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5 mai 2008

Gauche et point de vue communiste

Gauche : réflexions pour un point de vue communiste de France (première partie), vendredi 2 mai 2008 / "le Patriote"

A l’évidence, après les espérances mais aussi les réalités et les échecs historiques du « court 20ème siècle », comme après les cycles électoraux de 2002 et 2007 en France, mais aussi les évolutions européennes, tant en Italie, Chypre, l’Espagne ou l’Allemagne, une réflexion et une production conceptuelle et pratique nouvelles sont indispensables pour refonder un processus d’émancipation humaine de toutes les exploitations et de toutes les dominations.

Un capitalisme mondialisé et financiarisé ayant réussi, économiquement mais aussi culturellement et sociologiquement, à intégrer et réagencer l’ensemble de ces dominations à son profit. Y compris celles qui ont historiquement précédé le capitalisme, comme la domination patriarcale.

Notre responsabilité aussi bien dans les ripostes d’aujourd’hui, les rassemblements de luttes comme pour l’avenir, est d’apporter une réflexion nouvelle, chacun ayant bien conscience, au delà de la diversité légitime des points de vue qu’une simple amélioration de l’efficacité militante de l’existant serait en deçà des défis posés.

La notion de gauche

Cette notion reste t elle pertinente ? Ainsi que l’ambition de s’adresser et de vouloir rassembler toute la gauche ? Dans une première vision les raisons d’y renoncer et de vouloir totalement essayer « autre chose » ne manquent pas. Les échecs historiques de la fin du 20ème siècle, aussi bien ceux concrétiser par l’effondrement soviétique que l’échec des social-démocraties dans l’aménagement du capitalisme. Le type de construction européenne à l’œuvre et son insertion dans la mondialisation. Le glissement des cercles dirigeants de la social démocratie en social libéralisme ainsi que le rôle que jouent activement nombre de ses dirigeants dans ce capitalisme mondialisé, de l’OMC au FMI, en passant par des dirigeants européens comme T.Blair….les raisons apparentes de vouloir faire « table rase » de cette ambition ne semblent pas manquer.

Et, partant de ce constat, considérer que face à ce bipartisme de consensus pour l’économie de marché qui a une domination institutionnelle écrasante, l’heure ne serait qu’à la résistance anticapitaliste, voire à une longue traversée du désert pour ressourcer une force révolutionnaire nouvelle, au refus de toute alliance avec le PS, à considérer comme compromettante toute perspective de dynamiser une gauche qui soit à la fois de combat et de responsabilité dans les institutions ou des majorités, voire même considérer que la notion même de gauche aurait perdu toute pertinence.

De tels points de vue ne feraient à mon sens qu’accélérer la marginalisation durable des forces de transformation sociale, agissant pour un dépassement du capitalisme et l’émancipation humaine.

L’utilité de la politique

Notamment dans la tradition française, la notion de gauche vient de loin. Y compris dans les suites de la révolution française. Ce n’est d’ailleurs pas d’aujourd’hui, qu’un courant de cette gauche est marquée par le réformisme, voire selon les périodes des compromissions actives avec les forces dominantes du capitalisme et on ne va découvrir tous les matins ce que sont les « socialistes » comme produit et prolongement de cette histoire du réformisme, comme si on tombait de l’armoire. (1) Jamais sinon, nos prédécesseurs n’auraient osé le « Front Populaire contre le fascisme, pour le pain et la liberté », ni non plus recherché le rassemblement du peuple de France le plus large dans la Résistance et à la Libération.

Il reste que, loin d’avoir intérêt à l’effacement du clivage « gauche/droite », voire de rejeter le PS dans le « camp d’en face », l’intérêt populaire est au contraire me semble t-il de restaurer pleinement ce clivage « gauche/droite », tout en portant un débat, totalement public sur ce que doit être la gauche et une politique de gauche. Il y a d’ailleurs un déficit dramatique de ce débat public et populaire. Là est la question pour dépasser les formes effectivement insuffisantes voire obsolètes d’échanges, d’accords ou de désaccords entre organisations politiques.

Car les difficultés ne sont pas seulement les déceptions nées en France comme en Italie des politiques des « gouvernements de gauche » enfermés dans leurs renoncements face au néo-libéralisme ou bien les menaces institutionnelles du bipartime et du vote utile. La difficulté essentielle réside dans la crédibilité d’une perspective de transformation sociale de dépassement du capitalisme dans les conditions nouvelles de notre époque. C’est la question politique majeure. D’où la question du projet et des contenus. Certes s’adresser à toute la gauche, comme au peuple entier, ne suffit pas pour répondre à la question posée. Mais s’en priver serait assurément s’interdire de la résoudre en assassinant la crédibilité de toute perspective majoritaire et condamner alors la contestation du capitalisme à se cantonner à la protestation marginale et au verbe incantatoire et dénonciateur.

Le communisme français

Ce qui distingue un parti politique communiste, d’un simple mouvement ou d’une association, c’est la nature de l’ambition. Pas simplement entretenir une contestation ou des contre- pouvoirs dans tels ou tels domaines, mais d’être utile concrètement, à la fois au quotidien et dans l’utopie (au sens positif du terme), pour construire des rassemblements populaires majoritaires, faire bouger la société dans le sens des réponses aux besoins populaires contre l’insécurité sociale que déchaîne le capitalisme, unir réformes et ambitions révolutionnaires. Ce que le PCF a su faire à différents moments de son histoire.

Le communisme français vient de loin, de bien avant la « matrice de 1920 », au même titre que Marx d’ailleurs n’a jamais figé dans sa réflexion les formes et les contours de ce que devait être un « parti communiste ». Le communisme n’est pas une théorie ou un « idéal », il est dans chaque formation sociale et nationale, et donc spécifiquement en France, un « mouvement historique réel ». (2) Son utilité et sa reconnaissance se sont enracinées dans la capacité sociale à permettre à des classes exclues, y compris issues de l’immigration, d’exister en politique, dans l’utopie créative d’une perspective, et surtout dans les moments de son histoire où il a su proposer à la société française, non pas « d’abolir » le capitalisme, ou de lui substituer un « modèle » tout préfabriqué qu’il s’agisse du « communisme » ou du « socialisme », mais de conquérir des transformations sociales concrètes, qui ont été potentiellement à leurs époques des négations potentielles et partielles du capitalisme : pensons par exemple au contenu et à la philosophie de la Sécurité Sociale à sa création.

Toute la question qui nous est collectivement posée, est pour la société française d’aujourd’hui, dans le monde et l’Europe d’aujourd’hui, de refonder dans la spécificité du communisme français, un apport pour toute la gauche et la société.

Jean Paul Duparc

(1) voir « L’histoire du réformisme » que Jean Burles avait publié il y a quelques années aux Editions Sociales. (2) Roger Martelli

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Commentaires
L
Arguments à contresens de l'histoire :<br /> - Sarkozy a réduit la différence gauche-droite à la portion congrue. Il l'a fait naturellement, sans se forcer. Les valeurs nationales étant unifiées, il s'est dit : autant faire l'unité nationale.<br /> Seule une "laïcité" plus farouche permet au PS de se positionner aujourd'hui différemment de Sarkozy (conseillé par le très laïc Guaino) ; c'est du marketing électoral, car nul n'est moins "laïcisant" que Marx, plus antilaïc qu'il n'est anticlérical.<br /> <br /> - La gauche a beaucoup plus à gagner de l'extrême-gauche que l'inverse, d'où les sourires mielleux de François Hollande en direction de tout ce qui se situe à sa gauche et réprésente un potentiel électoral, même minime.<br /> <br /> - A vrai dire l'extrême-gauche sait-elle bien elle-même ce qui la sépare de la gauche caviar sur le plan des idées ? N'a-t-elle pas renié son marxisme au moins autant que Jospin (et plus que Danielle Mitterrand) pour se jeter sur des philosophes post-modernes filandreux qui présentent l'avantage de décréter que la révolution n'est plus à l'ordre du jour. C'est l'enterrement qui est à la mode aujourd'hui. Les vieux garçons de Mai 68 tentent de distraire les jeunes cons d'aujourd'hui en agitant leurs vieux hochets.<br /> Ce que les générations nouvelles attendent, c'est quelque chose de neuf, et l'extrême-gauche semble incapable de proposer autre chose que des vieux gadgets moisis - et qui ne sont pas marxistes. Marx n'est pas la continuité de la Révolution bourgeoise de 1789 ; là encore c'est un contresens.<br /> <br /> On ne lutte pas contre cette uniformisation sur le modèle yanki (souhaitée par une bonne partie de la gauche) en décrétant la diversité gauche-droite. D'ailleurs l'alternance républicains-démocrates elle-même est un élément constitutif de l'uniformité yankie.
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