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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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7 mars 2014

Ukraine: le coup de gueule d'un blogueur italien

 

Résumons la situation : si un certain nombre de mécontents (en droit de l’être, d’ailleurs) prend d’assaut les bâtiments du pouvoir dans n’importe quel pays, les brûle et en prend le contrôle, ils doivent être félicités et encouragés.

C’est ce qui s’est produit ces jours-ci à Kiev, en Ukraine. L’Occident a, d’une voix unanime, chanté les louanges d’un coup d’État violent et sanguinaire, cherchant à faire passer un président élu dans des conditions régulières pour un « dictateur », de surcroit « sanguinaire ».

Mais tout cela ne change rien au contexte, que ce soit face à l’histoire ou aux faits réels.

À partir de cet instant, nous devons tous savoir qu’il n’y a plus aucune défense légale permettant de se prémunir de la subversion organisée de l’étranger contre un pays, quel qu’il soit. Que cela nous serve de leçon, à tous autant que nous sommes.

Tout cela est bien plus grave que l’époque, lointaine, où un président élu à la régulière était renversé et tué lors d’un coup d’État militaire. Il s’appelait Salvador Allende. Il avait remporté haut la main des élections démocratiques. Et il fut renversé, comme on le perçut immédiatement (mais comme cela ne fut prouvé que bien plus tard) par la CIA américaine. Mais à l’époque, la condamnation fut générale. Aucun dirigeant occidental d’alors n’eut le courage ou l’arrogance d’applaudir le général Pinochet.

Aujourd’hui, c’est le contraire : que de chemin parcouru ! Maintenant, on applique des techniques de « renversement de dictateur » élaborées par le grand maitre de la subversion démocratique, Gene Sharp (ci-dessous), aussi surnommé, « le Clausewitz de la guerre non violente. »

L’oxymore vous plait ? Ce n’en est pas un. La tactique consiste à faire se soulever les mécontents. C’est la première étape . De quelle façon ? En achetant les chaines de télévision et les journaux. Autrement dit, en embauchant légalement des centaines de journalistes et de spécialistes de la propagande. En payant les salaires et les primes de centaines de professeurs d’université. En allouant des fonds à des centres de recherche et des fondations qui travailleront à temps plein pour organiser la révolte. Pacifique s’entend, et surtout, au sein de la jeunesse.

La deuxième étape consiste ensuite à passer à l’offensive à travers une série de manifestations. Peu importe qu’elles rassemblent peu de monde. Les médias se chargeront de les amplifier [artificiellement]. Il y aura bien quelques accrochages dans la rue. Ceux-là aussi seront amplifiés par les télévisions locales et les grands médias internationaux. En général, les gouvernements qui se verront qualifiés immédiatement de dictateurs sanguinaires, ne sont pas préparés à y faire face. Ils ne connaissent pas bien les stratégies de communication de l’Occident. S’ils ne répriment pas, ils devront céder rapidement. S’ils répriment, ils feront le jeu des Gene Sharp et compagnie. Les bonnes gens verront du sang et seront persuadés que le dictateur est véritablement sanguinaire. Et les protestations ne feront que croitre, alimentées par le soutien des gouvernements étrangers, tous démocratiques et prospères. Jusqu’à ce que la répression commence vraiment. Mais il sera trop tard, car l’ensemble de la société « civile » se sera alors rangée du côté de la défense de la « démocratie ».

Et c’est à ce moment-là qu’entrent en jeu les groupes paramilitaires (indéniablement nazis, dans le cas de l’Ukraine) qui, entretemps, en toute discrétion, auront été entrainés, armés, formés et nourris par des dizaines de riches fondations américaines ou européennes. Laissons les détails de côté. Et retenons la synthèse que nous a offerte Madame Jane Nuland, assistante du Secrétaire d’État pour les affaires européennes et euroasiatiques du Département d’État américain (et épouse de Robert Kagan, l’un des néocons les plus en vue à Washington) : « Nous avons investi 5 milliards de dollars pour donner à l’Ukraine l’avenir qu’elle mérite ». Voilà qui suffit amplement à comprendre la situation.

Le reste n’est qu’un désastre, dont nous sommes aujourd’hui spectateurs. Une crise mondiale, qui donne la chair de poule. Et la falsification totale des événements, organisée par les médias mainstream occidentaux. Malheureusement, il est fort probable que nous allions vers la guerre. La caisse de résonnance des ignorants et des meneurs devient assourdissante : toute la faute revient aux Russes, et à tous ceux que l’on peut mettre au pilori. La russophobie se combine à l’anticommunisme, même si le communisme n’a absolument rien à voir dans cette affaire, si ce n’est en termes historiques. La foule est suffisamment abrutie pour aller à la guerre, tête basse. Sans même comprendre de quoi il s’agit, ni pourquoi elle y va. Un cas d’école.

Je me demande bien comment il se fait que personne n’a encore eu l’idée de proposer Gene Sharp au titre de Prix Nobel.
De la Paix, bien évidemment.


Giulietto Chiesa, ilfattoquotidiano.it, mardi 4 mars 2014

 

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Commentaires
H
"il n’y a plus aucune défense légale permettant de se prémunir de la subversion organisée" Oui, je crois qu'il y a bien subversion, mais elle n'est peut-être pas organisée. Il suffit de voir comme les mots sont subvertis. N'était-ce pas Jean Jaurès qui nous avait prévenu ?<br /> <br /> Chacun est appelé à se forger sa propre éthique pour pouvoir continuer à avancer. J'appelle ça l'individuation, Rudolph Steiner l'appelait l'individualisme éthique, mais le mot "individualisme" rappelle trop égoïsme, négation des autres. Quoiqu'il en soit, il s'agit de n'avoir pas peur et d'aller de son propre pas pour répondre à se vocation.
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H
Vous croyez à la morale comme tous les hommes. Écoutez ceci ou voyez ceci : https://www.youtube.com/watch?v=FIN3X4VrZBk <br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=uTp6CIHh4qs#t=80<br /> <br /> Ce que les hommes ne veulent pas savoir c'est leur incompétences à gouverner. Je ne dis pas que les femmes feraient mieux. Je dis que le pouvoir est un fantasme de primate. Accepter d'être dépendants les uns des autres, notre vulnérabilité, notre fragilité, c'est quand même nous qui souffrons et la souffrance ne vient pas d'une douleur, mais de toutes les questions que nous nous posons. Alors arrêtons de croire que nous sommes intelligents. La seule chose qui compte est notre aptitude à aimer. Mais aimer signifie respecter l'autre. les institutions ne le peuvent pas, elles ne sont là que pour elles-mêmes. S Weil l'a déjà dit.
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A
Pour Marx, le libéralisme, le capitalisme, c'est "le renard libre dans le poulailler libre". Ceux qui se réclament d'une compréhension actuelle non dogmatique de Marx ont bien pour but de changer cela. Faire en sorte, par l'action collective (qui est la seule efficace pour les opprimés), que l'organisation du monde, de la société, qui rend cela possible, change vraiment. Le socialisme n''est pas pour Marx l'aboutissement de l'histoire, mais au contraire le début d'une histoire "proprement humaine" où "le gouvernement des hommes fait place à l'administration des choses ". Bien sûr cela ne se passera pas en quelques années mais durera longtemps et nécessitera encore bien des luttes. "Mettre des lois et des droits", il le faut (même Rousseau est d'accord avec ça, voir sa théorie de la "volonté générale") car sinon c'est "le renard libre dans le poulailler libre".
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H
Si vraiment on veut changer quelque chose il faut abolir l'argent. Sinon le capitalisme/libéralisme arrivera toujours à recycler toutes les initiatives. On a mis l'argent sur terre, on doit pouvoir aussi s'en défaire.<br /> <br /> Je sais que les hommes paniquent dés qu'il n'y a plus d'organisation prévue par leur soins. Mais les vivants ont leur propre organisation ! mais voilà, ce ne sont pas les hommes qui organisent ! <br /> <br /> Il y a un petit livre de Jean François Aupetitgendre (11€) Le "Porte-monnaie civilisation sans argent ?"qui imagine que nous avons eu marre des crises boursières et financières et avons décidé de nous passer de l'argent., vers 2029. C'est un notaire qui écrit son journal quotidien. Lui, n'y croit pas bien sûr. Il pense que ça va se casser la figure et que nous reviendrons à la situation précédante. Mais à la fin du livre, il décide d'arrêter son journal (nous sommes alors en 2035)et de se débarrasser de tout son attirail professionnel. C'est une sorte de fable, c'est facile à lire. Moi, j'ai été enthousiasmée au point d'en commander 11 pour pouvoir les offrir ! Quand je demande à ceux à qui j'ai offert le livre si ils l'ont lu :"pas le temps" ils n'ont jamais le temps ! Faux, deux dames à la retraite ont bien ri et aimé. je vois que les mentalités préfèrent ne rien changer, même pas d'imaginer. Pourtant, tout est déjà là pour le faire sans rien changer d'autre. Même pas la propriété,
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H
Les plus faibles, dépendants, vulnérables n'ont rien à craindre, ce sont les idéologies qui s'effondrent pas ce qui est vivant. <br /> <br /> Entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et c'est la loi qui libère. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Puisque c'est écrit en toute lettre, la liberté ne peut pas opprimer. Par contre les "dominants" ceux qui ont fait les lois pour pouvoir mieux les contourner interdisent l'accès au toit (il faut payer son loyer) à la nourriture (pas de possibilité de cultiver puisque toute la terre est recensée par les notaires) à l'eau (à part le cimetière), etc. Oui les hommes naissent libres et égaux et c'est parce qu'ils ont mis des lois et des droits que nous ne le sommes plus.
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