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18 mai 2013

Echos du monde musulman

      Nous donnons ici un exemple de "lettre" que nous fait parvenir mensuellement Yves Montenay.

 

 Échos du monde musulman N° 188    

 

16 mai 2013

 

 

 

Début d'affolement chez les pays producteurs de pétrole

 

Les professionnels savent depuis longtemps que la production de gaz et de pétrole de schiste aux Etats-Unis, puis ailleurs dans le monde, pousse à la baisse les prix du pétrole. En sens inverse les prix étaient poussés à la hausse par la folle consommation de la Chine et accessoirement celle des autres pays où le prix public est massivement subventionné (non seulement les pays du Maghreb et l'Égypte dont nous avons parlé, mais aussi l'Arabie et bien d'autres). Mais la croissance chinoise sera plus faible et moins « BTP et industries lourdes », tandis que les difficultés budgétaires pousseront d'autres pays à revoir les subventions. Bref les facteurs de hausse des prix vont s'affaiblir, et les cours peut être s'effondrer. « Encore un complot de la CIA » diront certains, puisque c'est cet organisme qui répand ces mauvaises nouvelles, mauvaises pour les producteurs bien entendu.

 

Ces derniers ont donc des sueurs froides. Une éventuelle austérité budgétaire pourrait amener des troubles sociaux et restreindre les largesses à leurs « clients » étrangers, islamistes et salafistes. Donc des conséquences géopolitiques dépassant de loin le domaine économique.

 

 Subventionnite aigue : la Tunisie aussi

 

Dans ce pays aussi, les subventions galopent. Elles ont plus que triplé en 3 ans, le nouveau pouvoir « arrosant » largement pour limiter le mécontentement. Comme ailleurs les subventions concernent surtout les carburants et combustibles (la bouteille de gaz achetée 26 dinars est revendue 8), et les aliments de base non transformés, avec les mêmes inconvénients que dans les autres pays dont nous avons déjà parlé.

 

Bien entendu la consommation de ces produits a fortement augmenté, tandis que la petite production pétrolière tunisienne est maintenant très insuffisante pour les besoins du pays, ce qui accentue sa dépendance envers les pays producteurs qui lui fournissent directement ou indirectement des centaines de millions d'euros et l'alimentation pas uniquement intellectuelle des diverses catégories d'islamistes.

 

 J'en profite pour signaler qu'à l'échelle mondiale, les seules énergies fossiles (charbon pétrole…) sont subventionnées à la hauteur de 400 milliards de dollars par an, ce qui accroît le gaspillage des plus rares comme le pétrole. Rappelons qu'en France et dans les pays voisins, ces énergies sont au contraire taxées et donc les consommations beaucoup plus modestes à niveau de vie individuel égal.

 

« Le monde des musulmans », suite

 

Vous vous souvenez que j'avais commencé à vous présenter dans ma dernière lettre cette gigantesque enquête d'opinion, dont le titre complet est The World’s Muslims: Religion, Politics and Society. La semaine dernière nous avons cité les opinions sur la charia, cette semaine ce sera celles sur les femmes.

 

D'abord, un consensus : elles doivent toujours obéir à leurs maris. Par contre c'est à elles de choisir si elles portent le voile ou non (je rappelle que le voile n'est pas une obligation coranique ; le fait qu'elle soit néanmoins une obligation religieuse est controversé). Les questions de divorce à l'initiative de la femme (coraniquement possible sous conditions) sont également controversées.

 

Ce sont sans surprise les femmes qui se soucient le plus droit des femmes, et la distribution des opinions par pays est en gros toujours la même, les plus favorables étant les pays « périphériques » de l'Islam : Europe, monde turc, Indonésie, Maroc et Tunisie.

 

Malgré sa codification religieuse l'héritage inégal (une femme touche 2 fois moins qu'un homme, parce que seul ce dernier est censé contribuer aux frais du ménage) est également majoritairement rejetée dans certains pays, toujours européens et turcophones, mais cette fois rejoints par le Pakistan, alors que le Maroc et la Tunisie, hommes et femmes confondus, en sont au contraire cette fois les plus chauds partisans. Il serait intéressant de croiser ces données avec celles touchant le travail salarié des femmes. La corrélation semble bonne en Europe et dans le monde turcophone, mais moins évidente ailleurs : un collègue démographe peut-il y regarder de plus près ?

 

Je rappelle que je ne fais que résumer grossièrement les résultats du sondage, sans exprimer d'opinion. Ce sondage est purement quantitatif et ne rappelle pas les caractéristiques historiques et culturelles de chaque pays. Je rappelle donc que les pays musulmans européens et turcophones autres que la Turquie ont été profondément sécularisés par des régimes communistes, la Turquie l'ayant été par Atatürk. Quant aux pays musulmans à l'est de l'Inde, et particulièrement l'Indonésie, le pays musulman le plus peuplé, l'islam s'y est implanté au fil des relations commerciales et intellectuelles, donc sans bousculer le fonds culturel bouddhiste et hindouiste. Enfin les données apparemment contradictoires du Maroc et de la Tunisie (je regrette l'absence de l'Algérie !) traduisent peut-être une contradiction entre une influence française sécularisante et un fond religieux profond entretenu par les hostilités séculaires avec les chrétiens voisins : Portugais, Espagnols, Italiens et Français.

 

Une illustration marocaine ?

 

Faut-il voir une nouvelle illustration de cette tension dans l'opposition, au Maroc, entre les oulémas traditionnalistes et des élites qui le sont moins ? Les premiers viennent d'émettre une fatwa hostile à la liberté de conscience et notamment aux apostats. Ils ont été contredits par le ministre des affaires islamiques (« c'est la loi qui prime et non le sentiment des religieux »).

 

Les élections en Malaisie et au Pakistan

 

La presse française en a bien rendu compte, donc je vais être très bref.

 

En Malaisie le parti au pouvoir depuis plus de 50 ans et théoriquement pluriethnique a remporté moins de 50 % des voix, mais la majorité des sièges. Cela grâce un découpage électoral qui favorise les paysans musulmans malais et à une discrimination positive qui assure des postes à leurs enfants. La population urbaine composée de Malais « modernes », de Chinois et d'Indiens, partisans au contraire de méritocratie, a voté pour l'opposition et a reçu le renfort des islamistes avec lesquelles il leur aurait été difficile de cohabiter.

 

Au Pakistan, les talibans ont tué plusieurs candidats « laïques » et menacé de mort ceux qui voteraient. La participation a pourtant été record (60 %) et le parti (relativement) laïque mais un brin féodal du premier ministre est en tête au détriment du parti analogue de la famille ex-Bhutto, réputé plus corrompu que les autres. Comme en Italie, il y a une percée notable d'un non politicien célèbre (ici, un champion de cricket) qui va compliquer les nécessaires coalitions. Le probable premier ministre reconduit est un partisan de l'apaisement avec l'Inde, ce qui serait excellent pour les deux pays mais pas forcément accepté par l'armée pakistanaise.

 

L'Algérie cache son Sahara

 

Les habitants du Sahara algérien se sentent négligés par le pouvoir et sont souvent ethniquement ou religieusement différents de la majorité « nordiste », comme, mutatis mutandis, les Maliens du Nord par rapport à ceux du Sud.

 

Or un terroriste venant de Tunisie ou de Libye et voulant aller en Algérie (voir, au-delà, au Mali) pourrait facilement passer la frontière en évitant l'armée algérienne : la vue est tellement dégagée qu’on peut apercevoir les mouvements des services de sécurité à plusieurs dizaines de kilomètres. Problème résolu : les Algériens ont aligné des milliers de conteneurs remplis de sable et se cachent derrière.

 

Appel au peuple et cadeau (!)

 

Cette lettre est gratuite et entend le rester. Toutefois elle demande à notre association, l’ICEG, des efforts financiers qui, bien que très modestes, commencent à la dépasser. De petits dons seraient donc les bienvenus (chèques à l'ordre de ICEG, 12 rue Abel 75012).

            Je remercie les abonnés qui y ont pensé depuis longtemps, et ceux qui viennent de le faire en leur envoyant un petit recueil de témoignages sur la situation du français dans les pays arabes … et bien sûr un reçu fiscal pour diminuer leur impôt (écrire à iceg@noos.fr)  !

 

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