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4 décembre 2011

Communisme chrétien, par Joshua Foust

Cet article, qui stigmatise Marx et le communisme mais pose de vraies questions de fond sur l'un des thèmes de ce blogue - foi et transformation sociale - est de nature je l'espère à susciter un débat: à vos claviers !


Tribune libre unitarienne vol.2, no.1, 2006 

« Je suis communiste.» Je pense que seulement la déclaration qui pourrait  davantage  choquer  mon cercle restreint d’amis serait de dire que « je suis gay ». Mais,  malgré tout,  au fond, je pense avoir  un parti pris pour le communisme.  

 Les églises américaines contemporaines ont, en général, négligé en grande partie de vivre comme elles sont censées le faire. Partout dans la Bible, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament,  il y a des sollicitations à partager, à donner sans compter aux nécessiteux, à vivre dans l’union, à prier ensemble en quête d’un  but unique. Dieu  souhaite voir l’unité et l’amour se réaliser non seulement entre Son peuple, mais aussi entre  tous les peuples.  

 Les églises (avec un e minuscule) ont lamentablement échoué. Il y a pas moins de 3 000 confessions entre lesquelles choisir, et la différence entre chacune d’elles a provoqué des disputes mesquines, des chamailleries, le rejet pur et simple entre frères croyants, voire la guerre ouverte. Cela n’est pas simplement un problème américain – l’Irlande a été, pendant des décennies, le lieu de luttes entre les protestants et les catholiques. En Europe,  protestants et catholiques se sont entre-tués pendant la guerre de Trente Ans.   

Rien ne peut  être plus contraire à ce qu'un chrétien est censé faire. Nous sommes tous, bien sûr, des pêcheurs, indignes de la gloire de Dieu. Mais notre imperfection ne nous relève pas de notre obligation de rendre gloire à Dieu en toutes choses. L’église moderne, par exemple, néglige presque tout le côté pratique du christianisme – le partage avec les pauvres, le secours des sans-logis, et ainsi de suite.  L’accent est  mis plutôt sur la prière, la vie spirituelle et la théologie. Cela est bien et a sa place en temps et lieu. Mais il y a un autre aspect du christianisme, une vie centrée sur le Christ.  

Ces gestes chrétiens, ces sacrifices à la faveur du prochain rendent gloire à Dieu. Aussi, ils correspondent, du moins superficiellement, à certains aspects du communisme. Dan Baughman,  s’est interrogé sur la nature du communisme chrétien. Il a un point de vue  intéressant. 

Laissez-moi l’élaborer un peu mieux. Je crois que l’une des meilleures armes de Satan dans sa lutte pour  nous démoraliser et nous faire du mal est la déformation de la vérité. Le cas de l’intégrisme islamiste est un exemple on ne peut plus claire. Une bonne chose comme  la prière assidue et l’accent mis sur la piété est pervertie par un système de contrôle et d’abus. Le bon concept  comme la croyance en quelque chose de plus grand que soi  est manipulé pour justifier des attentats-suicides.

Je crois que cela s’applique aussi au communisme.  Les Actes des Apôtres nous révèlent que les premiers chrétiens vivaient en communauté. Je ne dis pas que cela est réalisable aujourd’hui (peut-être que oui), mais je reconnais que le principe du don gratuit, du partage de tous ce qu’ils avaient avec les autres membres du groupe, étaient de bons principes. Il y avait peu de misère parmi eux, les besoins étant comblés par la collectivité. Voir Actes 2 :44-47: « Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. Jour après jour, d’un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. . Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple ».  

 Il y a  des leçons là dedans, des leçons que plusieurs d’entre nous, au XXIe siècle, semblons avoir oubliées. Une de ces leçons est que pas tous les aspects du communisme, ou la vie en communauté, sont mauvais.  Le XXe siècle  nous a montré les revers  des « communes » – ce que j’adore nommer une dévotion sans Dieu. Lorsqu’une chose comme le partage ou la vie de sacrifice est imposée par la force (comme le cas de l’État  communiste), cela est évidemment un mal. Je n’essaie  pas de vous convertir  au mouvement libertaire, mais de faire valoir mon point de vue. Le modèle soviétique (et maoïste, du Khmer Rouge, du Kim Il-Sung, etc.) de la « vie commune » est, sans aucun doute, une parodie des principes bibliques du sacrifice  par amour de l’autre.

Je suis un des rares dans mon entourage à avoir étudié l’histoire soviétique. Nous n’avions pas ici affaire à  un régime bienveillant ni à un bon exemple de l’exercice de l’autorité comme celle-ci devrait être. En fait, la lecture du livre Tortured for Christ m’a fait prendre conscience  jusqu’à quel point le mal était profond en URSS et  combien peu les Américains ont voulu faire pour secourir ceux en péril de mort.    

Je pense que comme plusieurs choses maléfiques, le communisme est une déformation d’une bonne chose. D’après les Actes des Apôtres, les premiers chrétiens, à toute fin pratique, vivent dans des communes, selon les circonstances. Ils partagent tous ce qu’ils ont avec tous ceux et celles qu’ils connaissent et ensemble ils adorent Dieu. Ce communisme paraît peut-être un peu trop pastoral et sentimental pour notre âge cynique, mais il  a existé. J’adore ce communisme d’adhésion libre.

Ce que Marx souhaitait est absolument hors des limites du possible pour le genre humain. Son « État utopique » semble avoir été inspiré des Actes des Apôtres. Il dépeint un portrait biblique d’une vie ayant évacué Dieu et la Bible.  En effet,  Dieu nous invite aussi à aller au-delà de nos pulsions humaines.  Les humains ont tendance à être égoïstes, intéressés, orgueilleux, arrogants et insensibles. Dieu nous implore constamment de vivre autrement.  

Je ne tolérerai pas qu’on dise que je suis en train de vouloir comparer Karl Marx à Dieu. Je considère en fait, qu’ils sont presque opposés.  C’est que,  comme je l’ai dit tantôt avec verve, je crois que le communisme marxiste est une déformation maléfique d’une vie en communauté d’inspiration divine. Marx souhaite une vie désintéressée, mais imposée par le fusil et il accorde très peu de valeur à la vie humaine (imaginez la vie selon le plus petit dénominateur commun). Dieu veut une vie généreuse qui découle de l’amour et de  la compassion, et il considère toute vie comme une chose précieuse à protéger (la vie selon le plus grand dénominateur commun).  

Il se peut que le projet de Parti communiste chrétien mis de l’avant par Baughman soit du tape-à-l’œil. C’est à vrai dire ce que je pense. Mais son argument veut que la façon de faire américaine est tout aussi déshumanisante que la façon de faire des Soviets, (sans trop préciser en détail ce qu’il veut dire par cela). Le mode de vie américain (à ne pas confondre avec l' American Life de Madonna) offre beaucoup de liberté, mais il peut nous enchaîner dans le métro-boulot-dodo de la surconsommation.

Même si je me sens contrarié de le dire, je crois que la  chrétienté en occident  a besoin  d’une  Révolution, une rupture d’avec les millénaires de dogmes et de guerres théocratiques, un rejet complet des règles et manigances qui ont germées au cœur de  la tradition. Le groupe Switchfoot a déjà chanté : L’amour est un mouvement, l’amour est une  Révolution.  

 Je crois sincèrement que dans un sens l’amour du Christ est une révolution. Cette révolution  n’a rien à voir avec la violence politique et sociale, et la décapitation. Elle est simple  rupture avec l’ancienne façon de voir les choses,  et  d'aimer son  prochain.  Est-t-elle une révolution communiste? Je n’irais pas si loin. Corinthiens 13 :13 dit : Bref, la foi, l’espérance et l’amour demeurent toutes les trois, mais la plus grande d’entre elles, c’est l’amour.  Il serait bon que nos vies soient baignées d’un peu plus d’amour.  

 Si j’avais à créer un Parti communiste chrétien, son mot d’ordre serait : « Toujours plus d’amour », faisant allusion à Jean 15:13:"Il n'est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis".  Avoir à cœur une telle révolution vaut la peine.

 Joshua Foust
Jeune universitaire américain, étudiant à l’université du Colorado à Boulder en science politique et relation internationale.

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Commentaires
L
- Si K. Marx est un chrétien beaucoup plus orthodoxe que Benoît XVI, c'est parce qu'il est quasiment pur de toute doctrine sociale. Jésus-Christ, au grand dam des Juifs, affiche son mépris de l'anthropologie, c'est-à-dire de toutes les institutions humaines : mariage, impôts, justice, rituels, prescriptions morales, etc.<br /> - Or le lecteur attentif de Marx peut constater que Marx n'est pas socialiste ; c'est Lénine qui l'est, et encore faut-il ajouter que Lénine a admis noir sur blanc l'échec de cette étape transitoire vers le communisme pur et qu'elle n'a fait qu'engendrer une nouvelle religion d'Etat, qu'il compare au christianisme dévoyé du XVIIe siècle, à la solde des rois. Lénine a compris que le bolchevisme est devenu un ordre moral populaire nouveau (comme le nazisme), et qu'il n'y a rien chez Marx pour fonder une morale nouvelle. Lénine est assez anarchiste pour affirmer que l'existence d'institutions étatiques suffit à prouver l'aliénation et l'oppression.<br /> Je demande : comment un penseur, Marx, peut être dit "socialiste" quand il opère la critique la plus rigoureuse après Shakespeare de cette matière qui est la vraie religion des Allemands ou des Yankees, à savoir le droit, démontrant qu'il ne peut y avoir d'évolution juridique que vers la bestialité, au contraire de la philosophie nazie de Hegel, quasiment "égyptienne", qui fait de la morale et du droit les moteurs du progrès.<br /> - Le chrétien comprendra aisément qu'il n'y a pas d'utopie étatique ou politique chez Marx, qui n'est pas un apôtre du bonheur totalitaire, tout comme il ne faut pas s'attendre à une Eglise chrétienne unie sur la terre. L'idéologie d'une Eglise unie sur terre n'a aucun fondement évangélique : c'est le produit d'une spéculation juridique.<br /> - Plaquer une doctrine sociale sur le christianisme comme fait Benoît XVI, outre la tartufferie du procédé, revient à l'abaisser en-dessous de l'art. Car l'artiste qui intègre une préoccupation sociale à son art sait qu'il l'abaisse au niveau de la culture ; il devra pour satisfaire aux exigences d'une culture racornie comme peau de chagrin, produire de la merde ou de la charogne, quelque chose qui reflète son époque et en quoi elle peut s'identifier (Ce sont d'ailleurs aujourd'hui les banquiers les plus grands artistes, dont l'art abstrait est le plus convaincant et riche en émotion, de même que, sur le plan social, le plus universel.)
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