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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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26 août 2010

Cardonnel

 

DIEU EST PAUVRE (PERE CARDONNEL) REEDITION

CARDONNEL

       

   

En mettant de l'ordre en vue de la réfection d'une chambre, je l'ai retrouvé ce livre précieux pour moi qui n'a jamais quitté mon esprit depuis que je l'ai lu, il y a près de quarante ans.
   
Le Père Jean Cardonnel est dominicain. Dans toute son oeuvre, comme le dit la préface du livre que je vous présente il entend briser l'idole du "Bon Dieu" pour découvrir le "Dieu vivant".
    Je ne sais s'il vous sera possible de retrouver cet ouvrage qui en ce temps du matérialisme sarkosiste, prend tout son sens.
   
    Tout d'abord ce texte qui nous révèle un peu quel homme est le Père Cardonnel.
   
"Quand je serre la main d'un homme, d'une femme inconnus de moi quelques instants auparavant, je traduits ma surprise, ma joie de rencontrer un nouveau visage humain ; j'exprime ma volonté de me lier avec un autre, d'entrer en sympathie, de chercher à former une nouvelle communauté d'amitié."
   
   
   
"Nous évoluons dans un monde dont la préoccupation de soi constitue l'armature. Notre monde est celui de l'égoïsme; des choses, de la quantité; il s'épanouit en règne des privilèges, des affaires, de l'argent. Nous sommes dans la société compétitive... Les premiers entendent toujours demeurer les premiers. Ils veulent même de plus en plus distancer tous les autres considérés comme des concurrents... Si les premiers seuls comptent, où seront les derniers. Les autres, les derniers ne seront jamais traités comme des personnes...ravalés au rang de choses...ils demeurent en marge.
    Quand viendra le tour des autres ? Jamais ?"  (page 24)
   
   
Ce livre reprend des sermons adressés à un public sud-américain. Ils restent combien vrais dans cette Amérique latine criante d'injustices mais ils sont de plus en plus vraie en notre Europe soumise à la loi matérialiste du marché, écrasée sous le poids d'un capitalisme qui, déboussolé, entraîne notre société peu à peu dans l'abîme.
   
   
    Réfléchissant au rapport entre Dieu et la pauvreté et partant le richesse, Jean Cardonnel écrit très justement :
   
    C'est uniquement lorsque je n'ai plus rien que je peux me donner à plein.
    Il détaille ce processus en trois attitudes :
   
    - A partir de tout, je ne donne rien.
    - A partir de beaucoup, je donne peu.
    - A partir de rien, je donne tout.
   
    (page 35)
   
Il faut vivre en pauvre pour être humain. Parce qu'il est incapable de donner autre chose que lui-même, le pauvre seul a pouvoir d'accomplir le geste créateur...Le Créateur, selon la définition la plus classique, réalise de rien. Il prend tout de lui-même pour le donner à sa création.(page 36)
   
    "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l'aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu."
    (Certains ont voulu adoucir cette parole de Jésus en parlant d'une porte basse à l'entrée d'une ville : pitoyable !)
La parole terrible doit s'entendre dans toute sa rigueur : il est littéralement impossible au riche de pénétrer dans le Royaume de Dieu (Luc 18,25)  Si nous ne sommes pas des pauvres, entrons en contact avec des pauvres ; il ne s'agit pas d'une rencontre épisodique mais d'un lien permanent qui implique à long terme l'abandon... de notre pouvoir. (page 38)
   
   
    Que pout-on donner en échange d'un seul homme ? Rien ? Si, le sang de Dieu.
    On n'a pas le droit d'estimer, d'apprécier un seul homme à un prix moindre que le Sang du Pauvre. (page 45)
   
Entre amis, il n'est jamais question de s'imposer, de se commander. L'Amitié élimine les rapports de force qui ne peuvent conduire qu'aux catastrophes.... S'il est impossible de contraindre à aimer, il faut obliger, même par la force, à renoncer aux moyens d'exploiter, d'humilier, de dominer, ceci pour...la libération des oppresseurs.
   
   
(Je me rappelle un article du même Père Cardonnel où il n'hésitait pas à dire que pour aimer un riche il fallait  d'une certaine façon le dépouiller de sa richesse en tant qu'elle l'empêchait de vivre la communion avec les autres hommes et tout particulièrement les pauvres. En cela  Jean Cardonnel était très proche de la théologie de la Libération si combattue par Jean Paul II et le pape actuel Benoit XVI.)
   
Parce que Marx et Engels ont toujours rencontré la religion sous cet aspect, parce qju'une foule d'hommes la découvrent effectivement ainsi, ils la dénoncent avec raison comme la source des aliénations. Elle vide l'homme de sa substance, de sa dignité, elle le force de se retirer de lui, de son humanité, elle le rend étranger à lui-même.
Le reproche légitimement adressé par Marx et Engels aux religions et au Christianisme ... n'atteint pas l'Evangile, la Révélation. Les fondateurs du communisme ont remarquablement analysé l'aliénation humaine forcée mais ce qui leur a échappé c'est aliénation volontaire, dont l'Amour d'amitié seul livre l'énigme. Il s'agit du mouvement de celui qui abdique tous ses privilèges, qui sort à plein de lui-même pour vivre la condition de ceux qu'il aime. (page 91-95)
   
Dieu détruit d'un seul coup toutes les frontières. La moindre frontière doit nous apparaître insupportable, blasphématoire pour Dieu qui lie désormais son sort à celui de l'humanité, fait cause commune avec tous et chacun des hommes. Le Dieu qui dévalorise les frontières est en lui-même un Appel permanent, exigeant au combat toujours plus efficacement mis au point contre les distances, les séparations entre les hommes. Si Dieu a supprimé, aboli les frontières, comment pourrions-nous en nous réclamant de Lui, tolérer à plus forte raison renforcer, un seul système de ségrégation ?  (page 99)
   
Je dis à mes amis qui nient Dieu des lèvres mais dont le coeur est plein de Lui, aux mécréants évangélique : pourquoi cette Amitié que vous cherchez ne serait-elle qu'un mot, une idée ? Si elle était quelqu'un, un vivant, la réalité même,  la racine de toutes choses  !...
A propos des guerres qu'il faut bien appeler coloniales, on parle volontiers de négocier à partir d'une position de force. Dieu, lui, ne négocie jamais à partir d'une position de force. Dieu n'inaugure pas un dialogue amical à partir d'une reconnaissance de sa puissance. dominatrice...
C'est dans l'histoire, la faiblesse des chrétiens nominaux, leur complicité honteuse avec le monde que de vouloir faire appel à la puissance pour imposer la Bonne Nouvelle de l'Amitié.

   
   
Yvan Balchoy
    yvanbalchoy13@gmail.com

http://www.poesie-action.com/

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