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26 février 2011

Révolte aux USA

Dedefensa.org - 21/02/11

Le tourbillon de Madison

Les événements du Wisconsin se développent d’une façon organisée et particulièrement impressionnante dans leurs effets.Après une semaine de protestations, de manifestations et d’actions diverses, la capitale du Wisconsin, Madison, est devenue le centre bouillonnant d’une crise nationale US. (Pour Noam Chomsky, il s’agit d’une insurrection démocratique, la révolte qu’on attendait aux USA.) Vendredi 17 février, les membres démocrates du Sénat de l’Etat avaient quitté le Wisconsin pour l’Ohio contigu, hors de la juridiction de leur Etat, créant par leur absence une impossibilité d’atteindre le quorum pour un vote (prévu ce 17 février) de la loi du gouverneur Walker restreignant très fortement les dépenses publiques et mettant en cause l’existence des syndicats des services publics ; ces parlementaires ont annoncé qu’ils resteraient “en exil” dans l’Ohio, toujours pour la même raison du blocage du vote, tant que le gouverneur Walker ne céderait pas, – alors que Walker réaffirmait dimanche qu’il ne céderait pas. Samedi, la manifestation, quotidienne depuis 5 jours à Madison, rassemblait une foule impressionnante de plus de 70.000 personnes. L’intention des protestataires de Madison est d’occuper et de “tenir” le Capitole, à la façon que les Cairotes ont “tenu” la place Al Tihrir, dans le but d'empêcher le fonctionnement du “gouvernement” du gouverneur Walker et de paralyser l’Etat du Wisconsin.

 

Différents aspects de la crise ont été passés ici en revue, pour en détailler quelques-uns des caractères.

• Un long texte de Rose Aguilar, de AlterNet.org, du 17 février 2011, fait un récit complet des événements de Madison, Wisconsin. Le titre de l’article situe le climat : «Is Wisconsin Our Egypt ?», rejoignant l'analogie que nous mettons par ailleurs en évidence…

 

• Christopher Fons, pour CounterPunch, met en évidence, le 19 février 2011, le caractère d’organisation spontanée et de solidarité des manifestants et activistes de Madison. Il est par exemple remarquable que la police municipale, qui n’est pas touchée par les restrictions, ait pris faits et cause pour les protestataires.

 

• Le site Crooks and Liars met en ligne, le 18 février 2011, une bande vidéo avec l’interview de Chris Hayes, de The Nation, et de Naomi Klein, également de The Nation et auteur de l’excellent Stratégie du choc, sur le fonctionnement de l’hyper-capitalisme postmoderne.

 

• La crise de Madison prenant une extension “nationale” ? D’ores et déjà, il y a des signes dans ce sens. Les habitants de l’Etat de l’Ohio commencent à montrer les premiers signesd’une colère similaire à celle des habitants du Wisconsin. D’autre part, Madison devient un point de ralliement national, comme dans ce cas de la parlementaire Diane Russell, du Maine, qui se rend dans le Wisconsin pour proclamer sa solidarité avec les protestataires.

 

• Il y a un long article de Politico.com (le 18 février 2011) concernant l’attitude d’Obama dans cette crise. Obama soutient les syndicats contre le gouverneur Walker, mais seulement pour certains aspects de la loi concernée. Le tout est l’objet de calculs savants de son équipe pour savoir la place que tiendra le Wisconsin dans la campagne électorale de 2012… Aucun élan, aucune espèce de signe qui pourrait faire croire qu’il y a chez Obama autre chose qu’un politicien en train de faire ses comptes d’épicier, – en homme parfait du Système. Le commentaire que fait Paul Woodward (ce 18 février 2011) concernant l’attitude d’Obama vis-à-vis des événements de Bahrain pourrait après tout parfaitement convenir pour le Wisconsin ; la situation y est moins tragique mais l’homme est toujours le même…

 

• Il faut aussi lire l’analyse avec de nombreuses références que fait ThinkProgress.com dans son Progress Report du 17 février 2011sur “la droite radicale”. En rapport direct avec la situation dans le Wisconsin, le rapport examine les politiques en train d’être mises en œuvre par des gouverneurs républicains radicaux dans un certain nombre d’Etat de l’Union. S’il fait la part un peu trop belle à l’attitude d’Obama (ThinkProgreess.com, de tendance progressiste, reste favorable à Obama malgré les déceptions imposées par sa politique à la gauche progressiste US), le rapport donne un excellent aperçu du potentiel explosif de cette situation, avec la première explosion déjà réalisée à Madison.

 

• Maintenant, un autre point de vue, un point de vue opposé, celui d’un républicain, d’un ancien de l’administration Bush, Joshua Trevino (dans le Guardian du 18 février 2011). Le titre est résolument dramatique : «Who governs Wisconsin? Our democracy is at stake as these featherbedded public sector unions try to bully Madison's elected officials into submission…» On notera évidemment que Trevino ne parle pas du gouvernement des Etats-Unis mais du “gouvernement” du Wisconsin, et de la démocratie dans le Wisconsin, comme si l’on parlait d’une entité indépendante. (C’est un peu ironique de la part d’un homme de l’ancienne administration GW Bush, laquelle n’a jamais montré une sollicitude particulière pour les droits des Etats ; qui utilisa en Irak les Gardes Nationales des Etats sans demander leur avis à ces Etats ; qui traita l’Etat de Louisiane, pendant et après la catastrophe de l’ouragan Katrina, comme une métropole sans scrupules traite une colonie taillable et corvéable à merci.)

 

Notre commentaire

Enfin, après deux années d’exubérance de la droite conservatrice, dans la vague de Tea Party, c’est la gauche progressiste US qui exulte. Elle est du côté de la révolte, du soulèvement contre un pouvoir jugé oppressif et arbitraire. Tea Party, lui, se trouve exposé dans son côté le plus ambigu, – lequel n’a jamais été dissimulé à nos yeux, tant ce mouvement est insaisissable dans son identification, – notamment par le biais indirect des liens entre le gouverneur Walker, qui se réclame de l’esprit de Tea Party, et les frères milliardaires Koch qui le subventionnent, – tout comme ils subventionnent Tea Party d’ailleurs, au nom de leur hostilité à tout ce qui est service public (et de tout ce qui est, ajouteront les critiques, faveur et puissance pour le corporate power). (Au reste, ces liens ne sont pas plus incestueux et révélateurs que ceux de l’administration Obama et des démocrates avec Wall Street, ce qui n’enlève rienau mouvement de Madison, soutenu par les démocrates et Obama.)

Mais qu’importent ces contradictions, que nous n’avons jamais dissimulées, et même au contraire parce qu’elles constituent justement l’aspect révélateur fondamental de la situation générale. Le jeu, et la compréhension du jeu, sont faussés si l’on s’en tient aux étiquettes et connexions idéologiques de tous ordres, avec la corruption de tous bords qui accompagne ce rangement ; la seule référence qui vaille est l’attaque objectivement(et inconsciemment, ce qui va de pair) portée contre le Système, selon les situations contradictoires, les occurrences différentes, etc., dans le chef de tous les mouvements impliqués. Aujourd’hui, à Madison, Wisconsin, c’est la gauche progressiste qui s'affirme, et les foules animées par cet esprit qui attaquent, – eh bien, va pour la gauche progressiste ! Ce qui importe est que, dans ce cas, comme dans d’autres qui sembleraient inverses si l’on s’en tient au point de vue idéologique (Tea Party, certes), il s’agit des mêmes coups de déstructuration portés contre le Système.

 

Pour l’instant, à Madison, Wisconsin, tous les ingrédients de la crise sont là, et les grands esprits progressistes, même les plus prudents comme Noam Chomsky, y voient les prémisses de la grande révolte attendue aux USA.Une détermination et une organisation exceptionnelles des foules, avec des actes entravant effectivement le fonctionnement des institutions de l’Etat du Wisconsin ; un soutien affirmé des officiels démocrates de l’Etat, avec des actes à mesure (“exil” dans l’Ohio, pour échapper à l’obligation de présence au vote de la loi Walker, qui permettrait d’atteindre le quorum) ; une détermination affichée comme sans faille du gouverneur Walker pour imposer sa loi ; après un temps d’hésitation, la crise de Madison élevée au rang de grande crise intérieure US, et traitée comme telle par les réseaux de communication, et aussi par les commentateurs et intellectuels comme on l’a vu plus haut avec Chomsky. (Pour l’instant, on s’abstiendra de dire un mot sur Obama, dont le soutien au mouvement est trop calculé pour avoir un impact décisif.) Gardons-nous bien de nous attacher aux causes directes mais apparentes seulement de la crise ; ces causes sont toujours les mêmes dans le cadre du Système en crise, entre les maximalistes de l’hyper-capitalisme et les réformistes de l’hyper-capitalisme ; c’est un débat jamais tranché car on ne tranche pas un débat sur la substance d’une chose par une attitude radicale ou une attitude réformiste qui ne met pas en cause cette substance, parce que le cœur de la crise se trouve dans la substance informe elle-même du capitalisme comme créature du système du technologisme, de l’“idéal de puissance” et de la dynamique du “déchaînement de la matière”. Ce qui nous intéresse est l’effet indirect, justement sur ces situations connectées à la substance de la chose (système du technologisme, “idéal de puissance”, dynamique du “déchaînement de la matière”).

 

Dans cette logique, le point essentiel de la crise du Wisconsin concerne la structure de cette puissance centrale du Système, et, par conséquent, du système du technologisme, que sont les USA. Ce point pourrait se résumer, après tout, dans le titre de l’article de Trevino («Who governs Wisconsin?») ; même si la réponse implicite puis explicite qu’il donne est partisane, qu’elle soit juste ou non, il reste que la question est effectivement fondamentale. Le conflit de Madison est gros des enchevêtrements et des interférences des conflits de compétences et de pouvoir entre les citoyens, les législatures des Etats de l’Union et le pouvoir fédéral. Peu importe de quel côté se trouve telle ou telle cause, et ce que vaut cette cause, reste que Madison et la révolte du Wisconsin nous montrent la complication extraordinaire de la situation structurelle des USA, de l’ambiguïté volontaire des compétences respectives des différents pouvoirs, des blocages potentiels et antagonistes entre ces pouvoirs, par conséquent des tensions centrifuges qui seront exacerbées à mesure que se développent la crise et les mésententes fondamentales entre les divers groupes de citoyens et leurs conceptions. Comme nous l’avons déjà souvent écrit, nous pensons que la cohésion des USA en une énorme puissance générant des politiques agressives, déstructurantes et paralysantes à la fois, constituent l’un des verrous fondamentaux du Système ; tout ce qui menace cette cohésion menace le Système en son cœur ; que cela soit dit ou pas importe peu, il reste que la crise du Wisconsin est grosse d’une menace contre cette cohésion, passant par une phase de désordre grandissant. Certains pourraient juger que nous ne sommes pas loin d’y être. ..

 

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Commentaires
B
Sans vouloir jouer les devins, nous voyons bien que les Etats, dominés par des ensembles bancaires/militaires/industriels, ne peuvent prendre aucune mesure décisive pour changer le cours des choses qui conduit le système en place vers sa perte.<br /> <br /> <br /> Si la gauche vient au pouvoir en France, une étape importante sera atteinte, mais la situation en Europe nous laisse peu d’espoir d’aller assez loin pour peser sur le destin du monde.<br /> <br /> Si des appuis idéologiques existeront ailleurs, le réalisme ne permet pas d’être optimiste.<br /> <br /> <br /> Reste la solution envisagée par Paul Jorion, l’anthropologue/trader belge de génie.<br /> <br /> Que la nuit du 4 août 1789 se reproduise.<br /> <br /> Que des forces alliées au pouvoir économique en place, considèrent que le maintien du statu quo va les entraîner elles-mêmes dans une situation intenable y compris sur le plan de leur sécurité physique.<br /> <br /> <br /> C’est ainsi que le 4 août 1789, le duc d’Aiguillon lança au “Club breton” l’idée d’une abolition des droits seigneuriaux et l’égalité de tous devant l’impôt.<br /> <br /> Le vicomte de Noailles proposa à l’Assemblée nationale de supprimer les privilèges.<br /> <br /> Le Guen de Kérangal, le vicomte de Beauharnais et l’évêque de La Fare demandèrent de supprimer les banalités, les pensions sans titre, le droit de chasse.<br /> <br /> Le vicomte de Beauharnais proposa l’égalité des peines sur toutes les classes des citoyens, et leur admissibilité dans tous les emplois ecclésiastiques, civils et militaires.<br /> <br /> <br /> Les puissants ont changé et les demandes à satisfaire sont autres:<br /> <br /> *refus de la reconnaissance légale des paris sur la fluctuation des prix.<br /> <br /> *Impossibilité d’emprunter plus de 10 fois ses propres ressources.<br /> <br /> *Blocage des transactions financières avec tout organisme refusant de transmettre les données sollicitées ; dont l’objet est l’optimisation ou la fraude fiscale ; dans l’incapacité de démontrer que l’origine des fonds qu’il détient n’est pas frauduleuse; dans l’incapacité de prouver l’existence d’une activité réelle.<br /> <br /> *Abandon des pavillons de complaisance.<br /> <br /> *Fin des différences de fiscalité selon la nature des revenus.<br /> <br /> <br /> Je ne fais pas dans la politique fiction, Paul Jorion non plus.<br /> <br /> http://legueduyabboq.blog.lemonde.fr/
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