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9 juillet 2012

Algérie. Les chemins de la liberté

 Le pouvoir  algérien n’en finit pas de harceler les militants des droits humains. Il terrorise et fabrique des coupables pour l’exemple.  

Car nul n’a le droit de remettre en cause les principes fondateurs  de la République. Même s’ils n’existent qu’en tant que façade et alibi pour réprimer, au nom du peuple. La République seule, Etat et Parti du FLN confondus, derrière un pouvoir qui tire les ficelles, connait  l’intérêt des Algériens et s’en soucie.

Etant donné que le FLN est revenu plus fort que jamais  par la magie des urnes ce 10 mai 2012, il  confère  au régime le semblant de  légitimité qu’il convoitait. Avec la bénédiction des observateurs internationaux. L’opposition a beau crier au loup, c’est sa participation qui a permis au système de  revenir par la grande porte. 

En conséquence, toute personne qui agit contrairement à la Constitution est déchue de ses droits et libertés fondamentaux. En ce domaine, le présent s’inscrit dans la continuité. De la Constitution de 1963 à la Réforme des Lois organiques du 12 janvier 2012, il n’est de droits et de devoirs que ceux qui servent le pouvoir.

Puisque les droits et les devoirs reconnus inviolables deviennent des crimes dès lors que la personne se permet un  droit de regard, un écart, avec les meilleures intentions au monde. Que ce soit  par la parole et/ou l’attitude, rien n’y change. Elle peut crever; qu’elle fasse  la grève au vu et au su de tous ou qu’elle soit en danger de mort, elle ne vaut  pas plus qu’une mouche.  Chacun ses choix. 

En effet, chacun est  censé, selon la loi,  assumer les risques qu’il prend. Serait-ce d’exprimer tout simplement une opinion qui ne plait pas sur la place publique ou dans les institutions. C’est là que commence l’intérêt supérieur, vrai ou supposé  de la nation.

Ou du Parti. Les plus grands partis de l’opposition n’échappent pas à cette logique. Les plus critiques et les plus constructifs de leurs militants sont régulièrement  remerciés sans ménagement. Du fait que ces partis sont des appendices du pouvoir  et du fait qu’ils n’ont rien de démocratique dans leur fonctionnement. 

Parce que la démocratie s’apprend aussi par contagion, dans la rue s’il le faut, puisque l’école fait obstruction, il faut en empêcher l’avènement.

 La raison est que le goût du jour  est à  la servilité, en place et lieu de la valorisation de la serviabilité et de la  citoyenneté.

 Pour cause, le sentiment de liberté et de responsabilité  qui en découlerait, la force de la loi, le plaisir de participer aux affaires de la cité et enfin l’alternance politique qui viendraient en corollaire, ne pourraient qu’éroder les pouvoirs et  privilèges  d’une classe politique qui se comporte en  classe impériale. C’est là, le cœur du problème.   

Aveuglé par la peur de perdre les rênes et d’avoir à rendre des comptes, le pouvoir a décidé de ne pas courir de risques. Il n’a pas besoin de preuves pour sévir,  tant il lui est vital  d’étouffer  dans l’œuf tout germe  de  sédition qui pourrait faire tâche d’huile. 

Systématique,  la répression est si bien rôdée, que le pouvoir n’a plus besoin de lever le petit doigt. Bavure policière ou disfonctionnement administratif, dira-t-on.

En fait, les forces de l’inertie sont là, le nez au vent, prêtes à se saisir de la proie, au moindre doute. Il y va de leurs intérêts. Les seuls, qu’elles  peuvent  imaginer. Les seuls qui les hantent jour et nuit.

Formatées  par une éducation qui cultive l’idéologie du ventre, elles montent la garde. Leur rôle consiste à brouiller les cartes. Les clientèles seules passent les barrières. Sous diverses étiquettes. Des plus flatteuses aux plus basses.  

Placés devant les portes du temple, les gardiens de l’immobilisme passent leur temps  à montrer les dents quand ils ne courtisent pas, ligotant les volontés, bloquant les initiatives, pourchassant tout geste d’inspiration citoyenne,  toute aspiration à l’autonomie, si infime soit-elle.

 Il en est ainsi depuis que la junte  a confisqué l’Indépendance à la fin de la guerre un 05 juillet 1962, la joie pour certains, cédant la place au désarroi, les cris s’étouffant dans les gorges.

 La toute nouvelle caste qui remplacera le pouvoir colonial usera pour s’installer  et élargir ses prérogatives de la terreur. Au nom de la Révolution, une nouvelle colonie qui n’a rien à envier à la précédente prendra place.

Le peuple des indigènes de l’époque coloniale deviendra « el ghachi » c’est-à-dire, le peuple des  filous incultes et désorganisés. Qu’il faut donc mener muni militari, d’autant plus que « l’impérialisme » est aux aguets, lui assénait-on, pour le culpabiliser et mieux le soumettre.

Le harcèlement démentiel sera épuisant, dévitalisant, et au bout compte meurtrier.  C’est bien trop simple d’incriminer la bureaucratie, le socialisme...

La barbarie  coloniale a enfanté d’une engeance non moins barbare, qui dans la lutte à mort qui les a opposées a fini par emporter la victoire. Le régime mettra cette barbarie durement  éprouvée, assoiffée de stabilité et de promotion sociale ou soumise par la loi des armes,  à son profit.  

Dans ces conditions, les cannibales  du pouvoir ne paralysent pas seulement l’administration. Ses zombies sont partout, instinct de survie ou grandes envies obligent : les charognards se nourrissent des cadavres d’une société  bloquée.

 Les femmes et les hommes intègres de l’Algérie  indépendante, savent de quoi il s’agit, quand ils ont fait leurs devoirs. Tout leur devoir, le vrai, pas celui qu’attendait d’eux le pouvoir.

Ceux qui ont survécu pleurent dans leurs cœurs, des larmes de sang et de la douleur par torrents. Quoiqu’ils vivent dans l’espoir.

Ils savent que des lendemains moins lugubres peuvent advenir, pourvu qu’il y ait une volonté politique et une conscience citoyenne.

La responsabilité du régime d’Alger dans ce débauchage d’énergie,  cette immense détresse n’est pas à démontrer. Elle est pleine et entière.

 Les élites, tous ceux  qui se sont vendus corps et âme, bradant leur brin de savoir-faire ou de pseudo-savoir, pour leur propre bien-être, alors qu’ils avaient les moyens d’être une force de proposition, un contre-pouvoir, n’en sont pas moins responsables.

  Ils répondront un jour du sang et des souffrances infligées aux innocents. A coup sûr, les sacrifices et le martyre des meilleurs  enfants de l’Algérie les rattraperont.

A coup sûr, ils ne pourront que fleurir. Même si pour l’heure, ils semblent  s’être trompés de peuple. Rien n’est perdu.

Rien n’est perdu car le peuple en a marre d’une école qui le décérèbre, de la désinformation méprisante des médias lourds comme de l’information tendancieuse infantilisante de la presse pseudo-indépendante. Il n’en peut plus de l’injustice et d’une Justice aux ordres.

Il n’en peut plus de l’arbitraire, de perdre ses enfants dans des guerres qui ne sont pas les siennes. Ayant touché le fond, il lui faut digérer ses échecs et faire la paix avec soi avant de renaitre de ses cendres.  

 Aussi,  seront-ils  chaque jour plus nombreux, ceux qui ne voudront pour rien au monde mourir aveugles. Ils  chercheront et trouveront les réponses. Les dignes enfants de l’Algérie des luttes anciennes et modernes, décapités à la fleur de l’âge   leur serviront d’étoiles.

Leur soif de lumière, leur quête de justice et de dignité trouvera en eux les modèles lumineux dont l’école les  prive à ce jour, en les gommant de leur histoire  nationale.  Les effaçant   dans le même geste de haine de soi, de  l’histoire universelle de la civilisation humaine.

Une machiavélique occultation à laquelle n’échappent pas  les figures les plus attachantes et les plus structurantes de l’histoire humaine.

 Alors ils pourront s’éveiller à la dure condition  des hommes et du coup s’élever à la digne loi de l’existence. Et la floraison sera : il leur sera donné de s’épanouir au  cœur même du despotisme.

Car ils auront arraché à la nuit la seule chose  qu’un homme ne peut donner à un autre : le respect de soi et la dignité d’être un homme. La seule chose  qu’aucun homme  ne peut prendre à un autre, tant elle a  le  goût du miel. Et ses caractéristiques.  

Rien n’est perdu. A ce stade, ils auront vaincu le plus dangereux des ennemis, l’ennemi intérieur. Cet égo qui se nourrit de l’obsédante envie de réaliser la réussite in prime.

L’ennemi  cultivé sciemment, patiemment, goutte à goutte et palier par palier,  par un instinct autiste à toute autre considération que soi, mû par  l’obscurité des mentalités retorses, inoculé par la culture officieuse et officielle qui veut pour sa bonne santé non pas des hommes mais des gnous.   

Rien n’est perdu. Ils mourraient  inconnus, méconnus, ils n’en seront pas moins vivants dans leur mort, bienheureux auprès de leur Seigneur. Celui qui juge les hommes à leur cœur, non à leur richesse extérieure.

Djouher Khater

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