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17 février 2008

Les régimes fascistes étaient-ils « sans Dieu » ?

Il est faux d’affirmer que l’absence de « l’idée de Dieu » serait à l’origine des crimes de masse du XXe siècle. Quelques rappels s’imposent.

Le président de la République a livré son interprétation toute spirituelle des causes des massacres de masse du XXe siècle. Ceux-ci trouveraient leur origine non dans « un excès de l’idée de Dieu, mais (dans) sa redoutable absence ». Dans la lignée des condamnations officielles émises par le Vatican, nazisme et communisme se trouvent ainsi une nouvelle fois mis sur le même plan, au mépris de l’histoire des hommes et des idées. Et l’appel à restaurer « l’idée de Dieu » dans le combat contre les totalitarismes fait peu de cas de l’appui que les fascistes ont pu trouver, à plusieurs moments de l’histoire du XXe siècle, auprès d’une partie des autorités religieuses de l’Église catholique.

Quelques rappels s’imposent. En France, la compromission de la grande majorité de la hiérarchie religieuse, notamment d’une figure comme le cardinal Gerlier à Lyon, avec le régime de Vichy, a été reconnue par l’épiscopat français lui-même, en 1997, quelques jours avant l’ouverture du procès de Maurice Papon. Le silence de Pie XII face à la déportation des Juifs ne revenait-il pas, par ailleurs, à offrir une caution au régime nazi ? Et que dire du soutien de l’Église catholique, quelques années auparavant, au soulèvement franquiste contre la République espagnole, puis à la dictature de Franco, qui s’est proclamé « caudillo de Espana por la gracia de Dios » ? En octobre dernier, les autorités ecclésiastiques locales ont même béatifié 498 « martyrs », exécutés par les Républicains espagnols. Ces « martyrs », d’après le pape Benoît XVI, qui a prononcé alors une messe en leur hommage, auraient en fait « payé de leur sang leur fidélité au Christ et à son Église ». On le voit, « l’idée de Dieu » n’était pas franchement absente tout au long du XXe siècle, encore faut-il préciser le contenu de cette idée. D’autres exemples y concourent. Pendant que les hiérarchies officielles, dans leur majorité, soutiennent les dictatures en Amérique latine dans les années soixante-dix-quatre-vingt-dix, au premier rang desquelles celle de Pinochet au Chili, des religieux, derrière les figures tutélaires de Gutierriez au Pérou puis des frères franciscains Leonardo et Clovis Boff au Brésil, s’engagent pour la démocratie et la défense des plus démunis. La « théologie de la libération » est née. Et en France même, des hommes comme le Cardinal Saliège à Toulouse se sont engagés dans la Résistance, ont caché des Juifs menacés de déportation dans les camps de la mort nazie. Se référer à « l’absence de l’idée de Dieu » pour expliquer les massacres de masse du XXe siècle constitue un non-sens historique.

Laurent Être http://www.humanite.fr/

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