Ma transcendance= rupture, responsabilité, effort (Garaudy)

Je ne pense pas qu'il puisse y avoir une pensée révolutionnaire sans transcendance, c'est-à-dire sans possibilité de rupture. Par transcendance, je n'entends pas ce que les théologiens classiques ou dogmatiques entendent, mais d'abord le contraire du fatalisme: on peut vivre autrement, un moment de rupture est possible. Deuxièmement, le contraire de l'individualisme. C'est-à-dire, je pense que chacun de nous est responsable de l'avenir et du destin de tous les autres. Cette forme de transcendance, en nous rappelant qu'elle était la condition essentielle de toute pensée révolutionnaire, car si l'histoire était déjà déterminée, nous n'aurions pas besoin d'être révolutionnaires, il n'y aurait plus qu'à attendre que le socialisme naisse. Or, il ne peut naître que de l'effort de chaque jour.

Roger Garaudy

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Comments

[Hypothèse]

Ma transcendance= rupture, responsabilité, effort

C'est peut-être "votre" transcendance, mais toute maman connait ça.

Obligée de suivre le mari..... alors que c'est très rare quand l'homme ... Il y a bien rupture. Rupture aussi lorsqu'on lui impose une volonté autre que la sienne. Mais cela peut venir des conditions extérieures au couple et il faut qu'elle fasse face.

Responsabilité, parlons-en de la responsabilité chez les machos : c'est "je suis responsable de toi et tu fais ce que je te demande" aussi bien chez les politiciens (qui sont convaincus d'être responsables et qui ne font qu'appliquer les consignes des experts qu'ils se sont choisis) que le père qui veut savoir et s'énerve lorsqu'il n'est pas obéi, ou le frère qui croit avoir droit de regard sur la petite soeur. Je me rappelle avoir dû dire à mon père:" Tu n'es pas responsable de moi, je comprends tes craintes..." Chacun n'est responsable que de lui-même et on ne cache pas son appétit de domination sous le terme de "responsabilité"

Effort : en éducation ce n'est pas évident de transmettre le plaisir de se dépasser. Surtout dans les années 70 où on vous traitez de masochiste ou parfois de sadique. Il faut se souvenir que la névrose est courante chez ceux qui se regardent le nombril.

Donc je suis heureuse que Garaudy ait apprécié Theilhard, mais sa définition de la transcendance est trop triviale, prosaïque. Même si l'histoire n'a pas de sens, pour pouvoir supporter les aleas, il nous faut "lui" donner un sens. D'ailleurs, voici ce que j'écrivais il y a quelques années :

Je ne sais pas si c'est pour tout le monde pareil, mais selon moi, le 1er travail de l'être humain est de savoir ce qu'est la liberté. Ce n'est certainement pas ce qu'en disent les Etats qui affirment que c'est un droit ! la liberté est un effort sur soi pour dépasser ses tendances narcissiques, sa léthargie naturelle, et se mettre "au service des autres". Aider est la meilleure façon de conjuguer le verbe aimer. La vocation de tout être humain est bien la liberté mais on peut trouver la liberté même en prison, même dans les pires conditions d'existence. L'article 4 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen définit la liberté comme la capacité d'agir de façon bénéfique dans l'intérêt des autres.

Mon expérience est qu'il faut agir sans demander l'autorisation aux autorités. Voici pourquoi : Les autorités sont renvoyées à leur nullité. Quand j'ai voulu construire (avec les enfants) une piste cyclable (pour les plus petits) dans la cité HLM, j'ai piqueté dans l'herbe et peint sur le sol le tracé et j'ai demandé aux résidents leurs critiques. Tout le monde s'est accordé et nous n'avions plus qu'à demander les autorisations pour passer à l'acte. Jamais l'office des HLM n'a répondu (parce que le terrain ne lui appartenait pas) mais l'office ne m'a pas pour autant rediriger vers la société qui en avait la propriété. Les enfants ont fait une pétition qu'ils ont remis aux mains des élus, mais jamais les élus n'ont aidé en quoique ce soit et la piste cyclable n'est toujours pas faite! Or nous savons que laisser les enfants circuler à vélo au milieu des parkings et voitures est dangereux! et les plus petits avec leur tricycle doivent être constamment surveillés.

Quand j'ai voulu enseigner aux enfants comment réparer leur vélo, il a fallu d'abord que je vérifie que je savais remonter une roue arrière : les pignons, la chaîne, les vitesses me faisaient peur et sur les VTT je ne savais pas puisque je n'en ai pas. L'ANPE n'a pas voulu m'aider, je n'ai pas trouver de stage : tous avaient peur que je leur prenne le travail ou que je travaille au noir ! J'ai fait un tel scandale que je me suis retrouvée à pouvoir acter en justice ! La République disait que j'avais droit à une formation et l'Etat me disait que je n'y avait pas droit. Je n'ai pas posé le problème devant les tribunaux mais 12 ans plus tard, je le regrette !

La seule fois où je me suis passée d'autorisation ça a réussi. J'ai montré à mon mari l'endroit où je voulais semer et planter. C'était un endroit nu comme la paume de la main situé au croisement d'autoroutes et ça faisait 2 ans qu'il était resté en l'état puisque le sol était composé de gravats qu'une fine couche d'argile recouvrait. Mon mari m'a donné comme condition d'agir avec une amie. Nous sommes donc allée un mercredi semer et planter. Je ne vous raconterai pas les klaxons, les quolibets. Ce qui m'a stupéfaite, c'est la rapidité de transformation de l'endroit. En moins de 3 semaines c'était engazonné et arboré ! Oui Madame. Comme je ne crois pas aux anges, j'ai pensé qu'un directeur de DDE avait du passer par là et donner ses ordres pour que le secteur soit embelli. C'est le seul endroit qui n'a pas reçu le panneau, le Conseil Général ou l'Etat (ou encore l' Europe) investit pour embellir votre route !

Quand mes contemporains auront trouvé la liberté alors se posera la question :"Qu'est-ce que j'en fais ?" La justice est le but naturel de la liberté. C'est pour exercer la justice que nous avons vocation à la liberté.

[Hypothèse]

Je suis parfaitement d'accord avec lui pour ne pas être fataliste. Moi aussi je me sens responsable de mes actes et de mes choix et solidaires de la communauté humaine.

"chacun de nous est responsable de l'avenir et du destin de tous les autres" Oui et non. Oui pour ce qui est de l'obligation de veiller aux conséquences de nos choix et actes individuels, mais je ne m'autorise qu'à prévenir pour ce qui est des actes d'autrui. C'est pour ça que je dis "solidaire"

R.Garaudy ne pense pas qu'une pensée révolutionnaire soit possible sans transcendance ou sans rupture ? Il met la rupture du côté de la transcendance. Pourquoi ? peut-être qu'il a tout à fait raison. Admettons. Donc la transcendance est à l'origine de la rupture. Donc la rupture est la preuve d'une conscience qui se révolte contre le fatalisme. Pourquoi serait-elle révolutionnaire ?

" il n'y aurait plus qu'à attendre que le socialisme naisse" Pourquoi faut-il qualifier d'avance ce qui va naître de la rupture ? Je reconnais là (mais je me trompe peut-être) le besoin d'organiser, d'englober, de maitriser ce qui nait de la rupture. Quand il y a rupture, il y a inédit. Croire que ce sera la révolution ou le socialisme c'est se projeter alors que c'est encore inédit. A moins que ce soit le désir d'orienter l'inédit ?

"Or, il ne peut naître que de l'effort de chaque jour." Nous sommes en 2014 et savons que se dépasser, se maitriser, se discipliner, arracher aux non-dits la parcelle de lumière, avoir confiance, garder l'espérance, tout ce qui est de l'ordre de l'effort a sa propre récompense puisque "ce travail proprement humain" structure l'individu et le transforme en une personne.

Je vais aller voir la suite. Mais avant je clique sur recevoir un email si quelqu'un veut commenter mes questions