Loupé sur l'identité nationale, première victoire sur le sarkozysme ?
[...] Le sarkozysme est avant tout une technique de manipulation, qui masque une parfaite continuité sur le fond.
En 2007, le candidat Nicolas Sarkozy avait déployé avec talent et moult
renforts médiatiques cette technique d'enfumage. Les électeurs
s'étaient laissés prendre au piège, accordant massivement leurs
suffrages à un candidat dont ils croyaient qu'il allait incarner le
volontarisme politique et une certaine rupture idéologique, sur des
questions comme l'immigration, l'euro, la repentance, le pouvoir
d'achat ou la sécurité.
Pendant
les deux premières années du quinquennat, l'enfumage marcha à plein
régime, et à chaque fois les Français, en premier lieu les électeurs du
Sarkozy de 2007, tombaient dans le panneau : sur la gestion de la crise, présentée
comme exemplaire par les médias et le pouvoir, sur la guerre en
Géorgie, soi-disant réglée en une nuit par le chef de l'Etat, sur la
présidence de l'UE, réputée exceptionnelle, sur les G20, décryptés par
le bruit médiatique comme l'oeuvre du président français, sur la
sécurité et l'immigration bien sûr, thèmes sur lesquels le pouvoir
parut longtemps crédible et Nicolas Sarkozy combattif.
Les coups médiatiques succédaient aux coups médiatiques, et l'opinion
publique ne parvenait pas à sortir la tête de la fumée.
Mais le ressort s'est brutalement cassé.
A l'occasion du débat sur l'identité nationale, énième manoeuvre
électoraliste avant les élections régionales. Pour la première fois en
effet, les Français, très vite et dans des proportions massives,
déjouèrent la stratégie de communication élyséenne et perçurent la
supercherie.
On aurait pu craindre qu'une nouvelle fois les électeurs croient aux
beaux discours de fermeté, aux envolées patriotiques du pouvoir.
Il n'en fut rien heureusement.
Et
lorsque le pouvoir se rendit compte que le piège dans lequel il
comptait une nouvelle fois enfermer les Français se retournait contre
lui, il décida de couper court au débat, et de passer à autre chose.
Ainsi, Nicolas Sarkozy préféra
vendredi envoyer François Fillon prononcer un discours sur l'identité
nationale. Ce discours ressemblait d'ailleurs fortement à un
enterrement du sujet en bonne et due forme.
Le pouvoir
sortira probablement très vite de son chapeau un nouveau thème, un
nouvel enfumage. Les impôts certainement. Il tentera de manipuler en
faisant croire que l'explosion des impôts locaux s'explique simplement
par la mauvaise gestion socialiste des régions, alors qu'en réalité
c'est toute la décentralisation, portée par l'UMP et le PS depuis 30
ans, qui est en cause.
Le
loupé sur l'identité nationale démontre que, pour la première fois, la
machine à enfumer n'a pas fonctionné. Il révèle aussi à quel
point Nicolas Sarkozy est un imposteur, préférant passer à un autre
débat lorsque la manipulation ne prend pas,
affichant ainsi le peu d'intérêt qu'il porte en réalité au fond du
sujet. Les Français ont perçu que le chef de l'Etat se moquait
éperdûment de l'identité nationale, comme il s'en moquait déjà tout
autant en 2007. C'est en cela que le système est touché au coeur.
Une fois le ressort cassé, il est peu probable qu'il puisse
refonctionner. Un magicien ne peut pas refaire un tour quand le public
a perçu la ficelle.
Cela ne veut pas dire qu'il ne faudra pas poursuivre sur la route du désenfumage.
Il faudra continuer d'expliquer inlassablement les techniques de
communication du pouvoir. Il faudra continuer à expliquer que la vraie
opposition n'est pas entre l'UMP et le PS, mais bien entre ceux qui
croient en la France, et ceux qui n'y croient plus, les mondialistes.
Il faudra être attentif aux stratégies de manipulation du pouvoir,
relayées par les médias.
C'est en oeuvrant en ce sens depuis des années, notamment sur la Toile,
que le brouillard de l'enfumage a fini par se déchirer. Ce n'est donc
pas le moment de relâcher l'effort [...]
(extraits)