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4 janvier 2013

La politique: une profession ?

Jacques Julliard développe ci-dessous un thème essentiel.

Je disais et écrivais récemment que rien n'est éternel, les partis pas plus qu'autre chose.

Historiquement, les sociétés et les civilisations se succèdent, leurs caractéristiques également.

Les partis sont nés avec le capitalisme, ils ne lui survivront pas.

Quelle(s) forme(s) prendront les nouvelles organisations qui permettront aux nouvelles sociétés de se diriger selon de nouvelles modalités.

L'obstacle essentiel à la démocratie est aujourd'hui le capitalisme lui-même et ses formes de dominations sur les individus. Dont l'existence des partis politiques.

Mais rien ne naît de rien non plus.

Christian Maurel le disait récemment dans un article que je reproduisais : des formes nouvelles d'organisation se sont fait jour dans la société. Elles ne demandent qu'à s'épanouir pour assurer l'émancipation des individus-citoyens.

Supprimons la dictature que le capital instaure sur les individus et la société et la condition de cet épanouissement sera créée.

Michel Peyret

 Contre la profession politique

Jacques JulliardMarianne - Mardi 1 Janvier 2013

Quel est l'événement politique le plus important de l'année écoulée ? On voudrait pouvoir écrire que c'est l'élection, le 6 mai dernier, de François Hollande à la présidence de la République. Ce sera peut-être le cas, mais il est encore trop tôt pour le dire. En politique, on ne sait jamais à l'avance de quoi hier sera fait.

En attendant, ce qui domine l'année, c'est la dégradation inouïe de nos mœurs politiques. Mensonges, truquages, corruption ont fait notre quotidien. Marianne s'en faisait l'écho récemment, et Michel Rocard, à sa manière franche et désabusée, n'y allait pas par quatre chemins, affirmant que le mensonge fait, en somme, partie intégrante de notre vie politique.

Voyez, par exemple, le jeu pervers auquel se livrent l'électeur et le candidat à chaque échéance importante. Le premier fait monter les enchères au maximum avant de se décider, tandis que le second finit par laisser échapper des promesses qu'il sait ne pas pouvoir tenir : c'est le prix à payer pour l'élection. Une fois celle-là acquise, nouveau changement de rôle : l'électeur, le crayon à la main, coche les cases des programmes déjà remplies et tempête en constatant les vides.

Ou bien on agite de purs symboles, tels la célèbre tranche d'impôt à 75 % pour les revenus de plus de 1 million d'euros, effet électoral énorme, incidence financière quasi nulle, effet Depardieu garanti.

Quelle entreprise, quelle association, quelle institution tendrait longtemps à pareil jeu de bonneteau ? Aussi longtemps que la démocratie électorale reposera sur des promesses, et non sur un contrat entre l'électeur et l'élu, elle ne sera rien d'autre qu'un jeu infantilisant, digne des monarchies de bas empire.

Mais il y a encore plus grave : il y a l'imposture permanente du microcosme et la scène politique transformée en caverne d'Ali Baba. Les derniers dirigeants des deux partis les plus importants de ce pays, le PS à gauche, l'UMP à droite, doivent leurs fauteuils à des impostures, à des truquages. Le scrutin de Reims (novembre 2008) qui vit l'«élection» de Martine Aubry au détriment de Ségolène Royal fut brigandage, personne, aujourd'hui, n'en doute ; cependant que c'est un authentique champion de la grande truanderie, Jean-François Copé, qui, pendant la plus grande partie de l'année 2013, va présider aux destinées de l'UMP.

Et que dire de ces séances surréalistes, dignes du Parrain, de Francis Ford Coppola, où les représentants des principales écuries présidentielles, désignés par antiphrase du nom de «poètes», se partagent les places, le pistolet sur la table, au comité directeur du Parti socialiste ?

Que dire de ce même parti, à Marseille, où des notables aux prises avec la justice continuent de faire la loi et décident des majorités ? Nous sommes tellement habitués au fonctionnement mafieux de nos organisations politiques que nous ne songeons même plus à nous en scandaliser.

Ce sont pourtant ces officines vérolées qui donnent naissance aux divers pouvoirs de la République, ceux qui font la loi, lèvent l'impôt, administrent la justice, dispensent l'instruction et la morale, font régner l'ordre et disposent de la police. A défaut d'autre raison, une telle indignité à la tête de l'Etat suffirait à expliquer la persistance des populismes, à l'extrême gauche et surtout à l'extrême droite.

Les remèdes ? Ils existent et ils sont simples, mais, comme leur adoption dépend exclusivement de ceux auxquels ils sont censés s'appliquer, il n'y a aucune chance qu'ils soient mis en œuvre.

C'est pourquoi la mesure la plus simple et la plus élémentaire, à savoir l'interdiction stricte de tout cumul des mandats, ne sera pas votée : je tiens le pari. Mais, si l'on veut aller plus loin, si l'on veut lutter efficacement contre cette professionnalisation de la vie politique qui est incompatible avec la démocratie, il faut empêcher que quelques milliers de personnes vivent, leur vie durant, de la politique.

Jacques Chirac a passé son existence entière dans les palais de la République ; jamais il n'en est sorti ; jamais il n'a exercé une profession, jamais de sa vie il n'a payé un repas de sa bourse. C'est un exemple typique ; mais la plupart de nos hommes et de nos femmes politiques vivent sur le modèle breveté Chirac.

Il est pourtant une mesure qui permettrait de mettre fin à cette situation anormale : l'interdiction de se présenter deux fois de suite à la même fonction. A ceux qui rétorquent rituellement qu'une telle règle priverait les assemblées de l'«expérience» indispensable, je réponds : c'est une blague.

Les seules assemblées qui ont réformé la France et ont établi les lois que nous respectons étaient faites d'hommes neufs, et «inexpérimentés» : témoins, la Constituante de 1789, l'Assemblée nationale de 1848, la Commune de Paris, les assemblées de 1945-1946.

Car, si l'élection est l'honneur de la démocratie, la réélection est son fléau. Le souci de la réélection est à la base de toutes les lâchetés, de toutes les faiblesses, de toutes les capitulations. Vous voulez la démocratie, dites-vous, vous voulez l'égalité ? Alors, organisez la rotation des citoyens au pouvoir ! Pour que la vie politique soit quelque chose pour tous, il faut qu'elle cesse d'être tout pour quelques-uns.

 

 

 



 

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