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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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11 mai 2013

Les mamelles serviles du capital

 

Las ! Pour Olivier Pascault, « notre mémoire n’est pas défunte. Historiquement, aussi bien concernant les nationalisations de l’immédiat après-guerre que celles de 1981, sans le rôle économique que l'Etat a pu jouer, jamais le capitalisme n'aurait pu vivre, se déployer et s’étendre. Encore moins survivre sans la participation des Etats à la résorption, même minime, de son antagonisme fondamental situé dans le règne de la marchandise. »

Il apparaît nécessaire de rappeler quelques vérités premières.

La nationalisation, c'est l'étatisation, c'est l'Etat-patron, et cet Etat c'est l'etat capitaliste !

Ainsi Marx parlait-il de république bourgeoise !

Aussi, l'on aimerait bien que ceux qui préconisent aujourd'hui une 6ème République précisent bien qu'il ne pourrait s'agir en aucun cas d'une nouvelle république bourgeoise !

Michel Peyret


Cercle Républicain Edgar Quinet Aristide Briand
Recours aux nationalisations :
rengaine capitaliste de la socialisation des pertes pour maximiser d’ultérieurs profits

 

Dès 1972, François Mitterrand préconisait, en cas de victoire électorale, la nécessité de procéder à de nouvelles nationalisations pour réaliser un plan économique contre le chômage, l'inflation et la crise.

Dans son introduction (intitulée « Changer la vie ») du Programme de gouvernement du Parti socialiste, le héraut d’ Epinay écrivait ainsi :

« Le Parti socialiste propose d'arracher aux monopoles l'instrument de leur pouvoir en transférant les grands moyens de production du secteur privé au secteur public. Dans l'immédiat, ces nationalisations affecteront par priorité l'ensemble du domaine bancaire et financier (quel chef d'entreprise ignore que les banques sont les nouveaux seigneurs ?) et elles s'appliqueront au domaine industriel selon des critères précis. Par exemple, seront nationalisées les industries pour lesquelles les commandes de l'Etat constituent la plupart des débouchés et les industries où la concurrence ne peut fonctionner de façon satisfaisante sur le plan national. De même, lorsque le développement et la reconversion de certaines industries conditionnent l'expansion économique, ou bien là où les entreprises dépendent largement d'un financement public, des mesures d'encadrement et, le cas échéant, des appropriations publiques ponctuelles seront décidées. A la demande de la majorité des travailleurs d'une entreprise, le Parlement pourra enfin en décider la nationalisation. »

Parvenu au pouvoir en 1981, les nationalisations ont immédiatement été très profitables aux entrepreneurs, car indispensables à la survie du régime capitaliste. Elles ont surtout servi à renflouer une série de grands groupes industriels et financiers privés français assez mal en point pour nombre d’entre eux, avant qu’ils soient à nouveau privatisés à compter de 1986 successivement par la droite puis par la gauche, l’apport de fonds publics et les restructurations engagées ayant permis de restaurer leur considérable rentabilité.

Aujourd’hui, en pleine crise économique marquée par la domination de l’économie financière qui ne réinvestit plus ses profits dans l’économie productive, et les prochaines conséquences dramatiques du chômage et de la paupérisation galopante dans le monde, ainsi que nous l’écrivions il y a tout juste un an (cf. Lettre 17, « Les fonds de l’UIMM et du MEDEF : Le dessous des cartes »), la montée des périls s’aggrave. Durablement. Dans le sang et la douleur… Gémissons et espérons à la fois par notre seule volonté de membre (provisoirement atomisé) du peuple. 

D’une guerre à l’autre

 

Pour tenter de secourir un système financier ayant conquis son autonomie et anonymat paroxystiques, des banques et des compagnies d’assurance sont rachetées en totalité ou partie dans les pays capitalistes. La liste n’est pas exhaustive : aux Etats-Unis, l’assureur AIG, Fannie Mae et Freddie Mac, les deux agences de refinancement hypothécaire ; en Belgique et aux Pays-Bas Fortis ; en France et en Belgique Dexia ; en Allemagne Hypo Real Estate ; en Grande-Bretagne Nothern Rock, Bradfor & Bingley, etc.

La presse internationale, toujours prompte à toute connivence entre laudateurs du capitalisme, se prend à imaginer que des gouvernements très libéraux seraient devenus collectivistes. En France, un emblématique patron, Arnaud Lagardère, va jusqu’à en appeler publiquement à Marx.

Fi donc ! A l’heure actuelle, peut-on véritablement parler de nationalisations, ne serait-ce qu’au sens gaullien de réappropriation d’un bien commun utile à la nation tout entière, au sortir de l’occupation allemande ?

Certes, aujourd’hui, il ne s’agit nullement d’une reprise en main d’entreprises destinée à nourrir un projet contraire à la libre amplification de la course à la rentabilité financière mais bien d’une socialisation généralisée des pertes des banques. L’Etat et le citoyen-contribuable sont devenus, en un tour de main, les deux mamelles serviles du capital.

Las ! notre mémoire n’est pas défunte. Historiquement, aussi bien concernant les nationalisations de l’immédiat après-guerre que celles de 1981, sans le rôle économique que l'Etat a pu jouer, jamais le capitalisme n'aurait pu vivre, se déployer et s’étendre. Encore moins survivre sans la participation des Etats à la résorption, même minime, de son antagonisme fondamental situé dans le règne de la marchandise. Car, c’est bien là le rôle des vertueuses conceptions de l’Etat-Providence ou celles dites « régulatrices » recherchant à aménager des cautères sociaux (Rmi, Rsa, allocations chômage, prêts à taux zéro…) sur la misère engendrée par la réification des hommes et femmes. Avec un tel subterfuge, on sait éviter à peu de frais jacqueries et luttes sociales généralisées. Pour combien de temps ? 

Un trompe-l’œil

Un exemple de « régulateur » industrieux nous permet de saisir l’embout du canon que nous posent sur le front quelques énergiques contempteurs du socialisme républicain.

L’économiste Dominique Strauss-Kahn, alors candidat à l’investiture de ses camarades de parti, en 2006, affichait l’idée des « nationalisations temporaires » tout en proposant la création d’une agence de réindustrialisation. Ainsi, souhaitait-il mettre l’intervention publique au service des territoires (nota : et non plus la nation !). Pour lui, notre tissu industriel semble fortement menacé par des phénomènes de délocalisations et une disparité de traitement selon les « zonages économiques ». Cette nationalisation temporaire des entreprises leur permettrait « un apport en capital devant leur servir à surmonter une mauvaise passe ».

In deo credo ! Loué soit cette belle pensée, désormais incarnée depuis le Fonds monétaire international et ses affidés réunis au Club des chefs d’Etat soucieux de contrôler « les dérives prédatrices » du capitalisme, pour reprendre l’expression de Nicolas Sarkozy.Car, à l’heure de la crise libérale du régime capitaliste, l'Etat et surtout les collectivités locales, communes et départements devront assumer un rôle majeur dans la reconstitution d’une infrastructure privatisable (routes, chemins de fer, canaux, ports, docks, etc.).

En France, c'est toujours l'Etat qui a construit les chemins de fer, par exemple, et en a originellement confié la gestion à des sociétés privées. C'est aussi lui qui a institué, encore un autre exemple, les Postes-télégramme-téléphone et plusieurs entreprises alternant avec les flux possessifs de capitaux.

L'Etat a aussi joué un rôle non moins primordial dans la mise sur pied du crédit. En effet, avec son appui, la Banque de France a été fondée en 1800 et a rempli une fonction centrale dans le développement du système de crédit (privilège de l'émission de la monnaie pour la France entière en 1848, réescompte, avances sur titres, etc.). C'est encore l'Etat qui a créé en 1816 la Caisse des dépôts et consignations, le Crédit foncier en 1855, etc.

Evidemment, ces marchés que l'Etat ouvre ont toujours été une source constante de profits pour le capital et ont, par nature, bien souvent été décisifs pour la constitution d'importants secteurs industriels. 

Résister : la République, toute la République…

 

Temporairement, pour résister à la crise financière, et contre ses effets sur l’économie productive, et non financière (devons-nous ajouter pour être incisifs), des changements de propriété doivent être opérés.

Et ce n’est certainement pas la rengaine de la nationalisation s’opérant sous nos yeux qui sera efficace. Bouleverser la gestion dans le privé et dans le public demeure une priorité, une mesure de salut public. L’interventionnisme actuel des Etats et des banques centrales pour sauvegarder le système financière, limité et insuffisant s’il en est, démontre l’émergence souhaitable d’autres règles économiques viables fondées sur un vaste champ de manœuvre républicain et constituant.

Là, nous ne livrons pas une réponse de principe ou de bonne morale humaniste : c’est une question de vie ou de mort pour l’homme qui n’a que trop subit la résolution des conflits capitalistes dans les repartages du monde impérialistes… c’est-à-dire dans le saccage des vies, les guerres.

Pour remplir cet objectif vraiment pacifiste, nulle étiquette politique ne rassemblera l’adhésion populaire sans actes concrets que le peuple gouvernera collectivement, socialement en gardant sa vigilance instituante. La République n’admet plus le blanc-seing mais l’analyse en amont et la pratique universaliste de la raison dans la décision politique d’ensemble dans et pour les peuples.  

Olivier Pascault

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