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7 mai 2014

L'Europe américaine

L'Europe de Maastricht est une Europe américaine.
A trois reprises la même formule le proclame dans le texte [du traité de Maastricht, ndlr]:

"L'objectif (du traité) est de développer l'Union Européenne occidentale (U.E.O.) en tant que moyen de renforcer le pilier européen de l'Alliance Atlantique." (Déclaration sur l'U.E.O. B.4)

Pour que nul ne se trompe sur cette vassalité d'une Europe américaine, il est précisé dans la Déclaration I, que l'éventuelle défense commune devra être " compatible avec celle de l'Alliance Atlantique " (paragraphe I) qu'elle doit se tenir " dans le Cadre de l'U.E.O. et de l'Alliance Atlantique " et que "l'Alliance restera le forum essentiel de consultation " (B, 4).
Il ne s'agit donc pas de faire le poids, mais de n'être qu'une composante de la politique étrangère américaine.
L'Europe de Maastricht se situe dans le contexte de la politique de domination mondiale des Etats-Unis.
Le 8 mars 1992, le New-York Times publiait un document émanant du Pentagone. L'on pouvait y lire:

"Le département de la Défense affirme que la mission politique et militaire des Etats-Unis, dans la période de l'après guerre froide, sera de s'assurer qu'il ne soit permis à aucune superpuissance rivale d'émerger en Europe occidentale, en Asie, ou sur le territoire de la C.E.I.
La mission des Etats-Unis sera de convaincre les rivaux éventuels qu'ils n'ont pas besoin d'aspirer à un rôle plus important ni d'adopter une position plus agressive, les dissuader de défier notre suprématie ou de chercher à renverser l'ordre politique et économique établi"

Ce rapport souligne l'importance du "sentiment que l'ordre mondial est en fin de compte soutenu par les Etats-Unis," et dessine un monde où existe un pouvoir militaire dominant, dont les chefs "doivent maintenir les dispositifs qui ont pour but de décourager des concurrents éventuels qui aspireraient à un rôle régional ou mondial plus important."

"Nous devons chercher à empêcher l'apparition de systèmes de sécurité exclusivement européens, qui mineraient l'OTAN." (International Herald Tribune, 9 mars 1992).

Dans l'acte final de la conférence de Maastricht, la Déclaration sur les rapports avec L'Alliance Atlantique ne laisse aucun doute à ce sujet: "L'Union européenne agira en conformité avec les dispositions adoptées dans L'Alliance Atlantique."
Le traité préconisant que les institutions européennes mettent en oeuvre une politique commune pour "tous les domaines de la politique étrangère", cela signifie " à la lettre, écrit Paul Marie de la Gorce, directeur de la Revue de Défense Nationale, qu'il n'y aura plus du tout de politique nationale ". Cette disposition figure en tête de l'article J.1, du titre V et aussi dans l'article J. 4.
Il est donc bien clair qu'il s'agit d'une Europe américaine.
Il en est de même de la politique économique et sociale et de la politique tout court.
De même que Bush a lancé en l991 l'initiative d'un marché unique de toutes les Amériques de l'Alaska à la Terre de feu de même qu'il a notifié au président du Sénégal Abdou Diouf, la volonté américaine d'une unification économique rapide de l'Afrique, de même le président Reagan, dès le 8 mai 1985 appelait à "élargir l'unification européenne pour qu'elle aille de Lisbonne jusqu'à l'intérieur du territoire soviétique", Georges Bush s'est félicité des décisions historiques prises à Maastricht: "Une Europe plus unie, dit-il, donne aux Etats-Unis un partenaire plus efficace, prêt à assumer de plus grandes responsabilités." Clinton, en 1998, salue avec enthousiasme la création de l'Euro.
Maastricht signifie un ralliement total, et en principe définitif, à une économie de marché sans limite.
Valéry Giscard d'Estaing, dit à TF1, le 4 juin 1993, qu'avec l'application de Maastricht il n'y aurait plus de nationalisations possibles en vertu des articles 102 A assorti de surveillance et de sanctions (art. 104 C).
Même un économiste fort loin d'être hostile à ce marché sans limite du capitalisme libéral, écrit "Le problème est de savoir si ce choix doit être imposé par un Traité sur lequel, en principe, personne ne pourra revenir, et si les peuples doivent ainsi se voir interdire toute autre option."
L'article J.3 stipule expressément cette interdiction de revenir sur les décisions.
Robert Pelletier, ancien Directeur général des services économiques du CNPF et membre du Comité économique et social de la CEE au titre du patronat, trace les projections suivantes (Le Monde du 23 juin 1992): en Espagne, d'ici à 1997, poussée du chômage de 16 % à 19 %, en Italie, "explosion sans exemple historique du chômage"; "calculs qui donnent le vertige" pour la Grèce et le Portugal. Quant aux français, "on ne pourra pas leur dissimuler trop longtemps que la politique induite par Maastricht, sous des couleurs libérales de retour à l'économie de marché, est, en fait, le modèle le plus authentiquement réactionnaire de ces soixante dernières années."
Ainsi intégrée au marché mondial dominé par les Etats-Unis, l'Europe livre son agriculture, son industrie, son commerce, son cinéma et sa culture entière, aux règles du libre échange dont un économiste aussi prudent que Maurice Allais dit clairement "J'exclurais, au moins pour l'avenir prévisible, toute orientation vers un libre- échange mondial, comme c'est la tendance actuelle."

Roger Garaudy, L'avenir, mode d'emploi, Editions Vent du Large, Paris, 1998, pages 52 à 55

Article à lire en entier à: http://rogergaraudy.blogspot.fr/2010/09/leurope-vassale.html

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Commentaires
H
J'ai passé ma journée en pensée avec vous. Ne vous inquiétez pas ! Beaucoup pensent qu'on peut normer, formater, les vivants ! Mais "il n'appartient pas à l'homme de diriger ses pas" dit la bible. Le Vivant peut encore moins être formaté. <br /> <br /> Regardez ce qui s'est passé avec les Suisses et leur votation pour un quota d'étrangers. Tout est bousculé, dérangé. Non, on ne peut rien prévoir. Faire confiance c'est tout.
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H
L'Europe est au programme de la Fabrique de l'Histoire actuellement. Vous verrez que cette idée d'Europe va mettre des siècles à se cristalliser. Les Etatsuniens sont des émigrés(je parle des Wasp) qui se souviennent de leurs racines européennes et nomment la terre des ancêtres plus facilement que les autochtones eux-mêmes. Mais l'esprit qui se développe sur terre américaine ne convient pas aux âmes sensibles et complexes. Lui (l'esprit américain) réduit à des chiffres la complexité du vivant, alors que l'européen aspire à la poésie. De plus, on n'est pas encore d'accord sur la définition de l'économie, la conception de l'être humain, si l'histoire, c'est aussi l'évolution? il semble que cet esprit positif, utilitaire, ou utilitariste, tranche dans notre "vivre-ensemble" comme un couteau ou empoisonne, intoxique, asphyxie inexorablement le corps social.<br /> <br /> Mais comme je suis inconsciente et que je n'ai peur de rien, je me dis que notre imagination nous a peut-être fait croire à la politique, peut-être fait croire à l'économie. Et puisque je suis vivante, je vais définir moi-même ce qu'est l'économie pour les vivants : un système d'échanges qui intègre tout nouvel arrivant et répartit les ressources en fonction des besoins dans le temps et dans l'espace; quant à la politique je la laisse aux primates. <br /> <br /> Et vous constaterez qu'on vit très bien sans chef. Ce n'est pas que nous vivons sans maître et sans loi, non, mais nous avons découvert que nous ne pouvions nous passer les uns des autres. Et donc, puisqu'il faut admettre cette réalité: je vis "pour autrui" et non pour moi comme on veut me le faire croire, ce n'est pas les décisions qui importent mais l'écoute et ma mise au service pour autrui. OH, LA! me direz-vous, où allez-vous ? Mon bon monsieur, j'ai envie d'être heureuse et j'ai découvert que se mettre au service les uns des autres était infiniment plus enrichissant que d'imposer son point de vue à autrui. Alors, si vous voulez bien, laissez-moi passer, je vais mon chemin. Traderidera, tralala.
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H
Puisque les traités nous lient aux USA, il doit être possible de faire payer les USA pour tous les dommages encourus. S'ils veulent être les chefs, alors qu'ils assument : la dégradation des biotopes, l'indigence des médias, la stérilité des intellectuels, le terrorisme, .... .<br /> <br /> J'aime mieux me passer d'eux, je préfère me débrouiller sans eux. Et si par bonheur l'homme est totalement impuissant à orienter le monde, ce dont je ne doute pas, et bien tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles
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