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16 novembre 2007

L'affaire Israël

 

 

     L'Etat sioniste d'Israël, là où il a été implanté, n'a aucune légitimité: ni historique, ni biblique, ni juridique. Ni morale: son comportement intérieur et extérieur (racisme, expansionnisme, terrorisme d'Etat) en fait un Etat comme les autres, et même parmi les pires [...]
     La doctrine constitutive de l'Etat d'Israël - le sionisme politique, né non pas de la tradition judaïque, qui ne lui sert que de camouflage et d'alibi, mais du nationalisme et du colonialisme occidental du XIXe siècle - est une forme de racisme, de nationalisme et de colonialisme.
     Cet Etat, né d'une telle idéologie mystificatrice, et d'une série d'actes de violence et de terrorisme, n'a été créé qu'au nom d'une décision illégale de l'ONU (dominée alors par les puissances occidentales colonialistes), et par des pressions et des corruptions éhontées; il a vécu, non par son propre travail et ses propres forces, mais, comme autrefois les Croisés, par l'afflux de l'argent et des armes de l'Occident, et surtout par l'appui inconditionnel et illimité des Etats-Unis, qui en ont fait une pièce maîtresse dans leur stratégie mondiale, un coin enfoncé dans le Proche-Orient.
     L'Etat sioniste d'Israël, dépouillé de ses mythes fondateurs, et du terrorisme intellectuel (quand il n'est pas physique), entre donc dans le droit commun des Etats, sans auréole et sans privilège, sans caractère sacral. Car tous les Etats sont, comme lui, nés non d'un "droit" quelconque, mais d'un rapport de forces et de faits accomplis.
     L'on ne saurait donc refaire l'histoire, et les hasardeuses frontières des Etats, à coups de canon.
     En quoi peut, dés lors, consister une solution réaliste ?

     Il est dépouvu de sens de demander à l'OLP [Garaudy écrit en 1983, le Hamas n'existe pas, ndlr] de "reconnaître" Israël sans conditions au moins pour trois raisons majeures:
     - Ce serait exiger des Palestiniens qu'ils proclament la légitimité de la spoliation de la terre et de l'éviction des hommes dont ils ont été victimes. L'Etat d'Israël, en palestine plus qu'ailleurs, peut à la rigueur être accepté comme un fait, mais non reconnu comme un droit.
     - L'Etat d'Israël de par son essence (le sionisme politique) et son existence (la succession de ses usurpations et de ses guerres) est en expansion constante, convoitant après chaque aggression et chaque annexion un nouvel "espace vital". L'on ne peut donc "reconnaître" la validité de frontières "élastiques". Quel Israël demande-t-on à l'OLP de "reconnaître" ? Celui de la partition de 1947, définie par l'ONU ? Celui des empiètements de 1948 par la terreur, par Deir Yassin ? Celui de 1967, avec ses territoires acquis par la guerre préventive et l'invasion ? Celui de 1982 avec la prolifération de ses colonies de peuplement ? Celui des rêves mégalomanes de Herzl (de l'Euphrate au fleuve d'Egypte), de Ben Gourion (du Litani au Sinaï), d'Ariel Sharon rêvant de contrôler le Proche-Orient de la Turquie des Dardanelles à l'Egypte de Suez ? Ou du "projet" de désintégrer tous les Etats arabes selon leurs clivages ethniques ou religieux ?
     - Enfin comment peut-on demander à l'OLP [ et au Hamas en 2010, pour actualiser le texte de RG, ndlr] de "reconnaître" valablement quelque chose alors qu'on nie même son droit d'exister ? Comment peut-on demander un acte de reconnaissance à une institution dont on nie l'existence ? [...]
       Les nouveaux empiètements seraient-ils "négociés" avec une poignée de "gauleiters" imposés, de collabos et de "kapos", de "marionnettes" qui seraient aux arabes ce que Haddad est aux chrétiens ?
       La vérité, c'est que les dirigeants israéliens [...] ne veulent négocier avec personne.

     Dés lors la solution du problème ne peut venir que de la communauté internationale.
      - Il ne s'agit pas, comme le prétend une propagande menteuse, de "jeter les israéliens à la mer": ce qui est combattu, par les Palestiniens comme par tous les partisans de la liberté dans le monde, ce ne sont pas des personnes, moins encore tout un peuple, mais une doctrine raciste: le sionisme politique, et le comportement agressif et colonialiste d'un Etat et de ses dirigeants.
      - Selon la formule heureuse d'un dirigeant de l'OLP, même lorsqu'un, enfant est né d'une manière illégitime, fût-ce d'un viol, il ne saurait être question de tuer l'enfant.
      - Toute solution doit être garantie par la Communauté internationale. Quelles qu'en soient les insuffisances dans le passé lorsqu'elle était dominée pâr l'Occident, et qu'elle a illégalement "réparé" l'injustice faite aux "juifs" par Hitler, par une injustice faite aux Palestiniens qui n'avaient aucune part dans les crimes nazis.

     En conséquence, alors que les dirigeants israéliens ont systématiquement bafoué les décisions de la Communauté internationale de l'ONU, la seule solution, honorable pour tous, et garantissant la sécurité de tous, Israéliens ou Arabes, est, comme l'a proposé Yasser Arafat, d'accepter, de part et d'autre, toutes les résolutions de l'ONU concernant la Palestine. 
     Rappelons que la première résolution est consacrée à la partition, qui fixe des frontières précises pour deux Etats: israélien et palestinien. La deuxième résolution donne existence à l'Etat d'Israël. Même si cette partition et cette "création d'Etat" dépassaient juridiquement les compétences de l'Assemblée générale, et étaient injustes en leur fond, elles sont, par respect pour la loi internationale, acceptées par les Palestiniens, à condition qu'elles le soient réciproquement avec des garanties internationales.

     Dans l'application, le seul obstacle vient des dirigeantrs israéliens, pour qui le projet sioniste politique, mythe fondateur constitutif de leur Etat, serait ainsi bloqué dans sa volonté de puissance et d'expansion.
     Il n'est nullement utopique d'envisager cette solution car, précisément, ce sionisme politique devient de plus en plus mythique :
     - d'abord parce que 18 % [ce chiffre est sans doute à revoir depuis la parution du livre de RG mais les proportions n'ont pas fondamentalement changé, ndlr] seulement des juifs, dans le monde, ont répondu à l'appel au "retour" [...].
     L'on peut donc, aujourd'hui, enregistrer l'échec du sionisme politique et de son projet d'amener tous les juifs du monde en Palestine, dans un véritable ghetto mondial, ce qui était le voeu de tous les antisémites du monde.

     La réalisation de ce compromis pacifique, éteignant le foyer possible d'une troisième guerre mondiale, dépend entièrement de la Communauté internationale.
     Est évidemment exclue toute intervention violente, mais la dépendance de l'Etat sioniste d'Israël à l'égard de l'extérieur est telle, du point de vue financier, économique et militaire, qu'une réduction modulée de "l'aide" peut contraindre les dirigeants israéliens [...] à la négociation.
     Dans un premier temps, il s'agit
      - que chaque communauté ait la garantie de sa sécurité, de l'absence de toute discrimination, et de son autodétermination, avec la caution d'une force internationale;
      - que soit immédiatement arrêté tout envoi d'armes, de munitions, d'équipements militaires, au Moyen-Orient, et interdite la collecte d'argent, dans quelque pays que ce soit, par les organes officiels de l'Etat israélien que sont le "Mouvement sioniste mondial" et "l' Agence juive mondiale" (institués par les "lois fondamentales" de l'Etat sioniste d'Israël;
      - que cette "désionisation" progressive de l'Etat d'Israël, indispensable à sa propre sécurité comme à celle de ses voisins, et qui, seule, rendra possible une négociation, soit accélérée par des sanctions économiques croissantes jusqu'à, ce que les dirigeants israéliens consentent, sous la presion de leur propre opinion publique, à ouvrir une véritable négociation avec l'OLP [rappelons encore que RG écrit en 1983,  le Hamas n'existe pas, ndlr] et tous ceux que sa politique n'a cessé d'agresser ou de menacer[...].

     Alors seulement la voie sera ouverte, à un plus long terme, à une véritable intégration de cet Etat, cessant d'être une enclave occidentale raciste et colonialiste en Asie, dans ce que Martin Buber rêvait depuis 1921 et préconisait en 1947: une Fédération du Proche-Orient, où pourraient coexister fraternellement, sans aucune discrimination ethnique entre arabes et juifs, et sur la terre où sont nées les espérances de trois grandes religions, tous ceux, qui se réclamant du grand héritage abrahamique: juifs, chrétiens et musulmans, et tous ceux qui, ayant perdu la foi religieuse en cet héritage, en perpétuent la culture et les hautes valeurs humaines.

Roger Garaudy, Conclusion (pages 195 à 201, extraits) de son livre "L'affaire Israël", Papyrus editeur, 1983

 


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