Le monde occidental et le complexe de l’holocauste: l’impunité d’Israël
Par Chems Eddine Chitour
Professeur A L’école Nationale Polytechnique
«Il est interdit d’utiliser contre les civils la famine comme méthode de guerre (…). Il est interdit d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile.» C’est par ces termes qu’Alain Gresh commente la dernière incursion israélienne dans ce qui reste de la Palestine.
Les implications de l’article 54 du Protocole additionnel I de 1977 aux conventions de Genève sont claires : le bombardement des centrales électriques à Gaza par l’armée israélienne, le blocus des populations civiles et les punitions collectives contre elles relèvent de crimes de guerre.
Un autre principe du droit international violé par l’offensive israélienne est précisé par le même Protocole additionnel : celui de proportionnalité. Le texte stipule que des attaques «sont interdites si on peut s’attendre à ce qu’elles causent incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles ou des dommages aux biens de caractère civil qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu ». Qui peut penser un instant que l’objectif affirmé - sauver un soldat - vaille ces multiples destructions ? (1).
Contrairement à ce qu’ont écrit plusieurs journaux français, dont Libération (2), Israël a négocié plusieurs fois des échanges de prisonniers : ainsi, en 1985, il a libéré 1 150 détenus palestiniens pour récupérer trois de ses soldats qui avaient été capturés par le Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) ; et en 2004, dans le cadre d’un accord du même type avec le Hezbollah libanais, il a échangé 400 détenus palestiniens contre un colonel israélien et les corps de trois soldats tués. Des négociations ne sont-elles pas mieux à même d’obtenir la libération de Gilad Shalit que les opérations militaires, qui risquent d’aboutir à la mort de l’otage ? (1).
Comme le remarque l’éditorial du quotidien israélien Haaretz du 30 juin : «Bombarder des ponts que l’on peut contourner à pied ou en voiture ; prendre le contrôle d’un aéroport qui est en ruines depuis des années ; détruire une station électrique, plonger de grandes parties de Gaza dans le noir ; distribuer des tracts pour dire aux gens que l’on est concerné par leur sort ; survoler le palais présidentiel de Bachar El-Assad et arrêter des responsables élus du Hamas. Et le gouvernement veut nous convaincre que tout cela est fait seulement pour libérer le soldat Gilad Shalit.» Et le commentateur de poursuivre : «Olmert devrait savoir qu’arrêter des dirigeants ne fait que les renforcer, eux et leurs partisans. Mais cela n’est pas seulement un raisonnement biaisé : arrêter des gens pour s’en servir comme monnaie d’échange est l’acte d’un gang, pas d’un Etat.» (3)
«En fait, comme l’ont révélé les médias israéliens, cette offensive, y compris l’arrestation des principaux responsables du Hamas, députés élus et ministres en tête, avait été planifiée depuis longtemps. Pour quelles raisons ? Il s’agit d’en finir, non seulement avec le gouvernement palestinien issu du scrutin de janvier 2006, mais avec toute forme d’autorité palestinienne. C’est la logique du «plan de désengagement» décidé par M. Ariel Sharon et repris par M. Ehud Olmert : prétendre qu’il n’existe pas d’interlocuteur palestinien pour pouvoir tracer unilatéralement les frontières d’Israël. Cette stratégie ne date pas de la victoire du Hamas ; durant toute l’année 2005, alors que M. Mahmoud Abbas était à la tête de l’Autorité et gouvernait avec une majorité Fatah, le Premier ministre Ariel Sharon a systématiquement refusé de négocier avec lui et a poursuivi, malgré la décision de la Cour internationale de justice, la construction du mur. Ce choix de l’unilatéralisme représente la mise en cause du dernier acquis des accords d’Oslo: (1).
La victoire du Hamas aux élections de janvier 2006 (4) a permis au gouvernement israélien d’accentuer sa propagande sur le thème «il n’y a pas d’interlocuteur palestinien». Les Etats-Unis et l’Union européenne (avec l’aval de la France ont posé trois conditions au nouveau gouvernement palestinien (5) - reconnaître l’Etat d’Israël ; arrêter toutes les actions armées ; accepter le processus d’Oslo - et ont suspendu l’aide directe, contribuant de manière significative aux souffrances d’une population coupable d’avoir «mal voté». La complaisance à l’égard d’un gouvernement israélien qui refuse de reconnaître le droit des Palestiniens à un Etat indépendant sur les territoires occupés en 1967, qui utilise le terrorisme contre les civils et qui renie tous les engagements des accords d’Oslo, est sans borne. On a même pu entendre Mme Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux affaires étrangères, saluer l’unilatéralisme du gouvernement israélien comme «une décision courageuse».(1)
«Ce n’est sans doute pas un hasard, conclut Alain Gresh, si l’offensive actuelle a coïncidé avec la signature de la déclaration commune (6) de toutes les organisations palestiniennes (à l’exception du Djihad islamique), qui prévoit l’établissement d’un Etat palestinien indépendant sur tous les territoires occupés en 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale - et représente donc une reconnaissance de facto d’Israël. C’est aussi cette nouvelle perspective de paix qui s’ouvrait que le gouvernement israélien a voulu enrayer. Comme en 2002, quand le sommet arabe de Beyrouth avait entériné un plan qui prévoyait la reconnaissance de l’Etat d’Israël en échange de la création d’un Etat palestinien, et que le gouvernement de M. Sharon avait répondu, prenant prétexte d’un attentat-kamikaze, par une offensive généralisée contre les territoires occupés. Pourtant, «Pluie d’été», nom romantique donné à l’offensive israélienne, confirme l’échec de la politique unilatérale : le retrait de l’armée israélienne de la bande de Gaza, sans négociations avec les Palestiniens, ne peut déboucher sur la paix ; appliquée à la Cisjordanie, où l’imbrication des colonies et de la population palestinienne est inextricable, toute évacuation unilatérale ne pourra déboucher que sur de nouvelles violences. (1)
A des degrés divers, les rares critiques objectives de la politique israélienne ont été clouées au pilori et leurs auteurs traînés dans la boue , menacés, boycottés, bref morts socialement et intellectuellement par des «avocats» sans concession et sans conscience et critique objective de la politique israélienne. Le cas de Pascal Boniface, parmi tant d’autres, est édifiant à plus d’un titre . Il met ici au jour une réalité singulière : l’impossibilité de critiquer le gouvernement Sharon sans encourir les accusations les plus extravagantes et des mesures de rétorsion qui s’apparentent au terrorisme intellectuel.(7)
«En m’exprimant, écrit Pascal Boniface, sur le conflit israélo-palestinien, je savais que je défiais les lois de la prudence, qui conseillent d’éviter, si l’on n’y a pas un intérêt personnel, de traiter un sujet aussi passionnel. Je pense tout simplement, d’un point de vue moral, que les principes universels ne doivent pas être appliqués de façon sélective et, d’un point de vue réaliste, qu’aucune paix durable ne peut être établie sur la négation des droits d’un peuple… Je trouve inadmissible le terrorisme intellectuel consistant à accuser d’antisémitisme toute personne qui critique le gouvernement israélien, accusation d’ailleurs qui devrait s’appliquer aux pacifistes israéliens et aux juifs français qui partagent ce point de vue».(8) «Mais tout cela n’empêche pas pour autant de dire que le sort fait aujourd’hui aux Palestiniens est immoral, illégal et, par ailleurs, contraire aux intérêts à long terme des deux peuples. Aujourd’hui, tout débat sur le Proche-Orient s’arrête au fait que trop de gens pensent que ce qui sera donné à l’un (en l’occurrence les Palestiniens) sera pris à l’autre, comme dans les jeux à somme nulle».
Faisant un parallèle avec le traitement qui est fait à l’Islam et aux Musulmans, Pascal Boniface constate que «les livres de Houellebecq et de Oriana Fallaci n’auraient pas pu être publiés en France si, au lieu de s’en prendre à l’Islam et aux arabes, ils s’en étaient pris à d’autres communautés. Je ne dis bien sûr pas qu’il faudrait publier le même type de livre sur d’autres sujets, mais de deux choses l’une ; soit l’on interdit tous les livres de cette sorte, soit alors, on ne procède pas à une indignation sélective. Mais, on atteint le comble de la contradiction lorsque Maître Gilles William Golnadel, qui est l’un de ceux qui protestent avec la plus grande véhémence contre la montée de l’antisémitisme, vient défendre au tribunal le livre d’Oriana Fallaci ou lorsque que des intellectuels comme Pierre-André Taguieff et Alain Finkelkraut, prompts à débusquer la remontée de l’antisémitisme derrière toutes critiques d’Israël, ne trouvent que des imperfections de style au livre d’Oriana Fallaci». (1)
Heureusement et pour l’honneur de la presse des voix se sont élevées contre cette chasse aux sorcières. Denis Gombert réagit : «Je trouve inadmissible le terrorisme intellectuel consistant à accuser d’antisémitisme toute personne qui critique le gouvernement israélien». Intervenant à deux reprises en août 2001 dans le journal Le Monde, Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, soulevait un débat, puis une tempête médiatique, en arguant qu’il existait une spécificité de la question israélienne en ce sens que toute critique formulée à son encontre était reprise comme une forme d’antisémitisme. Boniface y réaffirme que le débat est de «plus en plus biaisé et difficile» et constate une radicalisation des positions politiques, voire une déviance de certaines positions d’intellectuels démocrates, ouverts – celle du philosophe Alain Finkielkraut par exemple – qui semblent «tomber dans le communautarisme le plus exalté et défendre des thèses radicales en faveur du gouvernement d’Israël qu’ils auraient été les premiers à rejeter il y a encore peu». (2)
D’autre part , s’agissant de la couverture des événements, Les journalistes trouvent que c’est calme quand seuls les Palestiniens meurent . Alors que les médias américains avaient eu tendance à décrire ces attaques comme étant un retour à la violence après une période de calme relatif, beaucoup de tueries qui ont eu lieu dans les semaines précédentes ont conduit aux attaques suicides. Cela démontre le manque d’équité porté aux pertes de vies dans le conflit israélo-palestinien. (3)
A «l’occasion» du massacre de Jénine, souvenons nous ! Personne n’a pu justifier le refus de l’enquête demandée par l’ONU sur le massacre de Jénine. «Lorsqu’on pénètre dans la zone d’exclusion, les raisons pour lesquelles les Israéliens se sont évertués à empêcher les curieux d’y pénétrer deviennent claires», écrit David Blair, du Daily Telegraph de Londres. «De monstrueux crimes de guerre qu’Israël a tenté de couvrir pendant quinze jours apparaissent finalement au grand jour : ses troupes ont dévasté le centre du camp de Jénine (...) transformé en tombe humaine», dit Phil Reeves pour The Independent.»
«Angeles Espinosa d’El Pais (Madrid) décrit le «camp des horreurs». Tous, pour ne citer que ces médias de la presse européenne, évoquent la même odeur âcre, mélange de brûlé et de putréfaction, provenant vraisemblablement de corps ensevelis sous les dents des bulldozers israéliens, d’après les témoignages concordants. Tous soupçonnent un bilan bien plus élevé, côté palestinien, que celui dressé par le gouvernement d’Ariel Sharon (plusieurs dizaines de morts).» (4).
D’autre part, les propos provocateurs tenus par le Président du CRIF sur les ondes de France Culture le 25 janvier 2003, sont passés inaperçus comme d’habitude. En effet, monsieur Cukierman accuse ni plus ni moins des gens de gauche, des «gauchistes» - comprenez les membres de la société civile internationale qui se sont senti le devoir moral de protéger le peuple palestinien menacé dans son intégrité par les forces d’occupation israéliennes - d’incarner le nouveau visage de l’antisémitisme.» L’antisémitisme, brandi tel un épouvantail sert à nous museler. Antisémites José Bové et ceux, qui comme lui, dénoncent ce qu’ils ont vu ? Antisémites ceux qui témoignent de l’innommable ?». (5)
La vie d’un Palestinien n’a pas moins de valeur qu’une vie israélienne. Je ne vois pas pourquoi les Juifs qui demandent cette reconnaissance pour les victimes du nazisme, peuvent refuser cette reconnaissance aux victimes palestiniennes. Les Palestiniens se battent pour elle, pour leur dignité. C’est notre devoir humain de les aider. Quoi que l’on en dise, le ghetto de Varsovie est toujours d’actualité. Il s’appelle Naplouse, Jénine, Qalquilia, Tulkarem, Hébron, Rafah. Le fait que les Juifs aient été les victimes du nazisme, ne les autorise pas à se venger contre les Palestiniens, qui eux n’y sont pour rien. (4)
Dans une lettre adressée au Monde, Barbara Gorczyca écrit : «Vous, qui consacrez des pages entières et même un éditorial pour fustiger la décision digne du Conseil d’administration de Paris VI de suspendre le renouvellement de l’accord d’association Union Européenne / Israël, en matière de recherche, aurez -vous autant de trémolos dans la voix pour fustiger la décision israélienne d’aujourd’hui de fermer les 3 universités palestiniennes? Vous qui nous faites le coup des universités israéliennes , «oasis de paix et de dialogue» , ferez -vous savoir à vos lecteurs les conditions faites jusqu’à aujourd’hui -puisque demain Sharon ferme- à l’Université palestinienne ? C’est un professeur de Haïfa -de ceux qui nous demandent de faire pression de l’extérieur sur l’opinion publique israélienne, sur l’opinion universitaire israélienne (j’ai nommé Ilian Pappé) qui nous a hier appris ce qui se passe pour les étudiants en Palestine occupée... (5)
Même l’Abbé Pierre , figure emblématique en France de la solidarité, a fait lui aussi l’objet d’une compagne calomnieuse pour ses prises de position sur le sionisme. Par sa lecture de la Bible et de l’interprétation du «livre de Josué», Dans la lettre qu’il adresse le 15 avril 1996 à Roger Garaudy, l’abbé écrit : «Tout a commencé, pour moi, dans le choc horrible qui m’a saisi lorsque après des années d’études théologiques, reprenant pour mon compte un peu d’études bibliques, j’ai découvert le livre de Josué. Déjà un trouble très grave m’avait saisi en voyant, peu avant Moïse apportant des «Tables de la loi» qui enfin disaient «Tu ne tueras pas» voyant le Veau d’or, ordonner le massacre de 3 000 gens de son peuple. Mais avec Josué je découvrais (certes conté des siècles après l’événement) comment se réalisa une véritable «Shoah» sur toute vie existant sur la «Terre promise». [...]. La violence ne détruit-elle pas tout fondement de la Promesse ?» En fait, du massacre des populations du pays de Canaan à la fondation de l’Etat d’Israël, l’abbé Pierre suggère la récurrence du même geste exterminateur d’un peuple bourreau : «Je constate écrit-il, qu’après la constitution de leur Etat, les Juifs, de victimes, sont devenus bourreaux».
«Il s’ensuit que Baruch Goldstein, ce fanatique assassin de dizaines de musulmans palestiniens , fut rigoureusement fidèle à la tradition de Josué exterminant tous les peuples de Canaan pour s’emparer de leurs terres. Cette «purification ethnique» devenue systématique dans l’Etat d’Israël d’aujourd’hui, découle du principe de la pureté ethnique empêchant le mélange du sang Juif avec le «sang impur» de tous les autres [...] Ce racisme, modèle de tous les autres racismes, est une idéologie de domination de différents peuples.» Heureusement pour l’Abbé Pierre, son charisme et son abnégation depuis cinquante ans pour soulager la misère, l’a mis hors d’atteinte de cette chasse aux sorcières.
Un autre intellectuel dont on ne parle plus dans les médias et pour cause, est Roger Garaudy accusé d’être antijuif parce qu’antisioniste . Ecoutons ce qu’écrivait le même auteur : «L’argumentation de Garaudy s’y trouve esquissée La différence ontologique entre Israël et les autres nations justifie un ensemble de lois racistes et mixophobes comparables aux lois de Nuremberg [...]. Dans l’Ancien Testament, la Shoah cananéenne n’apparaît pas comme un acte irréfléchi idéologiquement justifié posteriori». Pour Garaudy, elle a toutes les caractéristiques d’un projet exterminateur planifié «à froid «, méthodiquement organisé et gradué.(...) Il n’y a rien de ce qu’a dit Hitler qui n’ait été écrit auparavant dans la Bible. [...] Car aujourd’hui, comme il y a trente siècles, on tue, torture».
Pour Vincent Geissler, auteur d’un livre sur l’islamophobie «la nouvelle islamophobie n’est pas simplement une réactualisation du racisme anti-arabe, anti-maghrébin et anti-immigré. L’islam est toujours représenté comme une «religion» qui fait problème national. C’est un peu comme si, l’on admettait que les Musulmans puissent être français mais en leur demandant de «diluer» leur religiosité, parce que celle-ci est toujours perçue comme un obstacle au processus d’assimilation». (6)
«Il existe bien une forme d’«antisémitisme musulman» et il est de notre devoir de sociologue de l’étudier. Je partage d’ailleurs cette opinion avec certains intellectuels musulmans comme Tariq Ramadan qui en appellent à lutter, de manière énergique, contre toutes les formes de xénophobie et d’antisémitisme dans les communautés musulmanes. (2) La conviction est en effet bien répandue aux Etats-Unis comme dans le reste du monde, que le lobby juif , comme l’appellent désormais les Américains, influence de façon déterminante la politique étrangère des USA au Moyen Orient, George Bush père ne s’est d’ailleurs pas privé d’exploiter ce prétexte en 1991, lors des débats sur la garantie de l’emprunt de 10 milliards de dollars demandés par Israël, en déclarant qu’il n’était «qu’un petit homme solitaire, face au millier de lobbyistes qui avaient envahi le congrès». (7)
L’explication donnée aux actes répréhensibles contre les institutions juives fait référence aux «Beurs». «Ce ne sont pas seulement les voyous déstructurés qui transposent le conflit du Proche-Orient en France: l’élite progressiste est une nouvelle fois au diapason de la racaille», analyse Alain Finkielkraut . Ce dernier s’est mis à parler en tant que juif avec une tribune sur Radio Communauté judaïque et une chronique dans le mensuel L’Arche. Le CRIJF n’est pas en reste. Roger Cukierman, président du CRIJF déclare sur RTL. «Quand on s’attaque aux juifs, peu de temps après on s’attaque à la liberté, à la démocratie». Dominique Schnapper voit dans le CRIJF une «anomalie» dans cette «représentation semi-politique d’une portion de la population française»: «J’éprouve un grand malaise, chaque année, lors du dîner du Crif, où tous les Premiers ministres vont, dans leurs petits souliers, se faire donner des leçons! Au nom de quoi?» (4) Certains trouvent cela «normal», «l’attachement à Israël faisant partie de l’identité juive», comme le soutient Roger Cukierman. La charte du CRIJF précise d’ailleurs que «la communauté juive de France reconnaît en Israël l’expression privilégiée de l’Etre juif». La confusion est levée. On est d’abord Juif avant d’être français.
«En 1987 écrit l’écrivaine Barbara Gorczyca, Yeshayahou Leibowitz, celui qui a dirigé la composition de la «Grande Encyclopédie Hébraïque» en Israël , enseigné à l’Université, celui qui disait «Nous ne naissons ni dans le judaïsme, ni dans le christianisme ni dans l’Islam, nous naissons dans l’humanité», cet homme-là prophétisait- prophétie qui lui était une vision de cauchemar- de l’occupation israélienne des territoires palestiniens» Si nous continuons dans cette voie , ce sera la destruction de l’Etat d’Israël dans un délai , non de quelques générations mais dans quelques années. Intérieurement ce sera le régime de Kahana-Sharon-Raphael Eytan-Druckman-avec des camps de concentration pour des gens comme moi».
«Nous nous comportons, écrit Yeshayahou Leibowitz, déjà, dans les territoires occupés de la rive ouest du Jourdain, dans la bande de Gaza, et au Liban , comme se sont comportés les nazis dans les territoires occupés de Tchécoslovaquie et de l’Ouest. Nous n’avons pas établi de camp d’extermination comme ils l’ont fait à l’Est». Leibowitz est mort ,il n’a pas vu les exactions et les crimes actuels de Sharon mais vous qui les connaissez trouvez encore à défendre le soldat de «Tsahal» , les universités israéliennes «oasis de paix et de tolérance» , le «régime démocratique israélien» qui a légalisé la torture des Palestiniens et l’enfermement administratif arbitraire
Au terme de cette étude, j’ai à la fois un sentiment de satisfaction pour ce témoignage que je veux objectif, mais il me semble que le problème reste entier. Il est hors de doute que bon nombre de Juifs français qui ne se reconnaissent pas dans le CRIJF sont aussi mal à l’aise. Nous nous devons de dénoncer sans nous installer dans l’intolérance d’où qu’elle vienne. Seul une vigilance de tous les instants permettra de stopper les exactions de ce Goliath des temps modernes qui, apparemment jouit d’une impunité que la communauté internationale est incapable, pour l’heure, d’endiguer.(8)
«En 1987 écrit l’écrivaine Barbara Gorczyca, Yeshayahou Leibowitz, celui qui a dirigé la composition de la «Grande Encyclopédie Hébraïque» en Israël , enseigné à l’Université, celui qui disait «Nous ne naissons ni dans le judaïsme, ni dans le christianisme ni dans l’Islam, nous naissons dans l’humanité», cet homme-là prophétisait- prophétie qui lui était une vision de cauchemar- de l’occupation israélienne des territoires palestiniens»
« Si nous continuons dans cette voie , ce sera la destruction de l’Etat d’Israël dans un délai , non de quelques générations mais dans quelques années. Intérieurement ce sera le régime de Kahana-Sharon-Raphael Eytan-Druckman-avec des camps de concentration pour des gens comme moi . Nous nous comportons, écrit Yeshayahou Leibowitz, déjà, dans les territoires occupés de la rive ouest du Jourdain, dans la bande de Gaza, et au Liban , comme se sont comportés les nazis dans les territoires occupés de Tchécoslovaquie et de l’Ouest. Nous n’avons pas établi de camp d’extermination comme ils l’ont fait à l’Est». Leibowitz est mort ,il n’a pas vu les exactions et les crimes actuels de Sharon mais vous qui les connaissez trouvez encore à défendre le soldat de «Tsahal» , les universités israéliennes «oasis de paix et de tolérance» , le «régime démocratique israélien» qui a légalisé la torture des Palestiniens et l’enfermement administratif arbitraire. (5)
Au terme de cette étude, j’ai à la fois un sentiment de satisfaction pour ce témoignage que je veux objectif, mais il me semble que le problème reste entier. Il est hors de doute que bon nombre de Juifs français qui ne se reconnaissent pas dans le CRIJF sont aussi mal à l’aise. Nous nous devons de dénoncer sans nous installer dans l’intolérance d’où qu’elle vienne. Seul une vigilance de tous les instants permettra de stopper les exactions de ce Goliath des temps modernes qui, apparemment jouit d’une impunité que la communauté internationale est incapable, pour l’heure, d’endiguer.
«Aina el ‘Arab ?» «Où sont les Arabes ?» criait de douleur une mère palestinienne Que peut-on dire devant l’impunité d’Israël et la lâcheté des pays arabes ? Une guerre n’est vraiment gagnée que si l’on a fait disparaître les raisons pour lesquelles elle a été entreprise. Le patriotisme, qualifié à tort, de terrorisme on le sait, a pour terreau la misère et l’humiliation des populations déshéritées du monde. En dépit du sort des armes, le monde occidental est en train de perdre la véritable guerre qu’il fallait gagner: celle contre les racines de l’humiliation. Combien de guerres gagnées sont suivies de paix perdues? Assurément on peut accorder du crédit à un sondage désignant Israël comme facteur contribuant à l’instabilité du monde. Le monde occidental – par son laxisme envers Israël qui ne s’est pas conformé à plus d’une centaine de résolutions de l’ONU- n’a pas fini d’expier. Sa faute pour les crimes commis contre les Juifs de l’Europe est payé par un petit peuple qui accepte de vivre sur à peine 22 % de son territoire.
1. Entretien Avec Pascal Boniface, Par Saïd Branine . Site Oumma.Com. 8 Février 2004.
2. Pascal Boniface .Est-Il Permis De Critiquer Israël ? Editions Laffont 2003.
3. Fair Media Advisory 22-08-2003
12. Hani Ramadan. L’Hebdo N°25, 20 Juin 2002 .
4. Silvia Cattori Site Internet. 4-11-2003
5. Barbara Gorczyca: Site. Assawra. 8-01-2003
6. Vincent Geisser : La Nouvelle Islamophobie. Entretien Par Saïd Branine Jeudi 18 Septembre 2003. Site Oomma.Com.
7. Khelifa Mahieddine L’influence Du Lobby Juif Sur La Politique US Au Moyen-Orient. Le Quotidien d’Oran 18 Et 19 Mai 2004
8. C.E. Chitour : L’impunité d’Israël Est-Elle Morale ? Journal L’Expression Le 25 Et Le 26 Mai 2004
1. Alain Gresh. Palestine : Crimes De Guerre, Offensive Contre La Paix Le Monde Diplomatique 30 Juin 2006
2. «L’enlèvement, Une Arme Sans Effet», Libération, 29 Juin 2006.
3. «The Government Is Losing Its Reason», Haaretz, 30 Juin 2006.
4. Wendy Kristianasen, «Le Hamas A L’épreuve Du Pouvoir», Le Monde Diplomatique, Juin 2006.
5. Lire «“Fatigue” Au Quai d’Orsay, Misère A Gaza», Le Monde Diplomatique, Juin 2006.
6. «The Prisoners’ National Conciliation Document», Palestine Center, 28 Juin 2006 .
7. C.E. Chitour : L’impunité d’Israël Est-Elle Morale ? Journal L’Expression Le 25 Et Le 26 Mai 2004
8. Pascal Boniface. Le Monde 30-08-2001