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14 juin 2011

Elections piège à cons ?

La séance est ouverte par C. Braverman qui énonce le sujet tout en annonçant qu’il représentera la pensée de Platon dans le cadre de ce débat. C’est l’occasion d’inviter les participants à adopter les conditions d’un authentique dialogue philosophique tel que le définit Platon dans le Gorgias : compétence, bienveillance et honnêteté. Conformément à une requête précédemment formulée un certain nombre de participants investiront plus particulièrement des points de vue philosophiques classiques (marxiste, anarchiste, ou la pensée de J.S. Mill).

 

Première analyse du thème : Une démocratie illusoire ?

L’expression issue de Mai 68 serait interprétable en premier lieu comme une allusion au manque de participation, tendance lourde des scrutins dans nos démocraties. Le vote serait perçu comme inutile par une grande partie de la population. Faute de croire au pouvoir de l’élection, nous serions amenés à ne plus y participer.

Certains cependant soulignent la nécessité de nuancer l’analyse en faisant la distinction vote blanc / vote abstentionniste : le vote blanc serait une manifestation réelle et donc impliquée d’une contestation du système politique ; en revanche, l’abstention signifierait une relative indifférence vis-à-vis de l’élection et du politique.

Ce que nous dirait alors le vote blanc c’est qu’il faudrait voter mais que l’offre politique serait notoirement insatisfaisante.

Mais alors on se propose d’envisager l’hypothèse du décompte des votes blancs, voire de l’établissement de quorums pour valider les élections. Comment ferions-nous pour faire fonctionner concrètement une telle démocratie sujette à des votes à répétition ?

De plus, d’aucuns soulignent le paradoxe du taux de participation élevé à une élection présidentielle alors même que des élections de ‘proximité’ ne mobilisent pas particulièrement les citoyens.

Ce paradoxe apparent serait un argument de plus en faveur de l’idée que les élections sont un leurre : l’erreur manifeste serait précisément d’investir l’élection présidentielle alors même qu’elle est la plus éloignée des enjeux réels. Il s’agirait d’une illusion entretenue par le système politique et les media de masse.

 

Incompétence du citoyen ou crise du système institutionnel ?

C. Braverman replace alors la question dans une perspective platonicienne : l’enjeu de l’élection serait la motivation du vote ? Or une réponse typiquement platonicienne serait la suivante : la démocratie est le domaine de la démagogie ; ce régime serait le règne d’une liberté ignorante livrée à la démagogie et à la rhétorique.

Faut-il alors remettre en cause le système institutionnel ou le peuple lui-même supposé incompétent?

On souligne la responsabilité qu’il y a à donner une éducation au citoyen pour qu’il soit capable d’analyser les situations et d’en juger avec pertinence sinon compétence. Qu’en est-il actuellement ? L’éducation civique remplit-elle vraiment ce rôle ?

Une objection est formulée par le biais de questions : qu’enseignerait une telle éducation ? s’agit-il en quelque sorte d’obtenir un permis de voter ?

Cette analyse du problème repose sur postulat contestable : il y aurait UNE vérité sur la politique qui serait l’enjeu de l’éducation civique. Or ce postulat n’est-il pas lui-même illusoire : y a-t-il vraiment de bons et de mauvais votes ? Au fond, y a-t-il vraiment une compétence politique et donc une sorte de science du politique qu’il s’agirait d’acquérir. L’assemblée semble sceptique sur un tel diagnostic.

 

L’illusion de démocratie ou le règne de la technocratie ?

Notre interlocuteur platonicien reformule la question : après tout, la nécessité de la représentation ne cacherait-elle pas une illusion : le vote ne ferait que masquer un pouvoir bien réel, celui des démagogues et des technocrates ? En un sens d’ailleurs, cela parait compatible avec l’idée d’un pouvoir donné à ceux qui savent, avec un vote comme compensation symbolique pour le peuple ou les masses ignorantes.

La discussion oscille donc entre la reconnaissance d’une nécessité de compétences pour exercer la décision politique et le problème posé par un régime purement technocratique. Il est suggéré un système d’élections par degrés qui depuis un suffrage universel aboutirait peu à peu par le biais de grands électeurs à des représentants triés sur leurs compétences.

 

A la recherche du gouvernement légitime : convenance vs intérêt général

Le débat est relancé à propos de la légitimité du gouvernement : il ne faudrait pas confondre légalité du pouvoir et légitimité. Mais quel sens donne t’on alors au concept de légitimité ? Une réponse est proposée : serait légitime celui qui agit dans le sens de l’intérêt général.

Ce à quoi on objecte qu’on ne sait qui en décide et comment ? Et faute de pouvoir répondre à cette question ne vaudrait-il pas mieux concéder qu’un gouvernement légitime est celui qui convient au peuple ?

Ce qui convient au peuple ? Une telle proposition rencontre immédiatement l’objection de l’élection des Nazis en 1933 : n’était-ce pas la volonté du peuple ? Et une volonté en l’espèce catastrophique ?

Ou ne serait-ce un problème de scrutin ? Ou de fréquence de vote ? On évoque le modèle des votations en Suisse ? Une participation plus fréquente ne serait-elle pas la réponse à une meilleure vie démocratique, voire une éducation démocratique ?

 

L’enjeu de la représentation : qu’est-ce qu’un bon représentant ?

Question de la représentation : qu’attend-on de nos représentants ?

Deux options sont proposées et analysées globalement par nos participants :

  • Le représentant aurait pour charge la défense de l’intérêt général. Mais objection formulée alors : comment sais-je ce qu’il faut faire ? La réponse fournie est que je suis alors mes convictions morales. L’enjeu est celui des valeurs qui guident la réflexion et la décision. Y a-t-il des valeurs universelles ? Quid d’un élu xénophobe et néanmoins élu : serait-il légitime dans une telle perspective ?
  • Le représentant serait celui qui s’inscrit dans le cadre d’une lutte de rapports de force ? Il s’agirait d’assumer ces rapports de force et essayer de tendre vers le consensus. Du coup on doit admettre comme enjeu de tout dire potentiellement ? Peut-on tout assumer comme opinion ou n’y a-t-il pas des opinions répréhensibles ? Dans cette perspective, le problème serait plutôt celui du système électoral : comment élaborer un système plus équilibré, plus représentatif ?

 

La conclusion revient sur le slogan de départ : et si le pouvoir réel n’était pas là où on le pense : ne serait-il pas plutôt dans la puissance économique et dans les pays dit émergents ? Avec la réponse immédiate : n’est-ce pas plutôt au politique de reprendre le pouvoir sur l’économique ?

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