Les valeurs et les droits de l'homme à l'école, par Djohar Khater
La réalisation même partielle du modèle sociétal démocratique dans lequel semble s’inscrire le discours politique officiel de l’Algérie depuis une vingtaine d’années, requiert la mise à contribution de l’ensemble des institutions étatiques par la mise en œuvre des instruments et mécanismes adéquats. Or, la société algérienne, étant régie pour des raisons historiques, culturelles et politico- économiques par un agrégat d’attitudes et de comportements qui se situent concrètement à contrario des valeurs morales et des droits humains, il semblerait que la réforme de l’école soit le premier jalon à poser pour l’avènement d’une société qui reconnaîtrait effectivement, dans sa pratique quotidienne, aux valeurs humaines la place qui leur échoit de droit en tant que vecteurs de bien-être et d’épanouissement collectif.
Il est évident que l’école la
plus performante en la matière, serait inopérante sans l’appui des autres
instruments éducatifs que sont les mass-médias, le pré / para-scolaire, les
activités extra-scolaires, les écoles de soutien... Mais pour que tout cela se
mette en branle, et agisse efficacement, il conviendrait d’abord que l’école,
connue pour être le passage obligé pour l’acquisition du savoir
académique, qui assure encore dans l’imaginaire
collectif - et plus exactement, là où le
diplôme est perçu comme la clef de la réussite ou une assurance sur l’avenir - valorisation
et promotion sociale, joue son rôle de
locomotive et ne se pose pas en porte-
à- faux. Aussi, serait- il intéressant de savoir si l’école accorde la
place et le crédit nécessaires aux idéaux humanitaires de la Déclaration
universelle des Droits de l’Homme, conjointement aux spécificités authentiquement
nationales, telles que consignées par les réserves apposées à ladite Déclaration
et aux Conventions et Pactes qui s’y rattachent ?
Pour ce faire, il serait pertinent de mettre à jour les attitudes des acteurs de l’école envers les valeurs et les droits humains. Et ce, à travers la perception et la personnalisation qu’en font les déclarations, les instructions et les lois-cadres régissant le secteur ; mais aussi à travers les pratiques qui transparaissent dans les rapports entre Autorités politiques / autorités publiques/école, Administration / enseignants, enseignants/ enseignés, élèves/ élèves. Il serait par ailleurs, tout aussi utile d’évaluer le Modèle / idéalités préconisés par les manuels, tels que perçus par les acteurs principaux de l’institution scolaire, qu’ils soient portés par une intentionnalité bien affichée par le biais des introductions, ou par le contenu réel des corpus. Se recoupent-ils ici et là, pour répondre aux idéaux universel et national, dans ce qu’ils ont de convergeant d’une part, de spécifique d’autre part ?
Cet éclairage sur la culture des Droits humains et des valeurs humanitaires à l’école, permettrait de mieux cerner la question et donc de combler les lacunes, pour corriger les défaillances qu’elles soient inhérentes à la culture autochtone supposée ou réelle, à l’idéologie du pseudo-socialisme de la phase précédente, ou aux valeurs dominantes du capitalisme sauvage; lesquelles valeurs ont tout perverti et balayent à l’heure actuelle, jusque dans l’école, tout ce qui n’a pas valeur marchande, pour ne laisser de l’espérance démocratique et de ses promesses, qu’une coquille vide et un alibi au dictat du marché.
Alger 05/04/2008
Djohar Khater