Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A l'indépendant
Publicité
  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
Newsletter
Archives
Visiteurs
Depuis la création 420 663
24 janvier 2013

Le projet de Marx vu par Aldo Casas

MARX, UN PROJET OUVERT

« Nous venons de le dire, rappelle Aldo Casas, mais il convient de le répéter avec les mots du Manifeste : les communistes « ne proclament pas de principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement prolétarien » et leurs thèses « ne sont que l’expression de l’ensemble des conditions réelles d’une lutte de classes qui existe, d’un mouvement historique qui est en train de se développer devant nos yeux. »

« Il suffit de l’écrire, poursuit-il, pour percevoir qu’il existe un abîme entre ces paroles et la plus grande partie de ce qui a été dit et fait par les grandes forces politiques qui agirent en son nom pendant un siècle et demi. »

 

Michel Peyret

15 janvier 2013


 

 Carré Rouge

ACTUALITÉ ET CONTENU DE LA RÉVOLUTION

Texte en version espagnole en cliquant sur "document PDF"

samedi 2 décembre 2006, par Aldo Casas

Ce texte a été envoyé par Aldo Casas. Ce dernier a été longtemps membre de la direction du MAS argentin et du courant international trotskiste dirigé par Nahuel Moreno. Il a ensuite été fondateur en 1996 à Buenos Aires, avec d’autres militants de même origine politique, de la revue Herramienta, dont il est membre du comité de rédaction (www.herramienta.com.ar). Il milite également aux côtés de Nora Ciapponi dans le collectif rassemblé autour de la revue Cimientos. Le document appelant au travail collectif « Penser le communisme, le socialisme, aujourd’hui » a fait l’objet de réunions à Buenos Aires en mai, puis en septembre 2006. Ce texte en est un témoignage, mais d’autres ont été écrits. La traduction est de Jean Puyade. Nous n’avons pas eu le temps de trouver les éditions et les pages des références aux œuvres de Marx et Engels.

Ce texte est une modeste contribution au travail collectif « Penser le communisme, le socialisme, aujourd’hui ». Il s’agit de quelques notes qui résultent d’une double lecture : essayer de comprendre le cours de la lutte de classes en Amérique Latine à partir d’une perspective marxienne, et repenser cette tradition théorico- politique à partir d’une « caractérisation » militante des processus que nous sommes en train de vivre ici.

L’horizon marxien (à partir d’un regard situé au Sud)

Il ne m’échappe pas qu’existent divers « marxismes » et que l’héritage de Marx lui-même est contradictoire et polyphonique : un Marx attaché à l’assimilation et à la discussion de la science de son époque ; un Marx qui utilise et discute la riche tradition philosophique qu’il a l’habitude d’appeler deutschen Wissenchaft (c’est-à-dire « science allemande ») pour résister à l’asservissante influence du positivisme ; un Marx qui discute en permanence avec les dirigeants ouvriers de son époque, avec son ami et collaborateur Engels et avec lui-même. Un Marx attaché à interpréter et combattre le jeu, les fétiches et les énigmes du capital, toujours présents et toujours changeants.

Ainsi la prétention de revenir à un Marx « pur » serait insensée, comme si n’existaient pas les mille et une lectures et interprétations qu’il a encouragées, inspirées et rendues possibles, comme si ne pesait pas plus d’un siècle de pratiques politiques se référant, en bien et en mal (surtout en mal), à son œuvre, comme si la critique du capital ne prenait pas des portées et des connotations nouvelles à l’heure où « devenir monde du capital est aussi devenir capital du monde ».

En définitive, il est inévitable que le « marxisme » existe à travers des interprétations, parce que ce que Marx a légué c’est un langage, une proposition, un projet ouvert, un combat en développement. Une entreprise critique basée sur l’hypothèse stratégique de la caducité du capitalisme et la possibilité de la révolution : hypothèse stratégique qui est indispensable pour une connaissance indissociable de la nécessaire transformation. [1]

Mon interprétation met en valeur quelques traits particuliers d’un marxisme qui n’est pas liberticide mais au contraire libertaire. Et je considère opportun de mettre en valeur cet aspect précisément quand l’État le plus puissant de la planète vient de promulguer une loi autorisant la torture, les prisons secrètes et les mesures répressives d’exception... « Socialisme ou Barbarie » a dit Rosa Luxembourg peu avant que la barbarie ne dévaste l’Europe et ne fauche sa propre vie. Un diagnostic aussi dramatique a aujourd’hui plus d’actualité qu’il y a un siècle, et justifie le fait de reprendre la perspective marxienne de la révolution dans la compréhension que cela implique aussi sa reformulation.

Au commencement était la critique...

Pour inscrire ces notes dans l’horizon plus général de la réflexion marxienne, il convient de réfuter, une fois de plus, la persistante légende qui, utilisant des expressions occasionnelles et extraites de leur contexte, continue à présenter Karl Marx comme fondateur d’une « Philosophie de l’Histoire » téléologique, orientée par une supposée inéluctabilité du communisme. [2]

Au contraire, l’ensemble de son travail constitue un formidable et durable apport à la compréhension de l’humaine autoconstruction déterminée de l’histoire, intégrant la tension entre le caractère téléologique des actes individuels et la causalité qui opère au niveau de la reproduction sociale totale.

Notre Marx n’est pas non plus l’artisan d’une nouvelle conception économique destinée à entrer en compétition avec les théoriciens de la bourgeoisie ou à établir des lignes politiques de ce que devrait être une « économie socialiste ». Ce que beaucoup considérèrent comme une œuvre « économique » fut en réalité une critique de l’économie politique qui « ne pouvait se limiter à critiquer telle ou telle thèse d’Adam Smith ou de Ricardo : elle devait aussi élucider la relation de l’économie en tant que réalité sociale, en tant que construction sociale de représentations et comme ensemble symbolique opaque et oppresseur [...] la critique de l’économie politique ne peut être une meilleure théorie économique ni la recherche de lois positives de l’économie. Elle ne peut être qu’une autre manière de penser l’économie ou mieux encore, une autre manière de penser les relations entre l’activité théorique et la société. » [3]

Manifestement, la critique que Marx est parvenu à développer est incomplète, et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que, comme Enrique Dussel l’a expliqué, Marx n’écrivit pas un livre appelé Le Capital, mais fut plutôt l’auteur de quatre rédactions du Capital : toutes différentes et toutes inachevées. [4] Ensuite, parce que l’expansion du capital ne s’est jamais arrêtée et que sa reproduction inclut de continuelles mutations que Marx ne pouvait prévoir. Finalement, parce que dans ses travaux se trouvent des contradictions et des apories...

Mais rien de cela ne rend opaque son formidable héritage : Marx dévoila les raisons par lesquelles le capital (relation sociale à travers laquelle l’objet produit devient sujet et domination sur le producteur) implique le caractère incontrôlable de la vie sociale. Cette scission antagonique produit et reproduit continuellement le fétichisme et l’aliénation qui se projettent de la marchandise et l’argent jusqu’à l’État.

Cette découverte lui permit ainsi de signaler que l’égalité politique des citoyens couvre les inégalités réelles qui existent dans la société capitaliste « car le pouvoir politique est précisément l’expression officielle de la contradiction de classe au sein de la société civile ». [5] De là finalement, la compréhension que l’émancipation humaine implique la nécessité de briser cette domination du capital, en révolutionnant aussi le pouvoir politique car celui-ci, une fois dissous les anciens liens de dépendance personnelle, s’est construit (et se recrée en permanence) sur la base de l’antagonisme de classe moderne.

Révolution sociale, communisme, auto-transformation

Partisan de la révolution sociale, Marx a assumé la nécessité de la lutte politique sans abandonner une critique substantielle de celle-ci. À l’idéalisation de la politique comme prétendu terrain de communication et de réalisation humaine, il opposa la solide conviction qu’il constituait en réalité une « mauvaise médiation ». Non dépassement mais au contraire expression des limitations matériellement ancrées dans l’antagonisme social qui empêchent les hommes de se manifester pleinement comme tels.

L’optique critique de Marx est radicale et mérite d’être rappelée in extenso : « Il est certain que l’arme de la critique ne peut se substituer à la critique des armes, que le pouvoir matériel doit être renversé par le pouvoir matériel, mais il est certain aussi que la théorie se transforme en pouvoir matériel dès qu’elle s’empare des masses. Et la théorie est capable de s’emparer des masses quand elle argumente et démontre ad hominem, et elle argumente et démontre ad hominem quand elle est radicale. Être radical c’est attaquer le problème à la racine. Et la racine, pour l’homme, c’est l’homme lui-même. » [6]

Dans ces textes précoces qui reflètent et expriment son passage au communisme, Marx apporte (révolution dans la révolution !) un point de vue innovateur tant de la révolution que du communisme quand il dit : a) que « la révolution n’est pas seulement nécessaire parce que la classe dominante ne peut être renversée d’une autre manière, mais aussi parce c’est uniquement par le moyen d’une révolution que la classe qui renverse réussira à sortir des sables mouvants dans lesquels elle est plongée et deviendra capable de fonder la société sur de nouvelles bases » [7], et b) que « le communisme n’est pas un état qui doit s’implanter, un idéal auquel il faut soumettre la réalité. Nous appelons communisme le mouvement réel qui annule et dépasse l’état de choses actuel ».[8]

Nous venons de le dire, mais il convient de le répéter avec les mots du Manifeste : les communistes « ne proclament pas de principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement prolétarien » et leurs thèses « ne sont que l’expression de l’ensemble des conditions réelles d’une lutte de classes qui existe, d’un mouvement historique qui est en train de se développer devant nos yeux. » [9]

Il suffit de l’écrire pour percevoir qu’il existe un abîme entre ces paroles et la plus grande partie de ce qui a été dit et fait par les grandes forces politiques qui agirent en son nom pendant un siècle et demi.

Malgré cela (ou peut-être précisément à cause de cela) je pense qu’il est temps de reprendre la perspective communiste posée non plus comme un modèle social imposé (et qui a échoué), mais plutôt comme une réalité en devenir. Je pense aussi que la bataille pour le communisme ainsi assumée est consubstantielle d’une conception et d’une revendication de liberté qui déborde l’optique libérale de la liberté individuelle contingente et rend possible la tendance des hommes à se libérer de la nécessité pour se réapproprier une liberté véritable et socialement partagée.

Et il me semble que des perspectives et tendances semblables palpitent dans les nouvelles formes d’organisation et de lutte qui font irruption « depuis en bas et vers la gauche » (ce sont les termes des zapatistes) de long et en large de notre continent. En Amérique latine il se produit une confuse mais vitale irruption de secteurs significatifs des classes subalternes, animant des mouvements et des pratiques sociales qui, au-delà des ambiguïtés et des contradictions, contrastent avec la continuelle et répétitive décomposition des politiques « institutionnelles » (incluant celles qui se prétendent de « gauche »).

Il s’agit de mouvements sociaux qui s’affrontant aux politiques répressives ou clientélistes du pouvoir établi affirment que « la politique est ailleurs », cherchent à articuler « une autre politique » et explorent des formes de démocratie directe à travers lesquelles des individus de communautés concrètes délibèrent et résolvent de manière collective des questions de leur vie quotidienne et de leur existence matérielle.

Certes, ils n’ont pas obtenu « des solutions » et les problèmes de l’exploitation et de l’oppression font pression comme toujours... mais il est également vrai qu’ils ont changé les termes et le terrain dans lesquels ces problèmes se posent : « La coïncidence du changement des circonstances et de l’activité humaine ou auto- transformation [Selbstveränderung] ne peut être perçue et comprise rationnellement que comme pratique révolutionnaire » [10]

Liberté communiste

Tant le caractère oppressif et répressif qu’eurent les régimes du mal nommé « socialisme réel » que le bureaucratisme autoritaire qui a fini par s’imposer dans pratiquement toutes les grandes organisations politiques et syndicales du mouvement ouvrier, obligent à reprendre et à mettre en valeur le combat pour la liberté.

Giussepe Prestipino, qui aborde en profondeur et avec rigueur cette question, rappelle que déjà le Manifeste définissait le communisme comme « une association dans laquelle le libre développement de chacun sera la condition pour le libre développement de tous » [11]. Il passe en revue divers apports de marxistes qui, reconnaissant la valeur non contingente de quelques « libertés négatives », privilégient la lutte pour une liberté positive comprise comme liberté commune de chacun et de tous qui augmente celle de tous et de chacun.

Ceci est la notion de la liberté communiste : la liberté (de faire, d’avoir, de savoir, de délibérer) que j’obtiens pour moi est plus grande si tous l’obtiennent également et, inversement, si je n’opprime pas directement ou indirectement l’autre, je suis aussi plus libre ; si l’autre n’est pas un sujet aliéné, plus grande sera aussi ma dignité.

Conçue surtout comme tendance ou mouvement, la reconnaissance marxienne de la liberté a diverses facettes. Liberté, comme conscience et maniement de la nécessité, avec la médiation dialectique du travail. Liberté, comme liberté conquise commune à tous les individus associés...

Prestipino souligne finalement le progrès théorique et politique que représente le fait de se rendre compte que la libre volonté se vérifie aussi et surtout dans la reconnaissance non plus de la nécessité mais de tous les possibles. [12]

Gramsci, en particulier souligna que la volonté politique cesse d’être un enregistrement de prétendues nécessités univoques, pour se transformer elle-même en l’un des dits « facteurs objectifs », s’élevant au niveau d’une volonté capable de faire une synthèse entre elle-même et l’ensemble des conditionnements objectifs. Et Gramsci d’affirmer que la liberté est la dialectique de toute l’histoire humaine, mais que dans un moment historique déterminé elle devient « consciente de l’être », à la dialectique entre nécessité et liberté s’ajoute une dialectique supérieure entre liberté « objective » et conscience « subjective » de la liberté. [13]

Ma conclusion est la suivante : la critique marxienne des libertés formelles ne doit pas conduire au « liberticide », mais à la conjugaison des « libertés mineures » dans une liberté plus grande qui est la liberté de contribuer à la construction d’une « volonté générale » capable de révolutionner l’actuel ordre social, et cela exige un authentique pluralisme socialiste : « la condition élémentaire de la mise en pratique des principes d’une transformation socialiste [...] c’est la production d’une conscience de masses socialiste comme unique forme réalisable de l’auto développement de l’action commune. Et cette dernière, bien sûr, ne peut surgir que des constituants véritablement autonomes et coordonnés (non dominés et manipulés hiérarchiquement) d’un mouvement pluraliste par essence. » [14]

Transitions en Amérique Latine

La « crise de la politique » assume des formes et des contenus très divers, mais il est important de ne pas perdre de vue qu’elle représente une crise de légitimité articulée à la crise structurelle du capitalisme comme mode de reproduction métabolique social qui implique aussi la crise de ses cadres étatiques de régulation et de contrôle.

Ainsi, comme effet non voulu de la formidable offensive dans laquelle le capital est engagé depuis la « révolution conservatrice » des années quatre-vingt et des résistances que celle-ci a éveillées, nous assistons à ce qui paraît être une crise de civilisation et à un changement historique dans la confrontation entre le capital et le travail.

Ceci impose - en Amérique latine, de manière très urgente et concrète- qu’exploités et opprimés cherchent de nouvelles et différentes formes de revendiquer leurs intérêts vitaux. Selon Mészaròs, pour la première fois dans l’histoire il se révèle impossible de maintenir une muraille entre revendications immédiates et objectifs stratégiques généraux, séparation qui fut à l’origine de mystifications qui facilitèrent l’enfermement du mouvement ouvrier traditionnel dans la voie sans issue du réformisme.

Il apparaît maintenant dans l’agenda historique de « ceux d’en bas » la nécessité de chercher, même de manière fragmentaire et à tâtons, l’authentique contrôle d’un ordre social métabolique alternatif aux contradictions chaque fois plus destructives du capital, en établissant les médiations politiques et matérielles nécessaires.

De cela se dégage aussi l’actualité des luttes orientées vers l’égalité substantielle, en opposition aux limites de l’égalité formelle, en opposition aussi à l’inégalité hiérarchique substantielle qui est propre aux processus de prise de décisions du capital. Parce que le mode alternatif socialiste de contrôle d’un ordre métabolique social non antagonique et authentiquement planifiable - ce qui est absolument nécessaire pour le futur - est inconcevable s’il n’a pas l’égalité substantielle comme principe structurant et régulateur. [15]

Ceci est un défi qui prend corps, par exemple, dans le caractère constitutif que cherchent à imprimer à leur combat épique en Bolivie les travailleurs et pauvres des villes qui sont aussi paysans et indigènes, et qui entre en conflit avec le « capitalisme andin » ébauché par le gouvernement de Evo Morales et de son « intellectuel » de vice président.

Et plus encore au Venezuela. Ici je citerai un militant vénézuélien, Miguel Mazzeo : « La Révolution Bolivarienne nous convie à penser-agir en termes de transition, habitude qui était tombée en désuétude, catégorie dont la fréquentation est à risques. Le passage de la nécessité à la liberté ne peut se concevoir comme un acte unique, abrupt et unidirectionnel. Il existe des médiations. Et celles-ci existent parce que le processus de construction du socialisme ne se développe pas dans le vide, mais dans le cadre d’une réalité historique déterminée. La conscience d’amples secteurs qui sont acteurs de la révolution est de bon augure : ils se voient eux-mêmes comme transitant les premiers tronçons d’un processus de construction contre hégémonique. La transition vénézuelienne a eu, a et aura des aspects lumineux et d’autres opaques. Jamais elle ne pourra être linéaire et non contaminée étant donné qu’il s’agit, ni plus ni moins, de sortir du capitalisme, de sa culture totalisante, de ses logiques qui combinent l’exploitation, la domination et la reproduction. Il s’agit de construire une vision latino américaine du socialisme et un nouveau paradigme émancipateur. » [16]

On pourra répliquer que rien de cela ne ressemble à la Révolution d’octobre 17, ni à la Révolution Chinoise, ni à la Révolution Cubaine ; on dira qu’il n’existe ni Parti Bolchevique, ni Armée Populaire de Libération, ni Direction de Guérilla...

Cela est vrai, et cependant, la Révolution est bien là : je dirais presque que le fait de ne pas ressembler aux antérieures n’est pas une carence mais au contraire une potentialité additionnelle.

Après tout, c’est Marx qui nous a avertis que loin de s’en tenir à un « modèle », les révolutions prolétariennes « se critiquent constamment elles-mêmes, s’interrompent continuellement dans leur propre marche, reviennent sur ce qui paraissait achevé, pour le commencer à nouveau depuis le début, se moquent consciencieusement et cruellement des indécisions, des aspects faibles et de la mesquinerie de leurs premières tentatives ». [17]

Je mentionne la « Bolivie », j’écris le « Venezuela » je veux dire en réalité, et avec cela je conclus, que le défi concerne en réalité notre Amérique toute ensemble : nous sommes devant ce qui pourrait être un nouveau « moment constitutif » de nos sociétés latino américaines et son dénouement pourrait fonder pour un long temps la « manière d’être » du continent. [18]

C’est le moment de rappeler avec José Carlos Mariategui : « Nous ne voulons pas, assurément, que le socialisme soit en Amérique calque et copie. Il doit être création héroïque. Nous devons donner vie, avec notre propre réalité, avec notre langage propre, au socialisme indoaméricain ». Sans oublier, comme la revue Amauta elle-même ne l’oublia jamais, que nous ne pourrons pas le réaliser seuls. L’entreprise est internationale et internationaliste.

 

  1. Daniel Bensaïd : Marx ‚l’intempestif, Paris, Fayard, 1995

  2. Idem en particulier le chapitre : « Marx critique de la raison historique ».

  3. Jean Marie Vincent : Un autre Marx. Après les marxismes, Lausanne, Editions Page deux, 2001, Pags. 98 et 100.

  4. Enrique Dussel : La producciòn teòrica de Marx. Un comentario a los Grundrisse ; Hacia un Marx desconocido. Un comentario de los Manuscritos del 61-63 ; El ùltimo Marx (1863-1882) et la Liberaciòn Latinoamericana, Mèxico, Siglo XXI, 1985, 1988, 1990.

  5. Marx : Misère de la philosophie.

  6. Marx, « Autour de la critique de la Philosophie du droit de Hegel », dans Marx et Engels : La sacrée famille.

  7. Marx et Engels : L’Idéologie allemande.

  8. Marx et Engels : L’Idéologie allemande.

  9. Marx et Engels : Le Manifeste du Parti Communiste.

  10. Marx, 3° des Thèses sur Feuerbach. Georges Labica souligne l’importance du mot « auto changement », omis dans la version corrigée par Engels, et explique : « Le changement est auto-changement. La pratique révolutionnaire le met en évidence parce que c’est sa réalisation [...] L’auto transformation est le processus ininterrompu de la révolution, toujours opératif dans la pratique [...] Là se trouve l’origine de l’idée d’auto-émancipation du prolétariat. » (voir Georges Labica, Karl Marx. Les thèses sur Feuerbach, Paris, PUF, 1987, pp. 55-65).

  11. Op. cit., page, 91.

  12. Giuseppe Prestipino : Realismo e Utopia. Roma, Editore Riuniti, 2002. Spécialement “Discorrendo de comunismo e Libertà”.

  13. Antonio Gramsci : Cahiers de prison, Vol.4.

  14. Istvàn Mészàros : Beyond Capital : Towards a Theory of Transition, London, Merlin Press, 1995.

  15. Istvàn Mészàros : Socialism Or Barbarism : From The ‘American Century’ To The Crossroads, New York, Monthly Review Press, 2002. Pour un traitement plus exhaustif, voir Beyond Capital, dernière partie.

  16. Miguel Mazzeo : « La revoluciòn bolivariana y el poder popular » en Nora Ciapponi, Guillermo Cieza y otros : Venezuela la revoluciòn por otros medios ? Buenos Aires, Dialktik Editora, 2006, pàg.51.

  17. Marx, Le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte.

  18. Catégories utilisées par René Zavaleta, prises chez José Gandarilla : Globalizaciòn, totalidad e historia. Ensayos de interpretaciòn crìtica, Buenos Aires, Ediciones Herramienta-UNAM, 2003, pàg.88.

Document joint: version espagnole de l'article (PDF – 232.5 ko)

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité