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26 avril 2010

La face cachée du voile intégral, par Jean Lévy

 

      

Ainsi, Nicolas Sarkozy déclare la guerre totale à la « burqa ».
Il décide même que la loi sera examinée « en urgence » dès le mois de mai par les Assemblées…  

La « burqa » serait, dit-il, « une atteinte intolérable à la dignité féminine ».    

Les médias aux ordres et la majorité, se réjouissent de cette décision présidentielle (les lois sont-elles maintenant décidées à l’Elysée ?). Elle aurait été prise, dit-on, « pour protéger les femmes ». La sous-ministre Amara et son ancienne organisation « Ni putes, ni soumises » tressent des couronnes de fleurs à notre auguste président.

      

     

Plus détonnant, dans ce concert de louanges, celles du député communiste André Gerin. Certes, on savait sa répulsion pour toute forme de communautarisme, qui l’avait conduit à signer une préface d’un livre écrit par le député UMP de droite extrême, élu de Montfermeil, Eric Raoult, mais de là à encenser Sarkozy !  

    

     

Moins étonnante, l’adhésion du socialiste Manuel Valls, toujours favorable aux mesures les plus droitières et les plus ultralibérales, prises par le pouvoir.  

 

     

Mais pourquoi cette précipitation présidentielle, alors que le Conseil d’Etat, qui n’est pas composé de « barbus » intégristes, a émis d’amples réserves quant à l’interdiction du voile intégral dans tout l’espace public.  

    

     

Les raisons invoquées en haut lieu ne tiennent pas la route.  

 

Le chanoine d’honneur de Saint-Jean de Latran, par ailleurs président de la République, n’est guère qualifié pour donner des  leçons de « laïcité ». Ses propos méprisants à l’égard des instituteurs, moins aptes, selon lui, à faire la morale que les  curés, et surtout sa propension à inonder l’école dite « libre » de ses dispendieux cadeaux, ne font pas de Nicolas Sarkozy, l’expert in contesté de la laïcité.  

    

     

D’ailleurs, lui et les partisans de l’interdiction de la « burqa » répètent à loisir que la religion n’est pas en cause, seul « le droit des femmes », est mis en péril par le voile intégral.  

 

  Et bien parlons-en du « droit des femmes » dans notre société !  

    

     

  Faut-il rappeler les discriminations dont sont victimes les salariées dans les entreprises, privées comme d’Etat, en matière de qualification, de rémunération, de promotion ?  

 

Les patrons et les politiques nous renvoient à une affaire « d’état d’esprit », déplorable certes, mais ancrée dans l’opinion et « qu’il est difficile d’en sortir ».  Ces messieurs nous serinent la même chanson depuis un demi-siècle, comme si, en matière de rémunérations, ils n’étaient pas les seuls décideurs !  

    

     

  Faut-il rappeler que les « congés de maternité » sont opposés aux mères qui travaillent, comme un handicap pour leurs carrières, et souvent motif de licenciement. Sans que le pouvoir intervienne : « les patrons sont maîtres dans leurs entreprises ». Et celles-ci ne sont pas « un espace public »  

    

     

Pas question là de faire appel à la protection de « la liberté des femmes ».  

 

On pourrait parler des crèches qui manquent cruellement, du chemin de croix des femmes, qui se lèvent dès l’aube pour revenir, tard le soir du travail, pour un salaire dérisoire, et qui sont les premières à être licenciées, après avoir laissé leur santé à l’entreprise.  

 

C’est la loi du marché, nous dira-t-on. Et il faut respecter la loi.  

 

Peu importe la dignité, la liberté des femmes en régime capitaliste.  

 

Et ce sont les mêmes qui s’indignent de la « burqa », la prison du vêtement, disent-ils, les hypocrites !  

 

  En fait, l’offensive du pouvoir vise bien d’autres choses. Elle s’insère dans une politique globale remise au goût du jour à la suite des résultats calamiteux de Nicolas Sarkozy et de son UMP aux élections régionales. Le président veut regagner les voix du Front National, perdues lors du dernier scrutin.  

 

  Et tout lui est bon pour atteindre ce but.  

 

  La « burqa » donc, mais aussi l’installation fixe de policiers dans les écoles, la suppression des allocations familiales en cas d’absences scolaires répétées, pour ne parler que des dernières mesures annoncées.

   

     

  Ne nous « voilons pas la face », sous la « burqa », il y a la  face cachée du  président !  

[http://canempechepasnicolas.over-blog.com/]

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Commentaires
Y
Je ne connais pas Jean Lévy mais, de toute évidence, ce n’est pas la rigueur intellectuelle ni le sens de la nuance qui guident sa pensée. <br /> <br /> Pour lui, l’ennemi, c’est le capitalisme et le président Sarkozy. Il n’a pas tort. De là à considérer que tout ce qui vient de lui n’a pour but que de renforcer son assise électorale et d’asseoir un peu plus le capitalisme, il y a un simplisme du même ordre que celui qu’il prétend dénoncer.<br /> <br /> En fait, ce qui lui tient de pensée consiste à mettre dans le camp de la « droite extrême » et du capitalisme dur tous ceux qui ne pensent pas comme lui sur le voile intégral. Si, sur ce sujet, on se montre quelque peu d’accord avec le gouvernement, c’est qu’on encense le président Sarkozy, donc qu’on est de droite, donc qu’on est d’accord avec l’exploitation des femmes qui usent leur santé pour des salaires de misère. C’est intéressant. Ça rappelle furieusement le discours des étudiants communistes qui traitaient les trotskistes de « nervis giscardiens ». <br /> <br /> Inversement, les progressistes approuvent le port du masque intégral pour les musulmanes. Que toutes les femmes portent le masque et elles ne seront plus exploitées par le capitalisme. Il fallait y penser et Jean Lévy l’a fait. Rendons-lui grâce.<br /> <br /> Maintenant, il s’en prend à Fadela Amara qualifiée de « sous-ministre ». Pourtant, en tant que femme et en tant que musulmane, il me semble qu’elle a voix au chapitre et qu’elle sait un peu mieux que lui de quoi elle parle. Bien sûr, quand on est un homme et qu’on n’est pas musulman, on peut approuver que des femmes portent le voile intégral puisqu’on ne sera jamais concerné. Seulement, Fadela Amara s’est levée, il y a plusieurs années, dans un milieu hostile et a crié bien fort que l’alternative pour les femmes n’est pas entre la soumission et la prostitution d’où le nom provocateur de « Ni putes, ni soumises ». Elle s’est levée contre la dictature de certains hommes qui forcent les femmes à s’habiller comme ils le veulent eux, et à leur obéir en tout point. Elle s’est élevée, dans un milieu hostile contre les insultes envers les femmes qui refusent cette soumission au risque de se faire traiter de putains. Son combat n’est pas facile. Ce n’est pas un débat de salon ou de sa version moderne par l’Internent. C’est un combat bien réel dans des milieux minoritaires mais bien réels. C’est un combat contre la frustration des hommes qui ne trouvent pas leur place dans la société et qui ne supportent pas que les femmes de leur milieu la trouvent et s’en sortent mieux qu’eux. Le combat contre le voile intégral, c’est le combat de la réussite des femmes contre la phallocratie décadente. <br /> <br /> On peut comprendre que c’est dur pour des hommes qui se croient supérieurs en tout de se voir dépassés par des femmes et de devoir obéir à leur autorité légale. On peut comprendre qu’ils réagissent et entendent lutter contre toutes les lois qui permettent aux femmes de se passer de leur protection. Néanmoins, ce n’est pas en flattant la frustration d’une minorité d’hommes musulmans que le problème sera réglé. Ce n’est pas en acceptant que des femmes ne sortent que voilée de pied en cap que les choses vont s’améliorer et que la crise va s’estomper et les places en crèches vont se multiplier. Au contraire, la logique du masque intégral conduit à confiner les femmes à la maison pour garder leurs enfants.<br /> <br /> Enfin, ce n’est pas parce qu’on défend la dignité des musulmanes et qu’on défend les valeurs de notre société laïque que l’on approuve la politique de la droite et le système capitaliste. Cet amalgame n’est pas un simple délire intellectuel. Il fait des victimes et ce sont encore une fois les femmes.
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