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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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6 août 2013

La question majeure posée par les théologiens de la libération

Les théologiens de la libération ont posé la question majeure : le changement radical, dont le monde a besoin pour surmonter les inégalités (et les violences qui en découlent), ne peut se fonder sur une idéologie déterministe, que ce soit celle du "progrès" des libéraux ou sa variante " dialectique " chez les intégristes du socialisme dit "scientifique" (en réalité : positiviste, car les sciences peuvent nous fournir de merveilleux moyens mais ne sauraient nous désigner des fins dernières). Toute espérance de mutation, inversant nos nouvelles dérives, implique le postulat opposé au déterminisme : la transcendance, c'est-à-dire la possibilité pour l'homme de rompre avec les fins - ou plutôt l'absence de fins - imposées par le système.

Les expériences historiques de construction du socialisme, sous le nom usurpé de
" marxisme ", ont échoué. Au-delà des fautes des hommes, l'erreur théorique majeure de ceque l'on a appelé " le socialisme historique ", fut de prétendre qu'il était possible de libérer l'homme en faisant abstraction de sa dimension transcendante.
Les théologies de la libération ont ouvert une voie inédite de nos jours, à l'union indissolublede la foi et de l'histoire. D'un même mouvement elles rappellent aux uns la dimension transcendante de l'histoire, et aux autres la dimension historique de la transcendance.
Elles ont ainsi dépassé deux dualismes inverses et symétriques qui bloquaient le chemin vers une libération plénière de l'homme : une foi en la transcendance conçue comme extériorité eschatologique et sous-estimant les luttes historiques des hommes, ou un engagement dans l'histoire sans référence absolue. Cette double partialité a conduit, en Occident, à une ouble impuissance: celle d'un christianisme sans prise historique sur les mouvements concrets de libération des hommes, et celle d'une faillite de ceux qui guerroyaient dans une histoire close.
Les théologies de la libération constituent le plus grand effort contemporain pour mettre fin à ce divorce.
La foi en la transcendance est un pari, un postulat, tout comme la croyance en un éterminisme universel dans l'engrenage duquel l'action de l'homme n'est qu'un cas particulier du mouvement des choses. Ce choix seul permet de donner un sens à notre vie en lui rendant la responsabilité de vaincre les dérives mortelles de notre temps.
Cette transcendance, comme postulat de toute action libératrice, les théologies de la libération ne la définissent pas comme extériorité mais comme possibilité permanente de rupture et de dépassement à l'égard du passé. Jésus en a donné le modèle en consacrant sa vie et sa mort à la lutte contre les dominations sacralisées. Mais la lecture traditionnelle du message divin a été faite " par en haut", par les pouvoirs. La lecture des théologiens de la libération est une lecture " par en bas ", c'est-à-dire à partir des exclus, à partir de ceux qui travaillent, souffrent, vivent et meurent sans savoir à quoi leur travail, leur souffrance, leur vie et leur mort peuvent servir. Pour ceux-là l'avenir est la seule espérance de la résurrection, c'est à-dire du passage de la mort à la vie réelle : une vie qui ait un sens. Ce n'est pas en " se penchant " sur eux, mais en devenant l'un d'eux, en partageant leur existence, leurs souffrances, leurs espérances, que le théologien vivra sa théologie non comme une carrière libérale, mais comme un témoignage militant du message.
 
Roger Garaudy
 
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