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1 juin 2008

Les faux débats des socialistes

  par Luc Chatel 

Les leaders du PS ont au moins une utilité : ils offrent des idées de une (et de livres) aux directeurs de journaux. Nicolas Sarkozy occupait le terrain. Les lecteurs commençaient à se lasser. Alléluia ! Bertrand Delanoë et Ségolène Royal arrivent en renfort. Avec, en cadeau Bonux, une bonne vieille guerre des chefs à l’ancienne. De quoi lancer les journalistes politiques à l’affût de petites phrases, d’alliances, de mésalliances, de coups tordus. Le tout bercé de bonnes intentions, bien évidemment : Bertrand affirme qu’il ne veut pas le pouvoir, Ségolène promet qu’elle ne fera aucune attaque personnelle, Pierre, Manuel, Arnaud et leurs amis rénovateurs déclarent renoncer à leurs ambitions personnelles au service du Parti et des Français. C’est beau comme une aventure de « Oui-Oui rue de Solférino ». Mais cela vous a un goût amer de veille de Congrès de Rennes.
Pourtant, le débat socialiste aurait pu prendre une meilleure tournure. En le lançant autour de la question du « libéralisme », Bertrand Delanoë offrait une piste de réflexion de fond à ses camarades, et par ricochet à toute la gauche. Précisons en effet que la gauche du PS n’est pas mieux lotie, entre des socialistes (Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon) qui sont réduits à compter les points et une LCR bousculée par la médiatisation de son leader, récemment invité chez Drucker, et par une opposition interne qui tente de voir ailleurs si la révolution y est. Le débat autour du libéralisme peut s’avérer passionnant à condition de rappeler quelques événements historiques fondateurs, et de savoir s’en détacher pour trouver les mots justes capables de traduire la situation politique présente et le projet capable d’y faire face. Quand Bertrand Delanoë déclare que les socialistes doivent accepter l’économie de marché et la concurrence, à condition de les réguler, il enfonce une porte ouverte. Même les communistes ont renoncé à l’économie administrée. Quand Ségolène Royal lui répond qu’on ne peut pas être « socialiste et libéral », elle commet un contresens historique majeur.
Parti ainsi, le débat ne peut que s’enliser. Surtout, de telles joutes théoriques ne seront acceptées par les Français qu’à la condition d’éclairer des propositions concrètes, qui offrent une issue à leur vie quotidienne engluée par la baisse du pouvoir d’achat, la crise du logement ou la précarité de l’emploi. Ce que l’on attend des socialistes, c’est une opposition ferme aux politiques d’aliénation et de domination mises en œuvre par l’actuel gouvernement (et parfaitement théorisées, elles), doublée d’un projet d’émancipation et de foi en l’avenir. Ils ont quatre ans pour le trouver. C’est plutôt mal parti.

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