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9 août 2013

Yves Montenay: Échos du monde musulman N° 196

 

L’Iran sous le tchador

 

 Pour poser dans les publicités, les Iraniennes doivent être en tchador sans qu’une mèche de cheveux ne dépasse. Pour ne pas courir ce risque, certaines se rasent donc la tête.  Heureusement, il y a les réseaux sociaux (photo)  pour se faire remarquer par des agences de mannequins. Les hommes désirant être mannequins, eux, peuvent tenter normalement leur chance, n'étant pas soumis à une réglementation vestimentaire.

 

Voir l’article complet sur :

 

http://observers.france24.com/fr/content/20130731-etranger-mannequins-model-hijab-afcebook-iran-teheran

 

(les habitués des régimes totalitaires auront noté un détail dans cette adresse)

 

La Tunisie

 

La situation commence à ressembler à celle de l'Égypte avant la déposition du président Morsi :

 

-  des islamistes au pouvoir régulièrement élus, mais essayant de garder le pouvoir au delà du terme prévu (Tunisie) ou par des moyens discutables (Égypte, nos lettres),  voient leur légitimité, ou ce qui en reste, diminuée par leur échec économique notamment lié à la dégradation de l'ordre public : violences et assassinats font fuir les investisseurs et les touristes,

 

-  des manifestations anti-islamistes, et les contre-manifestations symétriques,

 

-  la guérilla sur une partie du territoire (les montagnes proches de l'Algérie en Tunisie, le Sinaï en Égypte).

 

La principale différence est que l'armée tunisienne, contrairement à l’égyptienne, est de tradition apolitique. Il y a également une différence de degré par rapport à l'Égypte : moins de morts, effondrement moins profond de l'économie, mais c'est une maigre consolation de savoir qu'ailleurs, c'est encore pire.

 

L’Égypte

 

 La situation n'a pas beaucoup évolué depuis notre dernière lettre. L'Union Européenne et les États-Unis demandent au pouvoir transitoire de ne pas réduire par la force l'occupation de deux places par les partisans des Frères et de trouver un compromis avec eux.

 

Par contre, ce qui a évolué, c'est l'origine des devises sans lesquelles on ne pourrait bientôt plus importer de nourriture, de médicaments et de carburant. On se souvient que c'était le Qatar qui payait, maintenant c'est l'Arabie, les Émirats et le Koweït. Le premier appuyait les Frères Musulmans et leurs cousins du Hamas (Gaza), d'Ennahda (Tunisie) et, disent certains, du PJD (Maroc). Les autres appuient leurs adversaires de crainte que les Frères ne donnent le mauvais exemple à leur propre population. Mauvais exemple non pas religieux, certes, mais politique : celui d'un parti organisé dont le principe même est contraire à la monarchie absolue.

 

Attention ! Le fait que la situation n'ait pas évolué en Égypte et en Tunisie n'est pas un indice de calme mais au contraire de tension croissante.

 

 Le paradoxe des Frères Musulmans

 

Vous remarquez que les arguments des islamistes pour rester au pouvoir (Tunisie, Turquie, Maroc) ou y revenir (Égypte) ne sont pas religieux, mais « démocratiques » : « Nous avons été élus ».

 

Bien sûr, cet argument est de moins en moins valable au fur et à mesure que le temps passe, et que leur action se révèle non démocratique (s'arranger, comme en Tunisie, pour que les élections prévues l'année dernière n'aient toujours pas eu lieu, ou, comme en Égypte, noyauter et faire passer une constitution non consensuelle).

 

Toujours est-il qu'utiliser l'argument « nous avons été élus » est en contradiction totale avec l'histoire et les arguments de ces mouvements (« c'est à Dieu de faire des lois et de régler la vie sociale, et non à des hommes, que ce soit le peuple ou ses élus »). Donc l'idée démocratique semble s'être finalement imposée dans tous les partis, même dans ceux qui devraient la juger théoriquement impie. Et qui en sont réduits à faire scander « Nous avons été élus ! » par propres troupes.

 

Maroc : le roi et les islamistes

 

Dans ce contexte, le roi semble naviguer avec habileté : la nouvelle constitution dit que le parti arrivé en tête a le poste de premier ministre. C’est donc pour PJD islamiste, bien qu’il n’ait que 106 sièges sur 395. Malgré le remaniement en cours de la coalition (notre lettre précédente), le roi confirme son chef, Benkirane à ce poste. Mais parallèlement le roi a rappelé dans son discours de la fête du trône que c'était à lui, en tant que commandeur des croyants, de « protéger l’identité islamique » et « la sécurité spirituelle » du peuple.

 

Interprétation personnelle : « au PJD de réussir en tant que parti de gouvernement (mission impossible, qui va l'user), mais pas en tant que parti islamiste, car la religion c'est moi ! ». Outre ce rappel bienvenu qu’un parti politique n’a pas à s’occuper de religion, c'est probablement aussi une réaction au « takfirisme » de certains éléments du PJD et du mouvement islamiste « non reconnu » Al Ihsane, qui menacent les « mauvais » musulmans, que ce soient les « occidentalisés », par exemple du PSU (témoignage de leur bureau politique), ou les habitants des quartiers populaires des grandes villes.

 

Ce contexte rend par ailleurs peu vraisemblable que le roi ait sciemment gracié un pédophile (affaire abondamment exposée sur Internet et dans la presse française), d'une part pour des raisons de principe et d'autre part pour les raisons politiques ci-dessus. Cela laisse par contre un doute sur la fiabilité de la chaîne de décision.

 

Les Kabyles dé-jeunent aussi

 

En plein ramadan, un groupe de Kabyles a déjeuné en plein air à Tizi Ouzou au nom de la liberté de conscience, rappelant que les musulmans doivent tolérer les athées et les chrétiens (une partie de la petite minorité kabyle chrétienne a émigré pour la France, mais il en reste sur place). Les avis des spectateurs directs semblent partagés, mais pas hostiles et je n'ai pas connaissance d'incidents ou d'insultes. Les adversaires de cette rupture publique du jeûne se seraient bornés à dire : « Ils font ce qu'ils veulent chez eux, pourquoi cette provocation publique ? ».

 

Il y a également quelques dé-jeûneurs au Maroc. Je crois me souvenir que l'un d'entre eux a été arrêté, condamné puis gracié. Appel aux Algériens, aux Marocains et aux Tunisiens pour des informations plus précises.

 

 

 

Appel au peuple !!

 

Cette lettre est gratuite et entend le rester. Toutefois elle demande à notre association, l’ICEG, des efforts financiers qui, bien que modestes, commencent à la dépasser.

 

De petits dons seraient donc les bienvenus (chèques à l'ordre de ICEG, 12 rue Abel 75012). J’ai remercié les abonnés qui y ont pensé depuis longtemps, et ceux qui viennent de le faire en leur envoyant un petit recueil de témoignages sur la situation du français dans les pays arabes … et bien sûr un reçu fiscal pour diminuer leur impôt (écrire à iceg@noos.fr) .

 

Ceux qui ont reçu ce cadeau l’an dernier en auront un nouveau cette année, approprié à ce que je sais d’eux.

 

 

 

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