« Le monde ne se maintient que par le souffle des enfants qui étudient »
Les défis
de la diversité. A propos du dernier ouvrage de Maalouf…
« Le monde
ne se maintient que par le souffle des enfants qui
étudient »
La diversité
culturelle marque profondément nos sociétés. Celle-ci se renforcera
encore et sera de toute façon là demain, partout et pour tous, quoi
qu’on fasse. La diversité, c’est une richesse pour une communauté
à condition que cette communauté puisse rester unie au niveau des
valeurs. Parce que les valeurs essentielles sont universelles. Un immense
défi !
Entre le respect
de la diversité sociale, culturelle, philosophique et le souci d’une
unité sur les valeurs, l’école a souvent l’impression d’être
amenée à faire le grand écart. La nostalgie du passé et le repli
identitaire sont parfois des refuges tentants. Ce n’est pas mon fait.
Dans toute chose , y compris dans l’éducation et l’enseignement,
je suis convaincu que ce n’est pas le retour illusoire aux comportements
d’autrefois qui pourra nous amener à faire face aux défis d’aujourd’hui
et de demain.
C’est aussi
le point de vue d’Amin Maalouf, écrivain libanais francophone, dans
son dernier ouvrage, Le dérèglement du monde
(Grasset, 2009). Ce n’est pas un roman mais un essai dans la
ligne des Identités meutrières
qu’il écrivit il y a quelques années. Dans son livre, Amin Maalouf
appelle notre société à réinventer une nouvelle échelle de valeurs
qui lui permette de mieux gérer sa diversité, son environnement, ses
connaissances, ses équilibres, bref sa capacité de survie.
Mais il y a
une valeur première !
Je le cite :
« La première de ces valeurs, c’est l’universalité, à savoir
que l’humanité est une. De ce fait, c’est une faute impardonnable
que de transiger sur les principes fondamentaux sous l’éternel prétexte
que les autres ne seraient pas prêts à les adopter. Il n’y a pas
de droits de l’homme pour l’Europe, et d’autres droits de l’homme
pour l’Afrique, l’Asie ou pour le monde musulman…Aucun peuple
sur terre n’est fait pour l’esclavage, pour la tyrannie, pour l’arbitraire,
pour l’ignorance, pour l’obscurantisme, ni pour l’asservissement
des femmes. Chaque fois qu’on néglige cette vérité de base, on
trahit l’humanité et on se trahit soi-même. »
Amin Maalouf
affirme qu’on ne pourra sortir par le haut du dérèglement qui affecte
le monde qu’en donnant la primauté à la culture et à l’enseignement.
Il termine son argumentation en disant qu’il n’est pas insensible
au fait que les grandes traditions religieuses ont des exhortations
similaires aux siennes.
« L’encre
du savant vaut mieux que le sang du martyr », affirme Mohamed, le Prophète
de l’islam, et dans le Talmud, cette idée forte, émouvante : « Le
monde ne se maintient que par le souffle des enfants qui étudient. »
Au début de
cette année 2010, je souhaite à tous les enseignants, lecteurs
du blog d’Alain, de faire de leur école un lieu où
le souffle des enfants qui étudient reflète une humanité fondée
sur deux principes intangibles et inséparables : l’accueil de la diversité
des expressions et l’universalité des valeurs du projet éducatif.