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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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22 février 2012

Langue et défense nationale sous le sarkozisme

Même maltraitée par des usages inappropriés, la langue reste un lieu et un enjeu de  pouvoir. Le souci de la langue a longtemps été une priorité de l’Etat français, qui avait compris à quel point son efficacité et son prestige dépendaient de la maîtrise et de l’imposition d’un idiome considéré comme porteur à la fois d’un système politique et d’une vision du monde: la langue française telle qu’elle fut définie par l’Académie Française à la fin du XVIIème siècle fut l’instrument d’une reconnaissance sociale par la culture; le français de la IIIème République

naissante fut la pierre de touche d’un régime qui, pour la première fois, avait uniformisé une nation aux particularismes affirmés.

 

Le début du XXIème siècle, après les errements de la fin du XXème, semble sonner le glas de cette tradition à la fois régalienne et civilisatrice. Un exemple caricatural va le montrer. Courant novembre 2010, les militaires français se sont vu remettre un dépliant illustré sur la “mission” actuellement en cours en Afghanistan intitulé France’s commitment in Afghanistan: a comprehensive approach for the Afghan People… Ils ont sans doute pensé au départ à un canular. Le double cartouche de la dernière page, frappé d’une Marianne encore tricolore, les a ramenés à la réalité: c’est bien le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes (!!!) et le Ministère de la Défense qui ont commis l’opuscule. “Impossible mais pas français”, disait paraît-il Napoléon. L’Empereur a été entendu mais on peut douter que ce soit dans le sens qu’il eût souhaité.

 

Deux ministères français peuvent désormais s’associer pour produire dans une langue qui n’est pas choisie au hasard un opuscule à destination des Afghans (auxquels on explique, bons princes, que, grâce à la coalition, ils progressent dans leur aptitude à lire toute forme d’écrit: la guerre américaine comme vecteur de culture, il fallait y penser...). L’Etat français a donc décidé de pousser jusqu’à l’absurde sa logique de soumission à l’empire américain et au pseudo modèle qu’il incarne. On n’adopte pas la langue de l’ennemi: même Vichy rédigeait sa propagande en français. Si on l’adopte, c’est qu’on a renoncé à se définir selon son identité nationale (un thème récurrent du discours sarkozyen pourtant). Notre gouvernement, ou ce qui en tient lieu, jette le masque sur plusieurs points:

 

- il viole la Constitution de 1958 qui, en son article 2, stipule que “le français est la langue de la République”

- il rompt le pacte républicain, qui fait de l’Etat le garant et l’interprète de la nation, au nom de laquelle il s’exprime dans sa langue

- il humilie son armée, réduite de façon explicite à n’être qu’un supplétif de forces onusiennes qui parlent américain, dans une guerre où elle ne défend aucun de nos intérêts fondamentaux.

 

Tout cela a bien entendu une cohérence. La cancérisation progressive de nos sociétés par le simili-anglais “officiel” répond à un objectif. Non pas celui d’instiller une langue de culture, comme pouvait l’être le français au XVIIIème siècle: l’anglais qu’on tend à imposer dans nos écoles, nos administrations et maintenant notre armée n’a pas plus à voir avec la langue de Shakespeare que le français de Sarkozy avec celui de Racine. L’anglais qu’on promeut dans les écoles de commerce et les séminaires gouvernementaux est un vague “globish” digne du volapuk bruxellois dont se gaussait le général de Gaulle et qui vise à introduire la “world culture” la plus inepte et la plus fade dans les cultures qui résistent encore à la mondialisation capitaliste. Ce globish n’est pas par hasard à connotation anglo-saxonne: il est la langue de la puissance américaine qui, après avoir fait croire qu’elle avait gagné la Seconde Guerre Mondialepour sauver les démocraties, s’est comportée avec l’arrogance que l’on sait depuis l’effondrement du monde communiste. On pourrait rire de cette collaboration d’Etat avec l’empire des marchands yankees qui a tout de même le bon goût de s’effondrer peu à peu. On peut aussi, sans verser dans un nationalisme à la Déroulède, en être profondément révulsé.

 

Au tribunal de l’Histoire, Nicolas Sarkozy et le “gang” dont il est l’émanation seront traduits, à n’en pas douter, pour intelligence avec une puissance étrangère et trahison de l’intérêt national. Il ne tient qu’à notre génération de les déférer devant une juridiction plus concrète…


http://honneuretpatrie.over-blog.fr/4-index.html

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Commentaires
L
Le commentaire précédent est complètement idéologique. Le christianisme ou le marxisme excluent d'ailleurs le principe de l'identité, fondamentalement juridique, dont le racisme national-socialiste allemand, dernièrement, est issu. La quête ou la reconquête de l'identité n'est qu'un don-quichottisme.<br /> <br /> - Le capitalisme ou le totalitarisme reposent sur l'idée de langage pur. Essentiellement ce n'est pas l'anglais la langue du capitalisme (sans doute avec le grec la langue la plus pragmatique), mais les mathématiques ou le calcul algébrique. La fameuse devise de Pangloss-Leibnitz, qui correspond si bien à la mentalité totalitaire : "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" (ainsi pensent les abeilles), n'est pas par hasard d'un mathématicien. Voltaire a permis de comprendre qu'il reflète un monachisme médiéval archaïque, et, il faut le souligner, plus bête que bien des doctrines païennes antiques, qui n'avaient pas de la nature ou du monde une vision aussi niaise et idyllique.<br /> <br /> - La suprématie de l'anglais de cuisine n'est que le résultat de la suprématie de l'impérialisme anglo-saxon. L'anglais n'est pas moins la langue la moins juridique et conventionnelle. Shakespeare qui a joué un rôle déterminant dans son élaboration, l'a conçue intentionnellement telle. François Bacon s'est défini bien avant Marx comme un homme dépourvu d'identité, fils d'un père qui, s'il n'accorde aucun droit ni héritage à ses enfants, leur permet d'accéder à la vérité pleine et entière, à rebours des nécessités humaines. Celles-ci inclinent l'homme, souligne Hamlet, à s'organiser absurdement selon sa fin. Dans ce cas-là, si c'est pour se confondre avec le langage ou la société, il vaut mieux pour un homme qu'il ne soit pas né.<br /> <br /> - Le ministère de la Culture est l'institution la plus totalitaire qui soit, par où le régime républicain a perpétué le culte le plus médiocre et horizontal qui soit, n'offrant aucune résistance à tous les débordements publicitaires dont les Français sont aujourd'hui victimes. Malraux ne fut qu'une grenouille de bénitier fétichiste, pilleur de tombes de surcroît, une vraie chienlit qui illustre parfaitement la démonstration par Marx du parasitisme de l'élite.<br /> <br /> - Le mépris exprimé par Sarkozy de "La Princesse de Clèves" est par où il se rapproche le plus de Cervantès. Quand Frédéric Mitterrand affirme que la France est la "tête de pont de la culture en Europe", cela relève du pur négationnisme historique. Lorsque Marx a dû s'exiler en France pour échapper aux poursuites judiciaires, c'est un esprit critique plus développé qu'en Allemagne qu'il s'attendait à trouver, non pas un sentiment religieux ou culturel plus développé.
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L
La maitrise de la langue dépasse largement le cadre scolaire dans laquelle on entend l'enfermer. Le rappel de son rôle dans l'unification de la France – en même temps que l'adoption d'autres standards communs tels que la monnaie et le système métrique – est essentiel. À l'heure où l'on parle « d'identité nationale », il n'est pas inutile de souligner la fonction du langage commun. Il est bien entendu que l'usage d'une même langue ne doit pas empêcher l'utilisation d'autres langues dans la sphère privée notamment. <br /> <br /> C'est pour cela qu'il est de toute première instance d'insister sur la maitrise de la langue par la jeunesse en situation d'apprentissage (à l'école) afin d'éviter le recours abusif à ces artifices que sont les guillemets destinés à excuser le choix d'un mot inapproprié faute d'en connaître un meilleur et les termes empruntés à l'anglais sans transformation autre qu'une mauvaise prononciation. <br /> <br /> <br /> <br /> L'usage par l'armée, institution majeure des pouvoirs publics, répond probablement au constat que, en Afghanistan, par exemple, peu de gens connaissent le français quand un élite (à cause de l'environnement immédiat anglophone) connait l'anglais. Pourtant, le malaise vient de cette nouvelle soumission à l'anglais qui, pour beaucoup d'entre nous, apparaît de plus en plus comme l'instrument de la mondialisation libéraliste après avoir été plus prosaïquement la langue du capitalisme voire de l'impérialisme. <br /> <br /> <br /> <br /> Il n'est surement pas anodin de constater la coïncidence entre l'usage de l'anglais par l'armée et un Président de la République qui accumule les fautes de français sans le moindre complexe et revendique son inculture haut et fort. Il semble que pour certains, l'usage du français ne présente pas d'intérêt dans la mesure où ça ne rapporte rien. Au contraire, ça oblige à des traduction alors qu'il serait si simple d'utiliser la même langue, quitte à la vider de son style pour la réserver aux échanges commerciaux. <br /> <br /> <br /> <br /> Cette usage de l'anglais par l'armée intervient une vingtaine d'année après que le prestigieux Institut Pasteur a décidé de publier ses travaux exclusivement en anglais. Il faut se faire à l'idée que la langue et la culture françaises perdent du terrain dans un monde plus diversifié, où l'apprentissage de l'anglais, de préférence, permet à des scientifiques (par exemple) du monde entier, de se comprendre. On le regrettera d'autant plus qu'il existe une réelle demande de français, au nom, notamment, de la diversité culturelle mais qu'elle n'est pas encouragée par les autorités françaises. Au contraire, le nombre de Centres Culturels français à l'étranger n'a cessé de diminuer depuis les années 1986/87 où M. Chirac était Premier Ministre, que la tendance n'a pas été inversée. Récemment, son successeur à Matignon a décidé de réduire les visas pour les étudiants étrangers et d'encourager les diplômés à rentrer chez eux le plus vite possible. <br /> <br /> <br /> <br /> Enfin, l'Organisation Internationale de la Francophonie brille par son indifférence à promouvoir l'usage du français dans les pays où ce n'est pas la langue principale. <br /> <br /> http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/02/22/20459361.html<br /> <br /> <br /> <br /> Le bon sens voudrait que les membres de la Francophonie s'expriment exclusivement en français dans les instances internationales (ou dans leur langue maternelle bien entendu) et non en anglais et que dans les pays où l'on parle une langue peu ou pas usitée ailleurs, on se serve du français pour les traductions à l'usage du public étranger (allusion à Vietnam Railways par exemple). On peut donc parler de soumission à l'ordre mondialiste et libéraliste. Tout comme la République s'est construite en imposant (parfois par la force et ce n'était pas à son honneur) le français et le système métrique, la mondialisation libéraliste passe par l'usage d'une langue unique, l'anglais, des mesures agricoles en usage aux États-Unis qui s'imposent de plus en plus ailleurs (dimension des roues, des écrans d'ordinateur, des cadres de bicyclette, altitude des avions etc.) et jusqu'à l'alimentation avec l'imposition de certaines semences brevetées (et l'interdiction des autres) et le nivellement de la cuisine au détriment des terroirs avec des plats qu'on retrouve partout dans le monde désormais : pizzas, kebabs, pommes-frites, hamburgers, nuggets de poulet, crevettes etc. qui correspondent au goût répandu en Amérique du nord et dans les pays anglophones.<br /> <br /> <br /> <br /> Pourtant, le succès de l'impératif « dégage » dans les pays arabes prouve la demande de langue française, notamment pour revendiquer un certain style de vie et de démocratie. Seulement, nos dirigeants et beaucoup de nos enseignants y sont indifférents tout en observant le phénomène avec un sourire condescendant qui rappelle la mission civilisatrice de la France telle que la voyait Jules Ferry en promouvant la politique coloniale dont il a été le principal artisan. C'est ce même sourire que nous renvoyons aux Québécois quand ils prétendent dire en français ce que notre paresse nous a habitués à nommer en anglais. <br /> <br /> <br /> <br /> Il y a peu de chances que M. Sarkozy soit traduit devant un quelconque tribunal pour avoir favorisé l'anglais et son avatar l'ultralibéralisme. Peu de chances pour qu'il le soit pour simplement saper le fondement de la culture française et son instrument principal, la langue, lui qui revendique tellement ce qu'il appelle « l'identité française ». Il y a d'autant moins de chances que la défense de la langue française et de son usage a été vilipendé largement lorsqu'un ministre a, fort maladroitement, imposé qu'on traduise les nouveautés en français plutôt que de garder les mots anglais. Tant que les élites et les décideurs, en France, montreront autant de mauvaise volonté à défendre leur langue, on ouvrira un boulevard à l'anglophonie et à son corollaire, la mondialisation libéraliste.
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L
Voyez aussi mon article "S'engager en francophonie" et notamment la partie intitulée "La francophonie, un combat d'arrière-garde?":<br /> <br /> <br /> <br /> http://alainindependant.canalblog.com/tag/colles/p50-0.html
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B
- Selon les lettres françaises (les moins bourgeoises), l'honneur est le propre des cocus.<br /> <br /> - Le principal rôle de la culture est d'entretenir les valeurs militaires pendant les périodes transitoires de paix, et plus généralement d'abrutir le peuple afin de le rendre plus facilement mobilisable en cas de menace pesant sur la propriété. C'est particulièrement net dans la culture fabriquée par l'élite pour le peuple, cinéma ou compétition sportive, qui exigent des moyens financiers et techniques exceptionnels. La culture populaire a contrario a tendance à résister ; elle est souvent produite par des artistes qui ont une vision plus réaliste du motif abstrait derrière la culture inculquée au peuple par l'élite républicaine.<br /> <br /> - BHL et Juppé se servent ainsi d'une rhétorique de la Révolution française, de leur invention, sans consistance historique, pour inciter des rebelles en Afrique ou au Moyen-Orient à se rebeller contre des autorités politiques qui ne détiennent pas les véritables clefs du pouvoir ; quand bien même le bilan sanglant de la guerre en Irak devrait inciter les médias à se désolidariser d'entreprises aussi sinistres.
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E
C'est un blog qui fait honneur à la France, eva
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