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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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10 mars 2012

Au Liban aussi la propriété c'est le vol

 
 


En toute liberté « La propriété, c’est le vol », disait Proudhon, un ancêtre de Marx. La doctrine sociale de l’Église ne dit pas autre chose. Dans son message du Carême, le patriarche maronite en a rappelé les deux grands principes : celui de la destination universelle des biens et celui de l’hypothèque sociale qui accompagne la propriété. L’hypothèque sociale qui, si elle n’est pas honorée, transforme la propriété privée, parfaitement légitime, en accaparement illicite.
Que dit – très brièvement – cette doctrine ? « Les biens de la création sont destinés à tout le genre humain (...). Le droit à la propriété privée, acquise ou reçue de manière juste, n’abolit pas la donation originelle à l’ensemble de l’humanité. La destination universelle des biens demeure primordiale (...). L’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aux autres (...), les biens de production – matériels ou immatériels – comme des terres ou des usines, des compétences ou des arts, requièrent les soins de leurs possesseurs pour que leur fécondité profite au plus grand nombre. Les détenteurs de biens d’usage et de consommation doivent en user avec tempérance, réservant la meilleure part à l’hôte, au malade, au pauvre. L’autorité politique a le droit et le devoir de régler, en fonction du bien commun, l’exercice légitime du droit de propriété. » (Catéchisme de l’Église catholique 2042-2045).

 


Qui a volé le mazout rouge? En attendant qu’une enquête improbable le désigne par son nom, il faut dire que c’est l’État qui en a permis ce vol, par sa gestion désastreuse de ce secteur vital. Comment a-t-on songé à subventionner le mazout, alors qu’on est incapable d’en contrôler la distribution pour s’assurer qu’il ira aux catégories sociales auxquelles il est destiné ? Là est le scandale.
« Entre vente et achat, une faute s’introduit », dit cette mine inépuisable de proverbes que sont les Écritures. La voilà la faute. Ce qui était destiné aux pauvres est accaparé par les riches, qui le revendent aux pauvres au prix fort. Là, encore plus clairement que ne l’a dit Proudhon, la propriété (du mazout rouge) c’est le vol. Quelqu’un en doute-t-il ?
Dès le moment où l’État n’avait pas le moyen de contrôler la distribution du mazout de chauffage, l’erreur était évidente. Les sociétés, les stations d’essence ont mille et une façons de stocker le mazout acheté à un prix subventionné pour le vendre à prix fort. Ce n’est pas la ruse qui leur manque, sachant que personne ne viendra contrôler leurs cahiers de comptes. C’est élémentaire. On ne va pas apprendre à des Libanais à s’enrichir.
L’État, assure le rapport de la Cour des comptes, a le droit de se faire rembourser tout le mazout acheté à un tarif subventionné et écoulé au prix fort. Voyons voir ! Qu’on nous montre, ne serait-ce qu’une fois, une seule fois, qu’un accapareur a été sanctionné, que l’État s’est fait rembourser ce qu’on lui a volé. L’État étant, bien entendu, l’émanation de la volonté populaire, et l’argent volé étant, bien entendu, le nôtre. Celui que nous versons, bon gré mal gré, au nom du bien commun et de la solidarité sociale.
Et pendant ce temps, des nourrissons bleuissent de froid, des régions entières sont privées d’électricité, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux grelottent dans leurs maisons sans chauffage, ou au fond de leurs lits, emmitouflés, attendant la clémence des éléments et désespérant de la justice des hommes.

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Commentaires
L
La "destination universelle des biens" et "l'hypothèque sociale" sont des théories juridiques qui n'ont aucun sens chrétien contrairement à la phrase de Proudhon. Ce qui est universel dans le christianisme, ce n'est pas le monde, ni la nature d'où proviennent tous les biens dont il est ici question, mais Dieu ou la vérité.<br /> <br /> Quant à l'hypothèque sociale, cette théorie brumeuse coïncide dans le temps avec la plus grande exploitation de l'homme par l'homme. Si nous ne vivons pas en démocratie mais dans un régime oligarchique, alors il faut reconnaître que c'est l'oligarchie qui a inventé cette idée d'hypothèque sociale, et qu'elle n'a donné aucun fruit.
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