En Palestine, la résistance s’appelle Hamas
par Ginette Skandrani sur http://www.plumenclume.net/
Le Hamas n’est pas un mouvement terroriste puisqu’il se bat pour la récupération des terres palestiniennes spoliées par l’État sioniste.
Le Hamas,
mouvement de résistance islamique tel qu’il se définit, est
actuellement le plus important des mouvements palestiniens. Il est
d’obédience musulmane, ce qui me semble tout à fait logique vu qu’il a
vu le jour dans un pays musulman, mais tous les membres et
sympathisants de ce mouvement ne sont pas forcément musulmans. Beaucoup
de mes amis du FPLP, souvent chrétiens, qui avaient essayé de concilier
marxisme et nationalisme arabe, ont fini par rejoindre le Hamas pour
continuer la résistance, une fois que le FPLP eut renoncé à la lutte
armée. Le Hamas s’est d’ailleurs toujours présenté comme un «mouvement
de résistance palestinien». La dénomination Hamas a été délibérément
choisie en raison du rapprochement avec le sens du mot en arabe, qui
signifie «ardeur, zèle», sur le modèle de l'acronyme inversé Fatah.
Le
Hamas a été crée en décembre 1987 par le Cheikh Ahmed Yassine au moment
de la première Intifada dans laquelle ce mouvement s’était largement
investi à côté des mouvements représentés dans l’OLP et des différents
comités crées pour l’occasion. Cheikh Yassine, paraplégique et en
fauteuil roulant, a passé dix ans, de 1994 à 2004, dans les prisons de
l’occupant. Le Hamas s’était inspiré à ses débuts du mouvement des
Frères musulmans pour se transformer au fur et à mesure de ses combats
en un mouvement de résistance et de reconquête des terres spoliées par
Israël en 1948, lors de la création de l’État sioniste, puis de celles
annexées en 1967, créant des centaines de milliers de réfugiés.
Le
Hamas, ainsi que le Jihad islamique, étaient des mouvements tolérés
sinon soutenus, par Israël, pour affaiblir l’OLP. Les sionistes
voyaient d’un très bon œil ces mouvements religieux car ils
s’imaginaient pouvoir les cantonner dans les mosquées. Ils se sont bien
trompés, car chaque Palestinien, croyant, pratiquant, ou non, est avant
tout un patriote et cherchera toujours à défendre la terre de ses
ancêtres.
Les attaques de la branche armée du Hamas visent
indistinctement civils et militaires israéliens et déstabilisent
l’occupant qui a fait pression sur toute la communauté internationale,
afin de mettre ce mouvement sur la liste des organisations terroristes
établie par le Conseil de l’Europe, du Canada, du Japon et des USA. Sur
cette liste figure également le FPLP depuis quelques années.
En
revanche, pour la Grande-Bretagne et l'Australie, seule la branche
armée du Hamas est classée comme terroriste; pour l'Afrique du Sud, la
Russie, la Norvège, le Brésil et d'autres pays, le Hamas n'est pas
classé comme terroriste.
Par ailleurs le mouvement a créé un vaste
réseau d'assistance sociale en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, et
a remporté les élections législatives palestiniennes de 2006; il a
ainsi dirigé deux gouvernements successifs de l'Autorité palestinienne
pendant quelques mois. Le groupe se concentre sur l'aide sociale et
médicale, sur des projets religieux et une intense action d’aide aux
familles. Il a acquis la confiance de l’ensemble de la population
palestinienne.
Le Hamas, comme le FPLP (Front populaire de
libération de la Palestine, crée par Georges Habache) ont rejeté les
accords d'Oslo de novembre 1993 signés entre Israël et l’OLP, qui ont
donné naissance à l’Autorité nationale palestinienne. Le 16 avril 1993,
le Hamas a revendiqué la première opération kamikaze qu'il a organisée,
elle a été perpétrée contre un bus à Mehola Junction dans la Vallée du
Jourdain.
Avant la seconde Intifada, le Hamas a inauguré
l'utilisation des attentats-suicides contre des civils israéliens
(notamment à Hadera, en avril 1994) et contre des soldats et a étendu
la résistance pendant les années du soulèvement palestinien,
particulièrement durant la seconde Intifada, celle de 2000.
Le chef
historique du mouvement, le cheikh Ahmed Yassine, est assassiné dans sa
chaise roulante, lors d'une attaque aérienne ciblée de l'armée
israélienne le 22 mars 2004, sur ordre d'Ariel Sharon. Puis son
successeur Abdelaziz Al Rantissi est également assassiné quelques jours
après sa désignation, de la même façon, par un missile. Le changement
de direction à la tête du Hamas entraîne un changement de stratégie du
mouvement qui a commencé à s'impliquer davantage dans la vie politique.
Des
représentants du Hamas se sont présentés aux élections municipales
palestiniennes de 2005. Le succès aux municipales a fait apparaître le
Hamas comme une opposition politique importante face au Fatah, un an
avant les législatives prévues pour janvier 2006. Il apparaît depuis
lors comme une organisation intègre et proche des gens face au Fatah
embringué dans des histoires de détournement d’aides internationales et
très bureaucratique.
En tant que parti de résistance, le Hamas est
opposé au partage de son territoire avec Israël et a dénoncé les
accords d'Oslo vus comme une trahison de la volonté du peuple. Le Hamas
est pour une Palestine arabe, une terre où tous ceux qui le veulent
peuvent vivre ensemble quelle que soit leur religion. Le 26 janvier
2006, le Hamas a remporté les élections législatives palestiniennes. Il
a obtenu 56% des suffrages, ce qui lui a donné une majorité
parlementaire de 74 sièges sur 132. Le Hamas a ainsi ravi la majorité
au Fatah qui ne l’a jamais accepté et qui a toujours voulu prendre sa
revanche quitte à faire le jeu de l’occupant.
Le président de
l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a invité le Hamas à former le
nouveau gouvernement, en janvier 2006. Mais ce résultat est perçu comme
un net retour en arrière par les gouvernements étrangers qui jouaient
le rôle de médiateurs dans le conflit israélo-palestinien. Ils
voulaient bien des élections, mais voulaient également choisir les
élus! Les USA ont déclaré qu'ils ne traiteraient pas avec le Hamas tant
qu'il ne renoncerait pas aux opérations-kamikaze et seulement lorsqu'il
accepterait le droit à l'existence pour Israël, ce qui est en
contradiction avec la charte actuelle du mouvement.
Pendant la durée
de la campagne législative palestinienne, il n'a pas été fait mention
d'un objectif de destruction d'Israël, plusieurs commentateurs et
médias israéliens précisent néanmoins que les dirigeants du Hamas ne
renoncent pas explicitement à cet objectif. Pendant cette campagne, le
Hamas a soutenu également la légitimité de son action passée, notamment
les attaques menées en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, qui ont permis
l'évacuation de la Bande de Gaza.
En février 2006, Khaled Mechaal,
chef du bureau politique du Hamas, réfugié à Damas, réitère la
proposition de Hudna (trêve) et de mettre fin à la lutte armée si
Israël se retire de tous les territoires occupés et reconnaît les
droits du peuple palestinien. Le Premier Ministre par intérim, Ehud
Olmert, exclut pour sa part toute négociation avec le Hamas : «Nous ne
négocierons pas et nous ne traiterons pas avec une Autorité
palestinienne dominée totalement ou partiellement par une organisation
terroriste».
L'objectif du Hamas est l'établissement d'un État
souverain sur le territoire actuellement constitué par Israël, la Bande
de Gaza et la Cisjordanie (d'après les frontières d'avant 1967), avec
Jérusalem comme capitale. Pour l'accomplissement de ce but, le Hamas
soutient son droit à la lutte armée.
Selon certains médias,
Abdelaziz Al Rantissi, l'un des cofondateurs du Hamas, assassiné par
Israël comme son prédécesseur Ahmed Yassine, a affirmé que le but de
l'organisation était d'«effacer Israël de la carte».
Ismaïl Haniyeh
a été désigné par le Hamas pour former un nouveau cabinet de l'Autorité
palestinienne. Depuis l'élection ayant porté au pouvoir le Hamas, c'est
la crise en Palestine : fin des subventions internationales, nombreuses
attaques de la part d'Israël, bouclage de la bande de Gaza et, plus
récemment, des attaques bilatérales entre les deux principales factions
palestiniennes, soit le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas du
Premier ministre Ismaïl Haniyeh. Constatant l'échec des négociations
Fatah-Hamas, le président Abbas menace à la mi-décembre de déclencher
des élections législatives anticipées, bravant ainsi la Loi
Fondamentale (Constitution palestinienne) qui n'accorde qu'au Conseil
législatif cette prérogative. Le Hamas rejette la décision d'appeler à
de nouvelles élections législatives. Malgré l’accord de départ,
Mohammed Dahlan, membre du Fatah, chef de la Sécurité Intérieure,
détesté par tous les militants, accentue les tensions et les amplifie
pour leur faire atteindre leur paroxysme en juin 2007. Ainsi, le 15
juin 2007, suite à ce qui s'apparente à une guerre civile entre le
Hamas et le Fatah, qui occasionnera 113 morts, les forces de sécurité
du Hamas prennent le contrôle de la bande de Gaza, évinçant totalement
le Fatah du territoire.
Le 17 juin, le président Mahmoud Abbas
limoge Ismaïl Haniyeh de son poste de Premier ministre, nommant à sa
place le ministre des Finances Salam Fayyad. Ce nouveau gouvernement
siégeant à Ramallah et contrôlant la Cisjordanie n'est pas reconnu par
le Hamas, car la Loi Fondamentale impose au Président en cas de
limogeage du Premier Ministre, de le remplacer par un membre de la
majorité parlementaire, à savoir le Hamas, or le parti de Salam Fayyad
n'a obtenu que 2% des suffrages aux législatives contre 56% pour le
Hamas, ce qui mène à la scission de fait des Territoires palestiniens
en deux entités distinctes. Suite à ces évènements, des divergences
apparaissent au sein du Fatah, resté au pouvoir en Cisjordanie, quant à
l'attitude à adopter. Le président M. Abbas, toujours revanchard,
n’acceptant pas le résultat des urnes, refuse catégoriquement tout «
dialogue avec les putschistes, les assassins, les terroristes »,
qualifiant la prise de contrôle du Hamas de «plan pour diviser Gaza et
la Cisjordanie et établir un Émirat, un mini-Etat, contrôlé par un seul
groupe, ses fanatiques et ses fondamentalistes». D'autres, tel Marouan
Barghouti, critiquent fermement le coup de force du Hamas à Gaza, mais
tentent cependant de conserver l'objectif: l'unité des Palestiniens.
Le
27 décembre 2008, une offensive israélienne vise à déstabiliser le
Hamas dans la Bande de Gaza, officiellement pour mettre fin aux tirs de
roquettes sur le territoire israélien : c'est le début de la Guerre
barbare de Gaza. Nous sommes spectateurs d’un génocide programmé sous
nos yeux. Le ministre de l’Intérieur de Gaza, Saïd Siam, vient d’être
assassiné à son tour, par une frappe aérienne ciblée. L’armée
israélienne, à son habitude, a agi lâchement, massacrant aveuglément
les voisins et les membres de sa famille. Nous honorons ici sa mémoire.
Nous
demandons ici à tous nos amis palestiniens, d’oublier leurs rancœurs et
leurs rivalités afin de reprendre le dialogue entre eux, de se serrer
les coudes, car leur division ne profite qu’au colonisateur de leur
terre. S’ils ont survécu à 61 ans de répression, d’exclusion, de
massacres, de spoliation des terres et de l’espace, s’ils ont su
résister avec peu de moyens… c’est parce qu’ils étaient unis.
Paris, le 16 janvier 2009