la Palestine est
une perte de temps. Un tel accord n’aura aucune validité, pour une
raison simple : ce sera une solution imposée, c’est-à-dire un accord
inéquitable entre une population assujettie et un occupant militaire. Il
sera donc fondamentalement non viable selon n’importe quel critère de
légalité ou de justice, et sujet à contestation à tout moment dans
l’avenir.
Il n’y aura aucune difficulté à prouver devant un tribunal international
futur que l’occupation israélienne fut brutale, que des crimes de
guerre ont été commis dans l’objectif de voler sans relâche la terre et
les ressources en eau et, par des moyens inhumains, en violation avec
les principes de Nuremberg, de forcer les Palestiniens à abandonner leur
terre. Chaque Palestinien préparera son journal de témoignages directs
et demandera à récupérer sa terre, partie de son héritage palestinien.
C’est pour cette raison que l’actuelle Autorité Palestinienne (AP) n’a
pas le pouvoir de signer des accords valides avec Israël en matière de
frontières, de ressources, de réfugiés et de droits.
Il y a aussi la question de la légitimité de l’AP sous domination Fatah.
Le parti Fatah agit en tant qu’AP mais c’est le parti Hamas qui a gagné
les élections démocratiques palestiniennes de 2006, avec 76 sièges
parlementaires sur 132 et le droit de former le gouvernement. Les Etats
Unis et Israël n’ont pas reconnu ce résultat parce que ce n’était pas
celui qu’ils voulaient. Ils ont apporté leur soutien au parti perdant,
le Fatah, qui n’a remporté que 43 sièges, pour qu’il soit au
gouvernement. Le Fatah est maintenant de connivence avec les USA et
Israël pour le pouvoir et l’argent, mais n’a pas de légitimité
démocratique. La collaboration du Fatah avec les USA et Israël provoque
la division du peuple palestinien, facilitant ainsi le vol des terres
pendant que des crimes de guerre sont commis contre lui. L’actuelle AP
ne peut signer aucun accord légitime au nom des Palestiniens.
Les souhaits des Etats Unis, d’Israël, de l’AP et même du Hamas sont
donc non pertinents. Aucune des parties n’a le pouvoir de réaliser un
accord incontestable alors qu’Israël occupe la terre palestinienne avec
ses colonies et ses armées. Aucun tribunal impartial ne pourra statuer
autrement.
Lorsque par exemple l’Allemagne nazie a occupé la France et annexé
l’Alsace-Lorraine, le gouvernement fantoche français de Vichy a cédé une
partie de la France à l’Italie et permis à l’Italie fasciste de
Mussolini d’occuper la Corse sans opposition. Aucune de ces
modifications de frontières n’a été maintenue après la défaite de
l’Allemagne. De telles circonstances violent chaque principe pertinent
du droit et chaque conception de la justice.
Le désir de la part de l’Amérique et de l’occupant israélien de conclure
une paix durable en Palestine par tout accord qui entérine le vol de la
terre palestinienne est donc vain. Leurs « feuilles de route » et
conférences lancées à grand renfort de publicité ne sont que des
exercices de relations publiques destinés à faire croire au monde que
l’occupation israélienne des terres palestiniennes peut être légitimée
par un accord camouflage. L’Amérique et Israël sont certainement
conscients que les conditions d’occupation rendent impossible toute
légitimité.
Le même principe s’applique à la terre sur laquelle se tient Israël. Il
est absurde qu’Israël affirme qu’il est légitime que les Juifs viennent
de partout dans le monde pour occuper la terre volée au peuple
palestinien par le meurtre et le terrorisme, obligeant la population
palestinienne à fuir ses terres comme des réfugiés. Les justifications
que les Juifs occupaient ce territoire il y a deux mille ans et que Dieu
leur a donné la terre sont absurdes et ne peuvent avoir aucune position
en droit.
Tout groupe palestinien dissident peut donc à n’importe quel moment dans
l’avenir soit prendre les armes soit intenter une action en justice
contre l’entité se nommant elle-même Etat d’Israël qui, nonobstant la
reconnaissance des Nations Unies, n’a aucun droit à la terre sur
laquelle elle se tient. Les Nations Unies ont soit fait une erreur de
droit en reconnaissant Israël, soit il est légitime que tout groupe de
personnes occupe et se saisisse du territoire d’un autre peuple par les
armes, le meurtre et le terrorisme, l’en expulse, et devienne le
gouvernement internationalement reconnu de ce territoire. Il est clair
que les Nations Unies ont fait une faute en loi internationale.
C’est une illusion de croire que l’entité israélienne puisse parvenir à
la légitimité et à la paix par les moyens qu’elle a utilisés jusqu’à
aujourd’hui, et encore moins légitimer le vol des terres en dehors des
frontières reconnues par l’ONU. C’est la raison pour laquelle elle a été
forcée d’amasser un arsenal nucléaire et de perpétrer des crimes de
guerre tant dans le passé, comme à Deir Yassin, qu’aujourd’hui à Gaza où
la population vit dans des conditions de camp de concentration dictées
par l’armée israélienne. Armes nucléaires, chars et avions de chasse
n’ont rien à voir avec la légitimité et ne peuvent pas se substituer à
elle. Les hommes savent, dans leurs cœurs et leurs esprits, ce qui est
bien et juste. Plus il est nécessaire d’employer la violence, plus il
est évident qu’il y a injustice.
Alors que j’écris, je note qu’Israël est sur le point de voter des lois
qui criminalisent “de nier qu’Israël est un Etat juif et démocratique”,
d’observer le jour de l’indépendance d’Israël comme un jour de deuil et
exigent un serment de loyauté et de volonté à faire son service
militaire pour recevoir une carte d’identité d’Israël. Il est évident
que ceci vise à se débarrasser des citoyens palestiniens d’Israël et de
supprimer toute contestation intérieure sur la nature de cette entité
illégale. Si ces lois passent, Israël sera entré de façon décisive dans
la mentalité “laager” caractéristique du régime d’apartheid d’Afrique du
Sud où j’ai vécu quelques temps. Malheureusement, le cas d’Israël est
pire. Le racisme d’Afrique du Sud était basé seulement sur la couleur de
la peau ; celui d’Israël est basé sur l’exclusivité d’un petit groupe
ethnique combiné avec l’élément explosif de la religion.
Les gens à l’extérieur de l’Afrique du Sud n’ont jamais réellement
compris son apartheid. Moi non plus, jusqu’à ce que j’y vive. Je présume
que le monde ne comprend pas la nature d’Israël en dépit des articles
des médias. L’apartheid m’était désagréable en tant que blanc ; j’ai du
mal à imaginer ce que cela a dû être pour les noirs et les indiens
d’Asie, qui étaient eux aussi classés comme noirs. Mais au moins le
gouvernement sud-africain n’a pas régulièrement assassiné les leaders
noirs à coup de missiles, n’a pas bombardé au hasard, n’a pas interdit
l’eau, la nourriture, l’électricité et autres matériaux aux noirs, ni ne
les a terrorisés par des vols d’avions chasseurs à basse altitude, ni
bombardés au phosphore blanc, ni déraciné leurs vergers, démoli leurs
maisons au bulldozer, ainsi de suite. On pourrait dire que c’était un
régime relativement “léger”, et pourtant, il a scandalisé le monde
entier. On n’a pas encore compris ce qu’est Israël.
Israël s’est maintenant engagé dans une course de violence et
d’inhumanité toujours croissantes contre les Palestiniens qu’avec une
logique invertie et perverse, il accuse de ses propres crimes. Bien que
les Palestiniens n’aient été en mesure que de résister faiblement aux
crimes israéliens, ça ne sera pas forcément toujours le cas. L’Amérique
implose. Dans dix, cinquante ou cent ans, quand l’Amérique ne sera plus
capable de soutenir l’existence illégale et l’occupation de la terre
d’autrui par Israël, ou quand sa nature intrinsèquement brutale sera
plus largement reconnue, les choses pourraient être bien différentes.
S’étant saisi de son territoire par la violence, Israël n’a pas d’autre
option que de s’y maintenir par la violence et des lois scandaleuses.
Les Israéliens et leurs partisans ne devraient pas perdre de vue que ce
n’est pas en Israël que les Juifs, depuis 1945, ont vécu dans la paix et
la prospérité, mais en vivant comme des citoyens égaux dans d’autres
pays, en particulier en Europe et aux USA. C’est le concept d’ « Etat
Juif » imposé par la violence qui est erroné. Le seul avenir sûr,
pacifique et légitime pour les Israéliens est d’accepté la solution à un
Etat, avec le droit au retour des réfugiés palestiniens et de leurs
descendants. Rien d’autre ne marchera.
Il y a maintenant la possibilité que ceux de la diaspora juive qui
soutiennent Israël soient considérés comme corrompant les gouvernements
des pays où ils vivent pour qu’ils soutiennent Israël. Il y a de bonnes
raisons de penser que c’est ce qui s’est passé aux USA et au Royaume-Uni
dans le cas de la guerre contre l’Irak. Il est de notoriété publique
que l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), avec les membres
juifs de l’administration Bush, ont influencé le déclenchement de
l’invasion en Irak. Même chose pour les membres juifs du Parlement au
Royaume-Uni, et en particulier des individus aux ancêtres juifs dans le
gouvernement Blair : Michael Levy, le voyageur de commerce de Blair ;
Peter Mandleson, le plus proche conseiller de Blair ; Jack Straw, le
secrétaire aux affaires étrangères de Blair qui a soutenu la guerre aux
Nations Unies et Peter Goldsmith, l’avocat de la couronne qui a
mensongèrement déclaré légale l’invasion de l’Irak. Il y a de bonnes
raisons d’accuser Goldsmith et Straw, ainsi que Blair, de crimes de
guerre et espérons que cela sera fait en temps voulu.
Cette situation d’allégeances partagées des Juifs a été prévue il y a deux cents ans.
A Paris, en 1807, Napoléon Bonaparte a convoqué le Sanhédrin, une Cour
juif, pour une cérémonie établissant les droits de la communauté juive
comme pleins citoyens français. Il a aussi donné la pleine citoyenneté
aux Juifs de tous les pays qu’il avait conquis. En échange, cependant,
Napoléon a demandé aux Juifs d’abandonner la juridiction rabbinique dans
les affaires juives civiles et judiciaires, qui deviendraient la
prérogative de l’Etat français. Il a aussi demandé aux Juifs
d’abandonner leur vœu de nationalité séparée, en particulier en
Palestine. Les Juifs ont donné ces assurances. Dorénavant, la France
seule aura l’allégeance de ces Juifs qui étaient ses citoyens (Sachar HM
: A history of Israel ; Knopf, 2003, p. 3).
Ce fut la condition implicite sur laquelle les Juifs de toute l’Europe, y
compris en Grande Bretagne, ont depuis l’époque été considérés comme
des citoyens pleins et égaux. Les Juifs sionistes ont par la suite
ignoré ce facteur vital, l’effet corrosif que Napoléon, administrateur
civil de génie, avait prévu.
S’il est avéré que les personnes juives en position d’influence ou
d’autorité dans un gouvernement agissent dans l’intérêt d’Israël sur la
base d’une religion et d’une ethnicité communes plutôt que sur les
principes de la justice internationale et de l’intérêt de leur pays de
citoyenneté résidentielle, le remède qui sera adopté est évident : les
Juifs ne seront pas autorisés à tenir de telles positions.
Ce serait une démarche rétrograde et hautement indésirable ramenant à
des relations médiévales entre les Juifs et les non-Juifs, avec les
Juifs comme citoyens de seconde classe en qui on n’a plus confiance.
Bien que ce soit de l’antisémitisme, ce serait la réponse inévitable. La
démarche progressiste ne peut être pour Israël que d’accepter la
solution à un seul Etat en Palestine dans lequel les Juifs et les
Palestiniens vivraient avec des droits égaux selon le droit civil. Il y a
de bonnes raisons de supposer que les Palestiniens accepteraient un
seul Etat avec le droit au retour. C’est dans l’intérêt vital tant des
Juifs de la diaspora que des Israéliens de soutenir cette solution.
Il est honteux que le Royaume Uni et l’Union Européenne suivent les
Etats Unis dans leur soutien à l’annexion du territoire palestinien par
Israël, leurs invasions d’autres territoires, en particulier en Irak et
en Afghanistan, leurs attaques contre le Pakistan et sa déstabilisation,
leurs provocations vis-à-vis de la Russie en la dépeignant comme
agressive, leur agressivité contre l’Iran, dont ils convoitent le
pétrole, leur confrontation dangereuse avec la Corée du Nord nucléaire
et leur ingérence politique partout dans le monde.
Le Président Barack Obama poursuit cette même politique ; aussi la
notion qu’il peut apporter une résolution pacifique en Palestine avec
cette mentalité, tout en armant et en subventionnant Israël, est
absurde. La demande d’Israël que les Palestiniens « reconnaissent Israël
comme Etat juif » est tout aussi absurde et montre qu’Israël ne
souhaite en aucun cas un accord, mais plutôt poursuivre son expansion
coloniale et le vol de la terre palestinienne.
La solution de deux Etats en Palestine/Israël est morte avant que les
négociations ne débutent pour toutes les raisons ci-dessus. Comme ne
sera jamais accepté par l’ensemble des Palestiniens un quelconque
règlement signé par l’Autorité Palestinienne illégitime et corrompue. Il
serait à jamais sujet à contestation, tant légale qu’armée. Un accord
juste à un seul Etat éliminerait la possibilité de contestations futures
et offrirait une paix immédiate, ainsi qu’une future prospérité aux
deux communautés. Une telle intégration a été le modèle de la prospérité
et de l’harmonie juives avec les autres cultures partout dans le monde.
Elle fonctionnerait parfaitement bien en Palestine.
* Christopher King est consultant et enseignant en management et marketing. Il est à la retraite et vit à Londres.
Source :
- version originale : Redress Information & Analysis
- version traduite : ISM France