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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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5 décembre 2013

Échos du monde musulman N° 207 ( 5 décembre 2013)

 Du nouveau en Tunisie ?

Le « dialogue national » était censé reprendre le 4 décembre et les rumeurs courent sur le nom d'un premier ministre de consensus. La mise à sac de quelques bureaux d'Ennahda y a peut-être été pour quelque chose en rappelant l'exaspération d'une partie la population.

 

 L’Iran et les prix du pétrole

Je disais dans ma lettre précédente : « l’accord a une retombée accessoire doublement positive : la baisse des prix du pétrole, favorable à l'Europe et défavorable aux finances à usage douteux ou dangereux ». Eh bien, cela n'a duré que le temps de l'imprimer, car le pétrole a remonté lorsque l'on s'est aperçu que cet accord ne changeait rien à court terme dans ce domaine. À moyen terme, une reprise partielle des contacts techniques avec les pétroliers étrangers contribuera à maintenir la production, mais le plus important sera l'éventuel accord définitif prévu dans les 6 mois. Par ailleurs, les troubles en Libye pèsent sur la production de ce pays et poussent les prix à la hausse.

En attendant la diplomatie américaine s'efforce de convaincre Israël et l'Arabie (qui approuverait officieusement une éventuelle attaque israélienne contre l'Iran) que cet accord est dans l'intérêt de tous, puisqu'il va faire décroître la tension dans la région. J'attends avec intérêt de voir si la situation syrienne en sera simplifiée.

 

Pendant ce temps-là en Afghanistan

Les Américains s'en vont. Ils ont préparé un accord selon lequel 15 000 hommes resteraient en appui des forces gouvernementales pour empêcher talibans de reprendre le pouvoir. Cet accord a été présenté à une assemblée de chefs de tribus qui l'a approuvé.

Mais le président Hamid Karzaï tergiverse, car il se veut « indépendant des Américains ». Les chefs de tribus estiment qu'il joue avec l'avenir du pays (et avec leurs vies), et qu’il n'est pas certain du tout que les talibans lui en soient reconnaissants.

 

La Centrafrique et l'islam

La presse française a bien présenté l'état de déliquescence depuis l’indépendance de ce pays officiellement bilingue (français et sango) et largement vide (5 millions d'habitants pour 660 000 km², soit davantage que la France métropolitaine), sans aucune unité historique, religieuse, ethnique ou politique.

Il est moins souvent rappelé que la situation actuelle découle en partie de son passé de « terrain de chasse » des razzias esclavagistes arabes, relayées par les tribus islamisées à l'est et au nord. Dans la 2e partie du XIXe siècle s'était mise en place une économie où la rafle d'esclaves finançait l'achat d’armes modernes par les sultanats arabes d'Afrique orientale, qui s'en servaient pour accroître leur puissance et rafler encore plus d’esclaves. Cette partie de l'Afrique centrale a donc vécu une situation encore pire que celle du nord du Mali qui a si profondément divisé sa population. Si bien que lorsque des groupes musulmans (10 à 15 % de la population) ont mis au pouvoir l'actuel président, le rejet a été immédiat et les troubles ont dépassé la simple résistance au pillage par les troupes du nouveau pouvoir.

Mais le fractionnement du reste de la population (animistes, catholiques et protestants se superposant aux différences tribales et de développement) a empêché l'apparition d'une solution alternative. La population semble impatiente de voir arriver les soldats français, mais notre gouvernement ne veut pas trop anticiper les décisions de l'ONU. Cette dernière n'a donné mandat qu’aujourd’hui.

 

Le cinéma au Maroc

Le groupe Mégaramas annonce qu'il va doubler le nombre de salles marocaines en installant des multiplexes dans les principales villes. C'est l'occasion de rappeler que les salles de cinéma ont été dans beaucoup de pays victimes non seulement de la télévision comme ailleurs dans le monde, mais aussi des islamistes. L'exception marocaine est donc remarquable.

Par contre un autre loisir marocain est menacé : la chicha (pipe à eau). Et pas de reconversion possible vers une variante moderne : la cigarette électronique est également dans le collimateur. Le parlement marocain en débat.

 

Les islamistes contre le français (suite)

Comme en Algérie et en Tunisie, ce n'est pas nouveau. La discussion avait rebondi avec le discours de Mohammed VI le 20 août, laissant supposer que le français apparaîtrait dans le primaire et le secondaire pour l'enseignement des sciences, ne serait-ce que pour limiter la casse à l'entrée de l'université où ces matières sont enseignées en français. Le ministre de l'éducation vient de s'y opposer.

Tout le monde, toujours comme en Algérie et Tunisie, sait que l'arabisation du primaire et du secondaire a été une catastrophe, notamment parce que l'arabe, qu’il soit coranique ou moderne, n'est pas la langue maternelle des populations qui parlent les différents berbères ou des « dialectes » mélangeant dans des proportions variables l'arabe, le français, les berbères et des trouvailles locales. Mais les islamistes maghrébins (et les nationalistes de l'Istiqlal au Maroc) pensent qu'il faut régler le problème en donnant le monopole à l'arabe pour des raisons religieuses.

 

 La très très grande mosquée d'Alger

La très grande mosquée de Casablanca fait des jaloux en Algérie, d'où le projet de la très très grande mosquée d'Alger. El Watan ironise :

« En dépit de tous ces discours sur la nécessité de rationaliser les dépenses de l’Etat en prévision des terribles crises à venir, il n’est toujours pas question d’abandonner le projet de Grande Mosquée d’Alger, que le président Bouteflika entend ériger à la gloire du Seigneur et à la sienne, quel que puisse être son poids financier pour les contribuables

Pour répandre la piété au sein de ce peuple impie, son minaret atteindra 265 m, soit quelque 60 m de plus que celui de sa rivale marocaine. Personne ne sait à qui les muezzins, à une aussi vertigineuse altitude, adresseront leurs appels, aux humains ou aux habitants du ciel. La Grande Mosquée d’Alger et ses annexes (bibliothèque, musée, etc.) devraient coûter, pour rappel, 1,5 milliard de dollars. A l’évidence, ce coût, plutôt astronomique pour un projet improductif, peut augmenter : l’autoroute Est-Ouest n’a-t-elle pas coûté 12 milliards de dollars au lieu des 7 milliards annoncés en 2005 ?

Vous souvenez que c'est Bouygues qui avait construit la Grande mosquée de Casablanca. Nous verrons si ce sont les Chinois qui feront celle d'Alger. Vous vous souvenez aussi que certains ouvriers de Bouygues ont été obligés de se marier un peu rapidement avec les Marocaines qu'ils avaient fréquentées. L'Algérie étant plus traditionaliste que le Maroc, qu'arrivera-t-il aux ouvriers chinois ?

 

 

 

 

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Commentaires
G
Je lis régulièrement et avec beaucoup d'attention les échos du monde musulmans de Yves Montenay. Ils donnent une ouverture au-delà des médias qui réduisent l'actualité au sensationnel. <br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour cette analyse<br /> <br /> <br /> <br /> Gérard
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