Pierres vivantes de Teilhard
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"Teilhard ne méconnaît pas la valeur spirituelle du désert ; mais il n'est pas dupe. Il n'a pas oublié la prière du Christ pour ses Apôtres : "Père, je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais." Il montre à plusieurs reprises du respect pour les contemplatifs, mais il craint que les monastères expriment encore une désertion, une fuite du monde, alors même que "c'est la passion (non la fuite) du Monde qui devrait pousser à la solitude !"... Et jose penser que la fascination de Teilhard pour les déserts, ceux d'Égypte ou ceux d'Asie en particulier, n'est pas seulement le fait du scientifique en quête de roches ou de fossiles, mais bien celui d'un "passionné du Monde " !
Derrière ces critiques et ces attaques, non dénuées d'ironie, se cache le souci de Teilhard de discerner, dans l'Église de son temps, "trois pierres périssables dangereusement engagées dans les fondations : la première est un gouvernement qui exclut la démocratie ; la deuxième est un sacerdoce qui exclut et minimise la femme ; la troisième est une révélation qui exclut, pour l'avenir, la Prophétie."
(...)
À notre époque où les catholiques aiment à parler des pierres vivantes de l'Église, cette mise en garde de Teilhard à l'égard des pierres périssables ne manque pas d'intérêt, voire même de pertinence (à moins qu'il ne s'agisse d'impertinence). Je laisse au lecteur le soin d'en juger, le priant seulement de ne pas oublier que jamais Teilhard ne met en question le rôle essentiel de l'Église. "Sans l'Église, martèle-t-il, le Christ s'évapore ou s'émiette ou s'annule !"
[in (l'excellente biographie de) Teilhard de Chardin, par Jacques Arnould]
Alina Reyes
La biographie "Teilhard de Chardin" par Jacques Arnould, Editions Perrin, vient d'être rééditée dans la collection de poche "Tempus" du même éditeur. Prix: 9€50