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24 février 2011

Algérie, une révolution de velours , point de vue par Djohar Khater

   Par doses appropriées d’anesthésiant ou par petites ou grandes flagellations, la dictature fabrique les modèles et contre-modèles. Instrumentés au passage par les adversaires supposés, mais alliés inconditionnels dans la lutte sans merci pour le partage du pouvoir.

C’est par eux, modèles faisant des émules ou boucs-émissaires  suscitant la terreur ou la colère, que se réalisent les visées et les desseins des uns et des autres. Elites et pouvoir.

 

Du ravage du pouvoir et de ses élites :

 En Algérie, le règne de la barbarie fait que le rouleau compresseur de ceux qui détiennent la moindre parcelle de pouvoir et leurs seigneurs et  maitres qui trônent sur la ligne d’arrivée, se rejoignent pour bloquer toute tentative d’émancipation, se faisant un honneur de broyer toute volonté réellement récalcitrante, ou supposée telle.

Ainsi se maintient le régime qui s’est approprié le pays à l’Indépendance. En être esclave ou d’une façon ou d’une autre mourir à la vie. Tel est le décret. Aveugle à tout autre que soi, il veille à tuer dans l’œuf tout éveil à la dignité.

 Une  débauche de haine bien difficile à comprendre pour qui méconnait les scabreux mécanismes  du pouvoir algérien et de la société de violence dont il émane. Rien ne justifie en effet, le harcèlement, l’acharnement à détruire l’intelligence sertie du bien vouloir, si ce n’est le mesquin calcul et la hargne d’obsédés de pouvoir et d’avoir. Et la peur non moins obsessionnelle de les perdre.

Car une fois franchi le premier pas, plus rien ne compte. Sauf prolonger les délices qu’un égo démesuré s’est attribué par l’amputation des droits fondamentaux des autres. Sujets de non-droit, dans les mains desquels on crache, pour mieux les asservir.

C’est que pour le ventre qui crie famine,  la dignité est un crime. Une hérésie à combattre, à abattre, si elle ne se résout à ramper et tel un serpent sortir son venin, à point. Une hérésie à éradiquer par tous les moyens.

En ce domaine, ce ne sont ni l’imagination ni les armes qui manquent. Les plus machiavéliques sont celles qui agissent à votre insu sur le long terme, celles qui vous font regretter la paix des tombes et le jour de votre naissance. Celles qui vous tuent au quotidien, des milliers de fois.

 Au cas où votre tête refuse de comprendre, qu’il lui faut se casser si elle ne veut qu’on s’en charge. Où votre cœur refuse de haïr, de saisir qu’il lui faut se noircir, s’il ne veut qu’on l’assèche. Alors, il faudra s’attendre au pire. Réflexion et sollicitude étant complémentaires, elles sont  pour la dictature  du ventre, un risque intolérable. Un danger d’implosion.

Le fait est que l’instruction, celle qui enseigne à être homme ( non une pseudo-alphabétisation) et inculque  le civisme, l’intelligence en somme, y est indésirable. Et par voie de conséquence, indésirable est l’honnêteté quand d’autant plus, elle s’allie à la claivoyance.  L’opportunisme seul a droit d’existence.

 Aussi, quand l’asservissement du peuple aux fantasmes de ses caïds est de règle, ceux qui tentent de se soustraire au joug de l’esclavage s’attirent-ils une explosion de vindicte. Le drame, c’est quand ils reçoivent les coups dans l’indifférence générale.

Parce que l’instinct de survie des témoins se refuse à tout élan salvateur, là où sa présence  n’a pas encore été bannie du cœur,   le  machiavélisme politique, via la désinformation et l’intox n’a pas réussi son travail de sape pour séparer ses victimes des masses. Et  parce que  le flirt des élites connues avec le pouvoir n’en a pas fini de décrédibiliser quiconque voudrait agir dans le champ politico-social.


 De la responsabilité des acteurs sociaux :

De fait, si un  acteur social, leader d’opinion ou intellectuel, est d’abord un  homme, ce n’est pas un homme ordinaire. Même s’il ne peut qu’être de sa société. La mission qu’il s’est choisie est particulière. S’il est le premier à piétiner l’idéal qu’il est sensé défendre, quel poids donner à cet idéal et comment se fera-t-il entendre ?

C’est pourquoi, la restauration de la confiance ou plus exactement de la construction de ladite confiance - la méfiance envers les  acteurs sociaux de tout ordre ayant toujours été dominante - ne peut avoir lieu que sur le long terme.

Dans une société de violence extrême qui sert de frein à l’avènement d’une émancipation citoyenne, le combat est donc de longue haleine. Il n’ a pas de meilleure amie que la vigilance et l’endurance. Face à la vindicte des forces de l’inertie, ce sont les seules armes à visage humain, dont un acteur social puisse se prévaloir.

Face  aux forces de l’inertie, celle des masses populaires moulées dans le mépris de soi,  l’incertitude du lendemain et l’arnaque comme mode de vie dominant, et d’autant plus violentes et impulsives que manipulables à souhait et celle  d’un système politique oppressant bâti sur le mépris, l’instrumentation de la misère sociale et humaine  et la répression, le courage et la résistance sont de bonne guerre.

Courage et résistance qui  ont du reste, depuis toujours constitué les qualités premières des hommes de valeur de  cette terre  millénairement meurtrie. Et trop souvent  victimes de cette vindicte bien de chez nous, qui a coûté à l’Algérie les meilleurs de ses enfants.

Pourtant, aucun mouvement social d’envergure, qui se veut de changement ne peut se passer de la bonne volonté des acteurs sociaux. Aucune revendication sérieuse, porteuse d’espoir, ne saurait aboutir sans l’abnégation et la sensibilité communautaire qui est la leur.

Il est temps que la société reconnaisse les siens. Aujourd’hui, avant demain. Ils sont la cheville ouvrière qui saura la mener à bon port et déjouer les pièges. 

 

 Manipulations et retour à la case de départ : 

Il faut le dire, les algériens ont toujours fait le jeu des manipulateurs , qui les ont braqués les uns contre les autres, qui les ont fait s’entretuer et se déchirer. Pour des raisons de leadership, par règlement de compte, simple fantaisie ou malveillance dévorante.

 Les ravages en sont aisément identifiables dans  sa tragique  histoire récente. Laquelle force au face-à-face avec la lâcheté et la trahison à large échelle :  tandis que les uns, majoritairement jeunes idéalistes chauffés à blanc ou agissant sous contrainte, étaient prêts au sacrifice suprême, les autres, la plupart des autres, dont les chefs de file, à quelque exception prés, baignaient dans la rapine et la magouille.

 Nombre de ceux qui survécurent, en vinrent eux aussi ou revinrent , par  déception ou par dépit, à la rapine et la magouille.

Le piège du besoin tenaillant de survie ou celui de décrocher le mérite du guerrier,  dans lesquels ils se sont trouvés pris par le truchement d’une manipulation visant à les décharger d’un rôle que le pouvoir politique a désormais endossé, et à les discréditer sur la scène publique, s’ils n’avaient déjà été cassé, leur ont fait oublié  la guerre qu’ils ont eu à livrer, avec ses drames et larmes.

Par conséquent, le plus petit des combats, ou le Jihad el asghar s’arrêta là, et n’eût pas de continuité. Si bien qu’après la guerre, rien ou presque n’a changé aux conditions qui ont suscité leur engagement à mort et souvent à mains nues, quand ce n’est avec des armes rudimentaires, contre un adversaire d’une puissance écrasante. Un scénario qui se reproduit aujourd’hui, encore.

L’évolution des émeutes qui émaillent la vie nationale en est une bonne illustration. La révolte des  jeunes minés par le désespoir est souvent détournée de son sens : elle n’est point dans les médias de l’Etat, l’expression  d’une souffrance induite par le manque de perspectives  dans un pays de grande richesse, où l’on affiche sans scrupules une aisance éhontée aux yeux d’une majorité dont les horizons sont bouchés, mais un chahut de gamins mal éduqués. L’occasion d’une gifle aux parents. Les familles sont donc culpabilisés. Seules.

On ne souffle mot sur les conditions de vie plus que pénibles dans lesquelles se débattent la plupart d’entre elles. De la malvie qui ronge les jeunes qui ont perdu repères et espoir. Dans l’indifférence sourde de l’Etat. Ni sur la responsabilité de l’école et du ministère de l’éducation qui réquisitionnent les enfants- démocratisation de l’enseignement oblige- durant la partie la plus sensible leur vie, pour en faire des sujets de choix. Aucune récrimination non plus, à l’encontre des ministères de la culture, de la formation professionnelle et de la jeunesse et sports. Tous ont fait leur boulot, sauf les parents des voyous !

A ces signaux d’alarme récurrents, on répond par la médiatisation de la plus infime des concessions, comme une avancée de taille dans la résolutions des problèmes.  Récupérant au passage les meneurs, pendant que les autres auront à l’avenir à  montrer patte blanche. Ainsi se resserre le filet. Etranglés, ils rueront plus facilement dans les brancards. Pour se faire tuer. Tous les mouvements contestataires de l’Algérie indépendante, l’ex-FIS y compris, sont passés par là.  

 Par ailleurs, si le spectre du méchant étranger qui fomente des coups, peut être à bon escient rassembleur, dans toutes les politiques nationales, la main de l’étranger a bon dos. Le danger de l’ingérence étant  un autre visage de l’arnaque qui perdure depuis l’Indépendance.

S’il est une évidence que toute nation  se construit au départ sur le dos de pays plus faibles ( autant que sur le dos de ses populations les plus fragiles) et s’ingénie plus tard à les  maintenir dans un état de dépendance, il n’en reste pas moins vrai que ceux qui ont saccagé l’Algérie  sont des algériens.

Qu’ils aient agi sous la férule d’une volonté extérieure ou autochtone ou de leur propre chef, ce sont des algériens. Si tous les crimes sont honnis en tant que tels, il en est qui le sont plus que d’autres: ceux qui sont commis contre soi, contre ses propres compatriotes. Car ils n’ont d’autre justification que le pouvoir et/ ou ses corollaires.

Comparés à ces crimes, les destructions des « petits voyous » montées en épingle par la télévision d’Etat dans ses comptes rendus sur les émeutes, sont un jeu d’enfant. Permettant aux laissés-pour-compte de sortir, ville par ville, leur trop-plein de colère, il désamorce la bombe de l’embrasement social. Mais il sert surtout aux grands voyous à noyer le poisson dans l’eau et continuer en toute tranquillité le pillage des richesses nationales pour toujours plus de pouvoir. Pendant que le peuple était terrorisé, l’avant-garde intellectuelle et les honnêtes gens décapités,  les milliardaires eux poussaient comme des champignons, durant la décennie noire.

Aussi, s’il n’est pas étonnant que le système politique se maintienne par le feu et le sang, instrumentant pour perdurer les hommes qui s’offrent à lui. Il est encore moins étonnant que dans la jungle Algérie, les élites aient tendance à s’adosser à un cercle politique ou un pouvoir administratif pour la protection de leurs droits et tirer avantage de leur position d’expert, de relais ou de contrôle.

Cela va de soi du fait de la nature du pouvoir. Et  faut-il dire, du fait de la tiédeur de la majeure partie des acteurs sociaux, qui auront fort à perdre, dans un bravade contre un pouvoir auquel ils doivent d’exister, dans l’intérêt de sa seule survie.  

Et auront autant à craindre de l’avènement d’une société autonome où une égalité des chances et un accès commun aux droits ne seront plus l’apanage d’une minorité, que le clientélisme et l’entrisme  ont privilégiée ou propulsée au devant de la scène sociale.

C’est pourquoi, le maintien du statut quo est leur priorité : il leur est vital de protéger leurs arrières.

Ce cadre funeste a vidé la société de ses moyens de défense et  ses capacités créatives, produisant le désespoir le plus stérilisant et la violence, et par voie de conséquence, le repli sur soi et le désaffection pour la chose publique, quand ce n’est le dégoût.  

 

 La gangrène de la démission sociale: 

Il est malheureux de constater, qu’en sus du laisser – aller  induit par le climat de déprime générale qui habite et gouverne la société, il y rège   un égoïsme outrancier, une rare  dureté à l’encontre des semblables. A contrario des injonctions du Saint Coran et des présupposés de la modernité. Porte-drapeaux des sensibilités dominantes.

Le Coran s’adresse en effet  à des personnes alertes devant l’injustice, responsables, intelligentes, fraternelles et humaines et les interpelle. Ses recommandations  reviennent dans des versets appris ou retraduits, ponctuant  les conversations, discours et conférences, et rythmant les prises de paroles.

Les valeurs universelles quant à elles, ne prônent pas autre chose que cette exigence de justice, de quête du savoir, de droit au respect et à la dignité pour tout un chacun, imposée par l’Islam. Et par-dessus tout, du droit à la vie.  

Si ces préceptes sont bien présents dans la double culture traditionnelle et moderne des militants ou sympathisants du socialisme ou de la démocratie et autres, ils en sont aussi éloignés dans la pratique que les tenants de l’Islam de leur soi-disant idéal.

Dans la pratique des uns et des autres, c’est le chacun pour soi qui prime.  Peuvent en témoigner les idéalistes de tous bords, qui en ont fait les frais à leur dépens. Les « mon frère- ma sœur » servis à tout propos n’étant que palabres.

Ce qui est tout-à-fait incompréhensible, c’est que ceux-là mêmes dont l’intérêt vital commande de se solidariser, pour peser sur les décisions d’un régime qui accapare tous les pouvoirs, se font la guerre. Passe-droit, gabegie, pot-de-vin, piston, tippa, ruses, délation, peaux de banane, banditisme, braquages ... en tout genre, forment une force majeure. Il en est ainsi du haut en bas de l’échelle.

A la différence que les bas de l’échelle subsistent d’une guerre pour une part de miette. Le plus intelligent, le plus méritant, aura été celui qui aurait arraché sa part de la bouche d’autrui, pour service rendu. Et qu’une justice aux ordres n’aurait pas rattrapé dans l’un des spectaculaires procès ou vendettas, traditionnels.

Oui, le drame est que les concernés par le changement, dont l’avenir des enfants est en jeu, soit la grande majorité du peuple, sa partie active, s’investissent le moins ou pas du tout dans une perspective d’un mieux-être collectif. Que les seuls qui soient conscients de l’importance du combat pour des lendemains autres, et pour la société de justice prônée par leur idéal socio-politique, se contentent d’en discourir pour mieux se vendre.

Ainsi faisaient les partis clandestins satellites du pouvoir avant octobre 1988. Et ainsi depuis, font les partis de l’opposition, parfaits complices du pouvoir, qui se sont partagés le territoire en fiefs. Ainsi font également les majorités non encadrées, dans l’espoir de quelque dividende, ou d’éviter les déboires. C’est là le vrai probléme.

Car un peuple indifférent à son sort, notamment à celui des générations futures et pratiquant la politique de l’autruche, en attendant que les choses s’arrangent et qu’on veuille bien lui offrir ce dont il rêve, cela dépasse l’entendement.

Or, il est plus qu’urgent  de comprendre, une bonne fois pour toutes, que  la médiocrité ne fait pas de cadeaux gratuitement, et ne donne pas des bons points. Ni ne reconnait aux autres des droits. Elle sert du poison. Et se sert de la peur pour durer le plus longtemps.

 

 Telle société, tel pouvoir :  

En matière de gouvernement, il est un axiome  en Islam, comme dans les sciences politiques modernes, que les hommes ont les dirigeants qu’ils méritent. Le Hadith, parole sacrée du Prophète  des musulmans le dit bien : « Il vous sera donné des gouvernants à votre mesure  ». Aussi, si un changement doit avoir lieu, c’est ’abord dans le comportement de tout un chacun, dans la société.

Si la corruption, à titre d’exemple, est érigée en mode de gestion, c’est que la société elle-même est corrompue, à petite et grande échelle. De qui se plaindre, alors? Au nom de quelle légitimité lutter contre un mal qui est une norme sociale?

Au risque de se répéter, en dehors du changement moral des majorités populaires, point de salut. Une revendication n’est légitime que si elle a une assise sociale. Elle aura beau se référer  à des préceptes religieux ou à des valeurs universelles, elle n’en demeurera pas moins sans sens, si l’objet  de la revendication n’est pas enraciné dans la pratique individuelle et sociale.

Pire, elle sera violemment combattue si elle n’y est pas reconnue en tant que code de conduite édicté par la culture du groupe en tant que nécessité absolue à  l’épanouissement dans le cadre de la collectivité.  Sa dénonciation relèverait du crime suprême, là où il représente  un mode de gouvernance ou son objectif implicite, pour revenir au seul exemple de la corruption.

 En clair, l’état d’une société à une époque donnée se colore des attitudes dominantes d’un peuple et de la volonté commune  des membres d’une société à s’engager dans un sens ou dans un autre de l’histoire. Les tendances sociales générales de la période font le lit de la réalité naissante et préfigurent la société à venir.  En tant que produit des actes conjugués des hommes, non du hasard.

En définitive,  ce sont bien les hommes qui font les sociétés et  les systèmes. C’est par eux que se maintiennent et se reproduisent les pouvoirs. S’ils sont le réservoir dans lequel ces derniers puisent leur énergie et leur puissance, ce sont eux aussi qui les défont, qui les rendent obsolètes et qui les forcent au changement. Quand ils ont décidé de prendre leur devenir en main. Risques assumés.

Par conséquent, une société consciente de ses droits s’impose parce qu’elle connait ses devoirs. Parce qu’elle assume les obligations que lui imposent la cohabitation et le vivre-ensemble.  Dont chacun des membres sait  qu’il choisit aussi bien pour les autres que pour lui-même, à chacun de ses actes. Tant pour le présent que pour l’avenir.

Aussi, ceux qui  gouverneront cette société devront-ils respecter leur mandat, s’ils ne veulent pas d’une sanction. Ils savent qu’ils auront à rendre des comptes. Ce qui limitera les dérives. C’est de sa capacité de régulation qu’une société forte tire son pouvoir. C’est ce qui fait la puissance des sociétés développées.

 

Pour un changement dans la durée  :

Nul besoin, pour réaliser un changement de qualité  de faire la guerre au pouvoir, mais à l’Etat de non-droit duquel il tient son pouvoir. Il est vain d’espérer construire quoi que ce soit, hors l’Etat de droit. Et  non moins vain d’escompter l’avènement d’une justice sociale  par le recours aux armes et la violence, qui sont mieux maniées par les forces adverses, et se soldent toujours par des victimes sans nombres dans les rangs des plus faibles.

En cela, la guerre de libération nationale et la guerre civile plus proche, sont suffisamment édifiantes. Leurs fruits ont échus à ceux qui ne les ont pas faites. Malfrats tirant les ficelles et guettant leur heure dans l’ombre. Pour fendre sur la proie et confisquant le butin, se proclamer rois.

Pour ce faire, une résistance pacifique dans la durée, à l’encontre de l’anarchie entretenue, de l’injustice décidée, de l’humiliation programmée. Par une solidarité à toute l’épreuve, une fraternité humaine, un soutien apporté à toute victime, une dénonciation des dépassements, une remise en place du droit bafoué et de l’arbitraire du déviant.

Pour ce faire, une société civile prompte à réagir, une presse et une justice libres. Or, si la presse a fait un grand pas dans ce chemin de croix qu’est la liberté, la société civile et l’indépendance de la justice ne sont pas prés de naitre. 

Leur avènement est tributaire de la volonté d’acteurs sociaux déterminés, soutenus par des masses non moins déterminées à avancer, sur le chemin de la conquête des droits sociaux-économiques et humains. A être les maitres de leur destin. A vivre dans la dignité.

Pour ce faire, nul besoin non plus d’un messie. Il suffit que tout un chacun accomplisse son rôle d’humain responsable, où qu’il soit. Sans quoi, ni le messie ni le meilleur des leaders ne peuvent rien. Hors l’engagement personnel des masses populaires, pour la réalisation du bien-être commun et au-delà, d’un mieux-être individuel, point de salut.

Mais pour en arriver là, il faut que l’esprit de combat, d’aller de l’avant détrône le fatalisme et la paresse, mais surtout la peur. La peur paralysante de perdre une promotion, des droits et des avantages, ou dans un cas extrême,  la vie. Aléatoirement garantis d’ailleurs, même par un Etat de droit qui se respecte.

Ce dont il faut par contre, véritablement  avoir peur, c’est de faillir à son devoir « d’être humain ». C'est-à-dire de surseoir à sa propre réalisation en tant que homme responsable dans son rapport actif au monde. En un mot, de faillir humainement. C’est bien la pire des  faillites.

 Ne pas se laisser aller à la facilité, se brider dans la course au bien-être matériel,  se transcender, c’est cela le plus grand des combats, le Jihad el akbar dont parle le Coran. Et qui est tout bénéfice pour  l’acteur et communauté humaine à la fois.

Le Jihad el akbar, ou le plus grand des  combats, ce n’est ni plus ni moins,  le combat pacifique de tous les jours. Le plus dur des combats, pour la dignité. L’avantage quand il devient une attitude massive, est qu’il protège de l’arbitraire : on ne peut mettre en prison ou tuer tout un peuple. 

Quand à la violence, une fois de plus, elle ne paie pas. Il y a suffisamment eu de morts et d’éclopés, jusque-là. Le peuple, masses et élites socialement engagées, confondues, pour en avoir souffert dans  l’âme et la chair, en sait quelque chose. Les élèves ont bien appris la leçon. Toute goutte de sang supplémentaire est de trop. Il a déjà coulé à flots. Pour rien. Ou presque.

Ce qu’il faut à présent, c’est une révolution de velours. Les aventuriers dont les familles sont au chaud, les  suceurs de sang de tout acabit, peuvent remiser leur cheval de Troie. Les vendeurs de rêves et fanatiques de tous bords sont priés de garder leurs chimères, les mirages ne sont plus de ces temps. Les morsures de la réalité ne permettent plus de continuer à l’aveugle.

Autrement dit, tout un chacun qui assiste indifférent à une injustice ou à  un tort y participe. Il est du tyran, au milieu de son peuple, les yeux et le bras. Il est l’une des mains qui distille la lente mort parmi les hommes. Il n’est pas fortuit qu’il soit dit dans le Coran : «Allah ne changera pas l’état d’un peuple tant qu’il ne se serait pas changé lui -même ». Or si les hommes ne s’aident pas, comment espérer un changement ?

Il ne suffit pas d’avoir à la bouche le fameux Hadith « Dieu aide l’homme tant que l’homme aide son frère » pour s’en sortir. Ce serait pure hypocrisie. Si Dieu  a interdit l’injustice, c’est qu’elle est à la source de tous les maux. En résumé, la société doit changer, si elle veut un changement constructif. Tout le reste est perte de temps ou fuite en avant. 

 

Conclusion :

Le système fabrique les modèles et les contre-modèles. C’est un fait. C’est son rôle. Le problème est que cela semble arranger bien du monde : larrons et victimes. Jusqu’à quand ?

 S’il est vrai qu’hors de la dignité, il n’est nul mérite, il est encore plus vrai que la dignité se mérite.

 

 Le 11/02/2011

 Djohar Khater

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