Cœurs en peine, de Djohar Khater
Recluse sous les rémiges de l’exil
Par les signes contraires qui s’enfilent
La tête vadrouillant sans repères
À l’embouchure d’un monde à l’envers
Capte la complainte fusant du nombril
Mes petits arrivent dépouillés
Comment sans ailes du nid s’envoler
Le jour où sonnera l’appel de l’aller !
S’inquiète l’oiseau en peine
Cœur frémissant qui saigne
Mes petits arrivent dépouillés
Comment habiter les eaux sans ouïe
Dans les fonds abîmés par la main qui nuit !
S’inquiète l’anguille en peine
Cœur frémissant qui saigne
Mes petits arrivent dépouillés
Comment mal nés vont-ils s’enraciner
Pousses nourries au jeune sein condamné!
S’inquiète l’arbre en peine
Cœur frémissant qui saigne
O douleur! J’arrive et déjà dépouillé
Fœtus sevré du lait des rêves clairs
Par la furie guerrière du Ciel et Terre!
S’écrie le bébé en peine
Cœur frémissant qui saigne
Mes peuples arrivent dépouillés
Puisque dame rage tient les hommes en serre
J’invaliderai mes fruits la gorge amère!
Enrage la mer en peine
Cœur frémissant qui saigne
Mes peuples arrivent dépouillés
Puisque la science-espoir s’est fait la peau
Règnera la pègre /savoir-faire en faux!
Enrage la terre en peine
Cœur frémissant qui saigne
J’entends les armes déchirées
Je sens leurs poussières murmurer
Les viviers proches comme ceux éloignés
En la forme et entrailles empannées
La peine de mort, dites-vous? Du vrai ciné…!
Face aux alchimies de la mort
Je vois gémir l’abeille sur la fleur
Pollen-musique joie du don en flammes
Je vois gémir l’hirondelle printanière
Douceur matinale mise au cimetière
Face aux alchimies de la mort
Je vois gémir la sereine rivière
Les bourgeons baume-bonheur en gésine
Je vois gémir la blanche messagère
Au son du glas de la verte Paix altière
Démentielle espérance des jours éclairs
Face aux alchimies de la mort
Au fœtus sevré du lait hivernal
Ruissellement des faisceaux nucléaires
Cours d’eau évidés de suc germinal
De berges riantes de joies et danses florales
Face aux alchimies de la mort
Démoniaques alliées pour la mort
Il reste une seule voie de secours
Le seul choix, pour un Basta fort
L’Indéfectible pureté du Coeur.
Djohar Khater