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  • De Marx à Teilhard de Chardin, de la place pour (presque) tout le monde...
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12 mars 2011

Il faut se prononcer

Quelle France ?

Je me souviens que dans mon enfance, au milieu des années 1980, l'UCFML devenue plus tard l'Organisation politique dans laquelle mes parents militaient avec notamment Alain Badiou, je me souviens donc que cette organisation maoïste post-68 écrivait dans l'un de ses tracts : Le Pen n'est rien, le lepénisme est partout.

Depuis 1974, tous les gouvernements, de gauche comme de droite, ont apporté leur triste pierre à l'édifice de la xénophobie d'Etat. Il y eut l'obscène politique dite « du retour » (http://www.dailymotion.com/video/x8bmaz_greve-aux-usines-talbot-poissy-janv_news), le seuil de tolérance cher au PCF puis à Mitterrand, les lois Pasqua, Chevènement... jusqu'à Besson/Hortefeux. Cette suite de lois scélérates, à la fois infâmes mais décevantes pour la canaille lepéniste, a fini par faire que la famille Le Pen devienne aussi grosse que le lepénisme. D'où la situation présente avec son cortège de noms absurdes et persécutoires : immigrés, enfants d'immigrés,... Comment peut-on décemment continuer à appeler immigrés des gens qui se sont installés ici pour vivre et travailler ? Tout ce qui a disparu sous des noms de fait réactionnaires est ce qui fait le lit de la lie lepéniste - mais hélas consensuelle. La bataille politique contre le sarkolepénisme est aussi une bataille de mots. Décider de reparler de prolétaires ou d'ouvriers à la place d'immigrés est en ce sens un véritable acte politique.

 Je pense aujourd'hui aux ouvriers de mon enfance (l'UCF parlait de « prolétariat international de France »). Je pense à eux avec une infinie tristesse en constatant à quel point l'Etat et le personnel politique parlementaire les méprisent en considérant qu'ils ne sont et ne seront jamais de ce pays. Immigrés ils étaient, immigrés ils sont, immigrés ils resteront. Comme chantait François Béranger, "on a pressé le citron, on peut jeter la peau". Déjà, alors, l'idée des bateaux. Ces pelés, ces galeux, ces islamistes, ces parents de la racaille avaient beau avoir les poumons ruinés par l'odeur du goudron ou abimés par les poussières du travail à la chaîne, ils n'étaient pas français. Ouste. Leurs enfants, avec.

Pourtant, mon pays, la France, si elle ne considère pas Salem, Moustafa ou Ahmed comme faisant partie d'ici, de ce pays, ne vaut rien. Si la France n'est pas la leur, alors je suis étranger, moi aussi, en mon pays lui-même. Mon pays, s'il n'est pas celui de tous ceux qui y vivent, ne peut être le mien. Quiconque vit ici est d'ici, faut-il le rappeler. Quiconque vit et travaille ici est encore plus d'ici qu'un oisif. Pourtant, piétinant toute idée progressiste du pays, l'Etat enrichit les Bettencourt et pratique le délit de faciès dans les cités populaires. Comme l'écrit Robert Linhart à la toute fin de son beau roman, patriotique d'une certaine façon, L'Etabli : "Je pense : Kamel aussi, c'est la classe ouvrière". Je pense, pour ma part, que sans mémoire et sans respect des ouvriers de Chausson, par exemple, usine sise à Gennevilliers, il n'y a plus de France - ou alors, il y a la France détestable et rance, celle de Pétain, celle de l'éternelle réaction, raciale.

C'est le point politique - certes pas nouveau - de la période.

Il faut se prononcer.

 

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